Homogenic
7.7
Homogenic

Album de Björk (1997)

Björk est la quintessence des prodiges musicaux.
Malgré son attitude ludique et enfantine, Björk n'est pas seulement une enfant qui joue avec ses tout nouveaux jouets. C'est un génie musical. Tout, des percussions syncopées à la beauté lyrique de ses paroles, a prouvé que Björk était l'une des principales forces porteuses du drapeau créatif vers de nouveaux sommets.


Après POST (1995), on aurait peut-être sauté à la conclusion prématurée que Björk avait sorti son meilleur album. Comment quelqu'un peut-il surpasser un album aussi acclamé par la critique? Et bien, avec le recul, dire que POST était son meilleur album était une conclusion hâtive.
Oui, la musique sur POST était incroyablement originale et il peut sembler qu'il ne restait plus de progressions d'accords à entendre, mais Björk a une fois de plus prouvé qu'une musique complètement originale peut encore être créée sur HOMOGENIC.


HOMOGENIC est peut-être le geste le plus audacieux de Bjork dans une carrière remplie de prouesses. Une série de méditations sur l'amour et ses déficiences, il ne vise rien de moins que la création d'un nouvel hybride. Sur environ la moitié de l'album, elle et le coproducteur Mark Bell (du groupe d'électronique britannique LFO) prennent deux genres apparemment incompatibles - électro et classique - et les soudent ensemble.


Pendant les 30 premières minutes environ, l'effet est fascinant. Les cinq chansons qui composent cette partie du disque ondulent avec une mélodie à couper le souffle et éblouissent avec de nouveaux sons juteux.


L'ouverture "Hunter" est une annonce étrange, une dispersion de claviers et de bass qui inaugurent des cordes errantes et fantasmagoriques.


Ces cordes gonflant de manière luxuriante autour de Bjork alors qu'elle chante un épique "State of emergency..." sur la seconde piste "Joga", nous emportent, nous saisissent et ne nous relâcheront pas jusqu'à la fin de l'album.


"Unravel" est un morceau beaucoup plus abandonné que les deux premiers, faisant ressortir des sonorités plus sombres et c'est certainement le morceau de Björk le plus lent auquel je puisse penser. La production est incroyable, les couches vocales, le clavier de fin, une chanson terriblement triste.


Maintenant, "Bachelorette" est définitivement l'une des plus grandes chansons jamais écrites, point final. Cette fusion parfaite entre le rythme trip hop avec un arrangement orchestral complet, le piano basse fréquence qui précède les premiers mots de Bjork : "I'm a fountain of blood, In the shape of a girl" et, surtout, la façon dont les cordes entrent juste après que Björk chante "I'm your one way street" me déchire à chaque fois le cœur à cause de sa beauté, avec les paroles soulignant encore plus la situation désastreuse que Björk illustre, et finalement la fin étant juste un accordéon comme si vous descendiez du royaume céleste de Björk et vous vous retrouvez dans votre canapé, sonné. Un monument.


"All Neon Like" a probablement les beats les plus contagieux de l'album où il sonne comme un 808 déformé mélangé avec une influence jungle / Drum &Bass, et tout cela est introduit dans un paysage sonore presque cristallin qui se sent revigorant et réconfortant.


"5 Years" a un rythme similaire à "All Neon Like" mais, au niveau des paroles, Björk est un peu plus conflictuelle que réconfortante en s'adressant à un ex, lui reprochant sa non-implication, Bjork, rageuse, saisit par sa voix impliquée. Pour moi, c'est probablement l'un des morceaux les plus sous-estimés de l'album.


Les mélodies célestes de "Immature" en font une chanson hypnotique et surtout contemplative. Le rythme pousse à l'introspection, les paroles aidant ce sentiment.


"Alarm Call" a le rythme plus hip-hop / dance pop des années 90, beaucoup d'énergie inspirée de Michael Jackson (oui, celui de "Dangerous") sur la piste mais ça reste si parfaitement Björk, avec des adlibs ( et oui, déjà) des petits "bip bip, bip bip" sur la piste, ce qui en fait une expérience agréablement amusante et irrésistiblement dansante.


"Pluto" est un autre de mes favoris, avec ce rythme Techno effréné et Björk criant à la fin à se faire exploser la cervelle. Tellement éloigné du reste de l'album, c'est juste un moment étonnant de libération et il n'y a pas grand chose à rajouter. Libérez vous, écoutez "Pluto" à fond.


La clôture de l'album va vous faire léviter. "All Is Full of Love" est une berceuse, intemporelle. Intentionnellement ultra positive, la production d'Howie B est futuriste et humaine à la fois.
On ne peut terminer l'écoute qu'apaisé.


Avec HOMOGENIC", Björk célèbre la différence et met les auditeurs au défi d'explorer les joies de la contradiction avec des oreilles ouvertes et une imagination vive. De plus, elle le fait sans le filet de sécurité des structures de chansons prévisibles. Au lieu de cela, elle offre une ingéniosité avec une touche humaine qui était trop rare dans ces années là.


Cela seul fait d' HOMOGENIC l' un des albums les plus audacieux et les plus excitants de l'histoire.
Tout simplement


9/10

BRKR-Sound
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs albums de trip-hop et Les meilleurs albums de Björk

Créée

le 19 déc. 2020

Critique lue 117 fois

2 j'aime

BRKR Sound

Écrit par

Critique lue 117 fois

2

D'autres avis sur Homogenic

Homogenic
Angeldelinfierno
10

Chasseurs de chimère

Une islandaise ayant les traits d'une asiatique, adepte de mélodies tantôt classieuses, tantôt d'une brutalité autistique mais sans jamais frôler le désagréable, est bien placée pour figurer dans le...

le 26 févr. 2022

14 j'aime

7

Homogenic
Mr_Cooper
8

Björk is full of love.

Une leçon d'anatomie musicale à l'islandaise. Des percussions comme un cœur battant la chamade, Des violons tendus comme des nerfs toujours prêts à se rompre. Quelques vents comme autant de souffles...

le 13 juil. 2012

14 j'aime

Homogenic
SombreLune
1

Philibert c koi qu't écoutes ?

Phillibert, le cousin d'Aldebert mais ça vous vous en foutez, bande de caves !... tranquille peinard, décontracté du slibard ou du gland, tout dépend si vous avez vu les valseuses, les panards...

le 24 nov. 2017

13 j'aime

29

Du même critique

NOT ALL HEROES WEAR CAPES
BRKR-Sound
9

SANS DIRE UN MOT.

Au début du mois d'avril, Metro Boomin a posté une photo sur son Instagram Story avec la légende, "Retired from rap". Pardon?! Le meilleur producteur du game mondial prend sa retraite? Choc. Aucun...

le 3 nov. 2018

24 j'aime

2

Escapades
BRKR-Sound
8

Le voyage d'Augé

Gaspard Augé, connu comme la moitié de Justice, le duo qui a uni le rock et la rave et dont les fracas du dancefloor ont défini une génération, vient tout juste de sortir son premier album solo...

le 25 juin 2021

20 j'aime

3

Mr Sal
BRKR-Sound
3

Un album typique d'une certaine jeunesse.

"Je n’ai pas de stratégie. Je prends le son que j’estime être le mieux pour le public, je le clippe, et je le poste, point. J’ai confiance en mes morceaux, j’y vais" dit Niska sur "les...

le 13 sept. 2019

20 j'aime

2