Les meilleurs films de 2022 selon Flibustier_Grivois

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Le film de l’année 2022 et sans doute bien plus que ça ! Avec sa créativité, sa justesse et son humour qui éclaboussent en permanence, le métrage des Daniels réussit un miracle que l’on n’a plus vu au cinéma depuis des lustres. L’intelligence du propos, la beauté du message et l’incroyable virtuosité technique pour un film fabriqué avec trois bouts de ficelle en font un excellent divertissement, idéal à voir en famille ou entre potes. Les rires fusent, n’empêchant jamais le film d’attendrir, et il subjugue en permanence. Si l’on y ajoute un sens de l’écriture remarquable, une aisance indéniable à jongler avec des concepts complexes et une direction d’acteurs exemplaire, même le spectateur exigeant sera comblé. Concernant l’interprétation, il y a de quoi être étonné par la résurrection artistique de Ke Huy Quan. Jamie Lee Curtis est fantastique, comme souvent. Et que dire de la splendide Michelle Yeoh qui trouve ici le rôle de sa vie. Everything Everywhere All at Once est un chef d’œuvre, un classique instantané et un formidable doigt d’honneur à Disney.

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Avec As Bestas, Sorogoyen livre un presque chef d’œuvre. D’une maîtrise à faire pâlir, le métrage happe le spectateur dès les premières secondes et ne relâchera son emprise qu’avec son générique de fin. Tendu, étouffant, terrifiant, il voit se succéder des scènes longues et haletantes. Si elles sont longues, c’est parce que le film sait laisser les silences s’installer. De ces blancs et non-dits naît la peur, qui laisse rapidement place à la bestialité. L’inexorable descente aux enfers est néanmoins parfaitement jalonnée. L’interprétation et la direction d’acteurs sont époustouflantes. Le quatuor principal fait des merveilles. Ça sonne juste, tout le temps. Le stress est palpable, même chez les acteurs. Marina Foïs est fantastique ; son compère Denis Ménochet l’est tout autant. Mais ce ne serait pas juste de ne pas saluer leurs antagonistes ibériques, formidablement interprétés par Luis Zahera et Diego Anido. Nulle impression de voir des acteurs joués aux paysans, ils sont des paysans. Et quand il s’agit de se défier du regard, aucun de ces quatre là n’échoue. La qualité d’écriture et la mise en scène sont des exemples de virtuosité. Ce ne sont pas quelques plans qui restent en tête après le visionnage, mais des séquences entières qui ont remué les tripes. Une démonstration !

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D’une générosité et d’une virtuosité sans faille, ce métrage d’Hazanavicius fait rire, émeut, éblouit et interpelle. Bien entendu, les premières minutes questionnent. Mais la boucle se met rapidement en place et le spectateur averti comprend rapidement où il est. Le procédé n’est pas forcément novateur, mais la réussite artistique, technique et émotionnelle est totale. Hazanavicius n’a plus rien à prouver, il le sait. Pour autant, il ne se facilite pas la vie et s’offre un petit miracle cinématographique qui parle des miracles cinématographiques (chef d’œuvre et/ou nanars), du cinéma engagé, des emmerdes et défis, des réussites accidentelles et folies improvisées. Le découpage narratif est excellent puisque reposant sur la présentation du résultat avant l’enfer de sa composition. Ce qui sonne faux trouve rapidement son explication, ce qui sonne vrai est réel. Les acteurs jonglent brillamment entre les registres (faux/vrai). A ce jeu-là, Bérénice Bejo est incroyable, même si l’ensemble du casting s’en sort très bien. Avec Coupez !, Hazanavicius envoie un bisou bien baveux à Nanarland et illustre à nouveau sa suprématie sur le reste de la production française.

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Après le succès interplanétaire de La forme de l’eau, la reconnaissance du milieu et l’inévitable chute devant s’ensuivre, Guillermo del Toro a pris un chemin de traverse et délaissé le fantastique qui le caractérisait jusque-là pour s’engouffrer dans le film noir, noir par le genre et par le cynisme, dévorant chaque recoin de la pellicule (sic). A travers la destinée d’un homme mal intentionné (superbe Bradley Cooper) qui abime et sacrifie chaque être qui croise son chemin, mauvais comme bon, Nightmare Alley conjugue les thématiques habituelles de son auteur (figure du père, déterminisme voire destinée, ironie du sort…) et ne se montre jamais arrangeant avec son personnage principal. Au contraire, il est d’une sévérité sans faille avec lui et le couperet ne manque pas de cisailler où il faut. Si le film est long, il ne le semble jamais. La mise en place des personnages et évènements se fait un rythme méticuleux, la maîtrise est sans faille. Que dire de la composition de certains plans qui frise le génie ? Une voiture qui passe sous un pont et le souffle se coupe… Del Toro signe ici un presque chef d’œuvre. Comme de juste, la déception pourrait poindre en considérant ce métrage pour ce qu’il n’est pas, un film de freaks dans un cirque ambulant. Ce serait oublier ce qu’il est, à savoir un spectacle de freaks dans un monde de freaks. Impossible de ne pas citer les prestations de Cate Blanchett, impériale comme toujours, et de l’irrésistible Rooney Mara qui manquait sérieusement au paysage cinématographique depuis quelques années. Un métrage injustement déconsidéré et qui gagnera ses lettres de noblesse dans les années suivant sa sortie.

