Transformer
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Transformer

Album de Lou Reed (1972)

Et voilà, ça commence, les idoles tombent. C'est moche, c'est inévitable, c'est statistique. 71 ans, avec de tels antécédents c'est même pas si mal. Ca fait un moment que je me tâtais à écrire une critique sur cet album qui, comme vous pouvez le voir plus haut, est l'un de mes tous préférés. J'étais sans doute un peu intimidé par la tâche, j'ai remis plusieurs fois l'ouvrage sur le métier mais bon. Voilà, maintenant que je m'y mets je vais passer pour un vautour.

J'ai découvert Lou Reed (découvert comme Christophe Colomb et l'Amérique, après tout le monde) à l'époque où je commençais tout juste à écouter David Bowie et Iggy Pop, ça tombait plutôt bien. Un ami m'avait prêté l'album, je ne lui ai jamais rendu car il me l'a finalement offert en voyant mon enthousiasme au sujet de ce "Transformer". Déjà, en ouvrant le livret, je suis tombé sur cette photo, sorte de Sainte Trinité personnelle, je n'osais pas en croire mes yeux : Bowie/Iggy/Lou Reed bras dessus bras dessous !
Autant dire que ça ne pouvait décemment pas ne pas me plaire !

Evidemment, je connaissais les "Perfect Day" et "Walk on the Wild Side" mais je ne m'attendais sûrement pas à me retrouver face à un album comportant au moins 9 autres titres de la même force. "Vicious" soufflé par Andy Warhol, "Andy's Chest" et ses paroles délirantes, "Hangin' Round" qui marie le Velvet Underground au glam-rock, "Make Up" et son ironie affectueuse, le superbe "Sattelite of Love" et ses choeurs par Bowie, "Wagon Wheel" tour à tour enlevée et fatiguée, "New York Telephone Conversation" en forme de ritournelle mordante, "I'm So Free" endiablée (où on croirait entendre "Anne Sophie" mais en fait non) et enfin l'éthylique "Good Night Ladies" au parfum de cabaret à la fermeture imminente.
Tous ces morceaux sont gravé dans ma tête à tel point que j'en connais chaque note par coeur, je les ai tant écoutés et ils m'accompagnent depuis des années maintenant (au moins 18 ans hein) sans que je ne m'en sois lassé une seule fois. L'alchimie Bowie/Reed fonctionne à merveille, Lou Reed, sa voix si singulière, ses textes sombres et réalistes épousent le style glam d'un Bowie tout fraîchement starisé pour accoucher d'un des meilleurs albums qui soient, que dire d'autre ?
Alors je l'ai écouté en boucle, m'émerveillant des mots, si précisément choisis, ou si audacieusement assemblés. Je l'écoutais en dessinant les personnages d'une BD qui allait un jour devenir un monument (aux dernières nouvelles ce jour n'est pas venu), en lisant ou, simplement, en étant allongé sur la moquette de ma chambre bordélique de jeune plus ou moins désoeuvré. Pas besoin de grand chose de plus pour se laisser porter par la beauté hallucinante de ce "Perfect Day" qui n'est pas loin d'être une perfect song et je n'étais même pas fan de "Trainspotting" alors que c'était pile l'époque où j'ai dû tomber sur l'album (sans doute que l'ami qui me l'a offert devait avoir découvert la chose grâce au film qu'il adorait, faudrait lui demander, c'est possible). Même combat avec "Walk on the Wild Side", déjà connue mais magnifiée par l'ensemble de l'album dans lequel elle s'inclut.
"Transformer" n'est même pas un album prétentieux, accessible et pourtant incroyablement intelligent, il constitue pour moi plus qu'un album, c'est un pan de ma vie, une période d'errance musicale (mais pas que musicale), le début de l'âge adulte et le moment où j'ai l'impression d'avoir forgé ma personnalité. Je suis content d'avoir eu des albums comme celui ci pour graver une bande son mentale de ma modeste vie.

Ca ne me rend que plus triste depuis ce 27 octobre 2013.

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le 30 juin 2022

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I Reverend

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