Un jour, j'aurai vu tous les films de vampires. Ah "Le Bal des Vampires" ! Ca me ramène à une joyeuse époque, celle où débuta mon amour immodéré des vampires, celle où, usant les genoux de mon jean je piochais sur le plateau inférieur de la table basse du salon le précieux programme télé pour guetter le jour où passerait le film. C'était souvent durant la période de Noël, les pages du 25 étaient encadrées d'or et celles du 31 d'argent, c'était vraiment la fête chez "Télé Star". Je devais avoir 8 ou 9 ans pas plus la première fois que je l'ai vu et j'ai manqué quelques subtilités, je n'avais pas compris que c'était un film drôle par exemple, je n'avais perçu aucune allusion sexuelle, et j'avais tout pris au 1er degré. Heureusement, les diffuseurs étaient généreux, et presque tous les ans FR3, puis France 3, puis soudain Arte, y sont allés de leur "Bal des Vampires" sitôt venue la période des fêtes. Je l'ai vu chaque fois que j'ai pu, comprenant de mieux en mieux ce dont il s'agissait à mesure des visionnages, jusqu'à ce que ce film devienne ma tradition de Noël une fois adulte.


Cette année, point de dérogation, même si je l'ai revu un peu avant la date fatidique, et cette fois encore je ne l'ai pas regretté. Il faut dire que ce film avait de bonnes raisons de me plaire : L'atmosphère de film de la Hammer aux couleurs très contrastées malgré un éclairage restreint, la présence d'un quasi-dracula , le Comte Von Krolock incarné par un Ferdy Mayne très Christopher Leèsque (néologisme de haute volée), la neige, les décors intérieurs chargés de détails qui les rendent particulièrement vivants, je pense à l'auberge particulièrement et ses saucissons pendus au plafond, le comique duo de chasseurs de vampires digne d'un film muet avec le maladroit Professeur Abronsius et son non moins maladroit disciple Alfred (respectivement le génial Jack McGowran et Roman Polanski)... Et surtout Sharon Tate incarnant Sarah, la malheureuse fille de l'aubergiste au rôle de fausse ingénue, volontairement potiche mais dont la beauté est à se damner, elle, déjà tout petit j'avais compris !


L'histoire est tout ce qu'il y a de plus classique quand il s'agit de vampires, mais les personnages qui y évoluent la rendent particulièrement drôle et attachante. Les deux chasseurs de vampires sont d'une telle incompétence que la moindre tâche devient particulièrement laborieuse, même quand ils ne sont pas encore directement confrontés au danger. Alfred est d'une stupidité désarmante, réhaussée par un costume romantique ridicule. Son maître ne vaut guère plus, ses répliques qu'il entend pleines de bon sens sont toujours à côté de la plaque (quand elles ne l'exposent pas à la colère de ses interlocuteurs cf : la dangeureuse femme de l'aubergiste) "un château sans crypte, voyons, c'est comme une licorne sans corne !" Et que dire du fils du Comte, Herbert Von Krolock, prototype caricatural du vampire maniéré comme on en verra des tonnes bien plus premier degré au cours des années à venir ? Son coup de foudre non partagé avec Alfred n'a rien de subtil mais reste mémorable ! Je n'ai cessé de penser à lui durant tout "Entretien avec un Vampire", c'est dire ! L'aubergiste, l'inévitable bossu, et les multiples specimens de vampires décatis qui peuplent la fantastique et hilarante scène du bal complètent un tableau magistral inoubliable et, je le disais, haut en couleurs.


Je vois parfaitement les défauts de ce film, mais ils s'effacent face à son efficacité et, j'en conviens, au facteur souvenir d'enfance qui lui est indissociable pour moi. La musique suffit à me reconduire à cette époque, où, sachant pourtant déjà que le Père Noël n'éxistait pas, j'espèrais tout de même que Dracula lui, résidait bel et bien encore en Transylvanie.

I-Reverend
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le 6 janv. 2014

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I Reverend

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