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Loin de se résumer à une claque visuelle, le métrage de Robert Eggers constitue avant tout une nouvelle itération de réflexion sur la violence et, en particulier, la vengeance. Si la violence à l’écran est loin d’être aussi insupportable que ce que les premières critiques laissaient entendre, il faut reconnaître au film un jusqu’au-boutisme qui pourra déranger certains spectateurs. Mais la mise en images inventive et ingénieuse de certains évènements et concepts suffit à justifier le visionnage, quitte à de légers inconforts selon sa tolérance à la violence. Le jeu puissant et intense des acteurs constitue une réussite, systématiquement à la frontière avec le surjeu, sans jamais franchir la ligne rouge. Eggers a eu les moyens de ses ambitions et régale, même si quelques facilités scénaristiques émaillent le récit. A noter que la morale n’est pas aussi manichéenne que redouté et que, même si le film avait déjà ébloui par ses cadrages et compositions de plans jusque-là, le tout dernier acte est d’une majesté visuelle éblouissante.

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Ce reboot de The Batman s'inscrit dans la continuité des productions inspirées qui concourent à sortir le DCU de l'ornière Snyder. Après le très bon Joker et le surprenant The Suicide Squad, c'est donc au tour de Batou de revenir vaillamment sur les écrans. Et avec Matt Reeves à la barre, ce n'est pas la même limonade. Ambiance dépressive lorgnant allègrement du côté de Se7en et Blade Runner, acteurs plus ou moins prestigieux mais tous investis et raccords avec les personnages qu'ils incarnent, travail sur la lumière magnifiant lesdits personnages et une Gotham qui retrouve son style gothique, un vrai Batman détective, une enquête complexe et interrogeant comme il se doit les travers sociétaux... Presque tout est parfait, jusqu'à l’ambiguïté du personnage principal dans sa manière de flirter avec son code. Reeves signe un véritable monument à la gloire de ce personnage maltraité depuis que Nolan a laissé les manettes. Il n'y a bien que la durée du film qui pourra éprouver certains spectateurs, d'autant que la machine se met à légèrement crachoter dans son dernier segment au moment de recoller toutes les sous-intrigues, rendant peut-être confuse la compréhension des détails. Tout cela est évidemment compensé par une qualité générale d'interprétation proprement excellente, à commencer par Paul Dano qui sait se montrer terrifiant, Zoë Kravitz qui n'est pas réduite à la belle plante verte et qui dispose d'un arc narratif important, propre et bien amené, et évidemment Robert Pattinson en qui personne ne croyait mais qui donne à voir un Bruce Wayne/Batman crédible dans ses tourments et résolu par ses méthodes. Un excellent métrage qui gagnera à être revu. Dommage toutefois qu'il n'y ait pas eu de croisement opéré avec le Joker précité de Todd Phillips, le résultat aurait pu être tonitruant.

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Sans Filtre a valu à Ruben Östlund sa deuxième Palme d'Or et cela peut surprendre, tant le film défonce au bulldozer tout ce qu'incarne le Festival de Cannes, sa croisette bondée de personnalités plus ou moins liées au cinéma durant la quinzaine, ses soirées réservées à l'élite, ses montées de marches en tenues plus ou moins farfelues mais toujours signées par des créateurs préoccupés par la bourgeoisie, ses scandales plus souvent bien préparés qu'impromptus... Pourtant, le visionnage du métrage confirme que le jury ne s'y est pas trompé. Sans Filtre est une charge dénuée de subtilité contre un monde qu'il honnit, de la part d'un artiste qui appartient à ce monde. En bref, en grand traitre qu'il est, Östlund n'y est pas allé de main morte et a dynamité les habitudes et codes bourgeois. Impossible de ne pas jubiler durant la séquence d'ores et déjà culte du dîner du capitaine, qui laisse un mauvais goût dans la gorge voire des sensations d’écœurement. Rien d'étonnant quand on constate avec quelle maestria son dispositif a transformé son spectateur en juge censeur et malsain. Car c'est bien le discours du film : le problème n'est pas seulement que les bourgeois disposent du pouvoir et se roulent dans un océan de médiocrité, c'est que le pouvoir transforme les êtres. La dernière séquence sur la plage, sans doute un peu longue pour son propre bien, est cruciale en ce qu'elle illustre le discours du réalisateur. Le pouvoir transforme ceux qui l'ont, qui qu’ils soient et d’où ils viennent, même si cela doit les conduire aux pires basses alors qu’ils feront tout pour le conserver. Un grand film, drôle et carnassier, aussi inattendu que rafraîchissant !

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Gavras avait déjà montré un intérêt pour les évènements et environnements urbains oppressants, en particulier avec le clip du morceau « Stress » de Justice. Avec Athena, il franchit un palier et nous plonge dans l’enfer d’une banlieue qui bascule. Avec un scénario simple mais pas simpliste, un sens du rythme exemplaire et l’envie de proposer un récit sans concessions, Gavras frôle le sans faute. Tout juste lui reprochera-t-on la bascule non pas improbable mais facile et mal amenée du personnage principal incarné par un excellent Dali Benssalah. Avec une galerie d’illustres inconnus, le réalisateur fait mouche, les dirigeant parfaitement, canalisant leur énergie et évitant systématiquement la caricature du jeune de banlieue juste en colère. Dans Athena, ils sont en rage et il y a bien de quoi les comprendre. Et Sami Slimane propose une partition véritablement marquante, tant la douleur et fureur se lisent sur son visage, dans ses yeux. Il livre une prestation de très haute volée. Des critiques peu éclairées ont pu pointer une nouvelle vision décadente de la cité et on ne pourrait pas être plus éloigné de ce que propose le film de Gavras. Le motif de colère est bien légitime, la source de la violence est clairement identifiée et il ne s’agit pas des jeunes, les habitants de la cité d’Athena aspirent à l’apaisement et montrent tous ou presque un sens de l’entraide. Et comment ne pas évoquer l’éléphant dans le couloir : ce film montre que le cinéma français peut être flamboyant et largement rivaliser avec des grosses productions hollywoodiennes. D’un point de vue technique, le film met un uppercut dès les premières secondes et conservera sa classe jusqu’au final. Une magnifique tragédie (au sens propre) à ne pas rater, pour une fois que Netflix est dans un bon coup.

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Première réalisation et premier gros coup pour Thomas M. Wright qui met en scène une histoire vraie, venue d’Australie, qui avait tous les prérequis pour mériter une adaptation sur écran. Autour d’un dispositif policier complexe et hors normes, Wright conte un jeu de chat et de la souris improbable et puissant. Laissant ses personnages exister, en ce sens qu’il ne cherche pas à imposer un rythme effréné (l’urgence étant absente de l’enquête, elle ne s’imposait naturellement pas), The Stranger est avant tout une démonstration d’interprétation. Si Joel Edgerton incarne magnifiquement un policier impliqué et à la limite du vrillage, que dire de son compère Sean Harris qui donne à son personnage une palette d’émotions bouleversante. Sensibilité, cruauté, angoisse et révérence se succèdent sur son visage, parfois durant la même scène. Une prestation XXL qui mériterait sans doute une récompense. Il manque peut-être à ce film une fin un poil plus marquante, une surprise. Mais tous les ingrédients sont présents pour suivre avec fascination ce dispositif policier improbable, souligné par une mise en scène et un montage réfléchis, qui assurent des révélations au compte-goutte et toujours au bon moment.

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A la fois hommage aux westerns et surtout aux films de monstre/science-fiction de Steven Spielberg (Les Dents de la Mer, Rencontre du Troisième Type ou encore La Guerre des Mondes), Nope n’en oublie pas de dégager une remarquable personnalité. Son réalisateur, peut-être au sommet de son art, s’éloigne enfin (mais encore trop peu) de ses thématiques/registres fétiches pour en investir d’autres et laisser exploser son talent dans des genres qu’on savoure le voir embrasser. Il y avait bien longtemps qu’une scène d’exposition ou un climax final n’avaient pas soufflé à ce point, pour de la SF. Il est évident qu’il vaut mieux ne rien en savoir avant de lancer le film ; la surprise n’en est que plus belle. Le design de la créature est superbe et le film ménage ses effets. Il faut noter au passage une interprétation de haute volée de la part du duo principal (Daniel Kaluuya & Keke Palmer), ces derniers sublimant des personnages torturés. Pourtant, tout n’est pas parfait, à commencer par une durée excessive laissant entrevoir une fatigue narrative et une structure qui se fissure avant d’enfin embrayer sur le final. De même, si le flashback dont on ne dira rien est d’une puissance folle, il introduit des éléments surnaturels que le film oublie ensuite d’expliquer. Ambitieux et passionné, le film ne réussit pas à lier tout ce qu’il édifie. Il s’agit néanmoins d’un immanquable et d’une magnifique déclaration d’amour à un genre envahi par les navets et nanars ces dernières décennies.

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Habituée des documentaires, Sara Dosa a choisi l’angle parfait pour aborder la vie du couple Krafft. Bénéficiant des images sublimes filmées ou photographiées par Maurice et Katia Krafft durant leurs voyages à la frontière de l’enfer, le film vaut au moins le coup d’œil pour celles-ci. Mais en traitant autant de leur passion pour les volcans que de leur amour l’un pour l’autre, le documentaire propose une expérience fascinante : celle de suivre deux êtres qui s’aimaient plus que tout et qui avaient une passion dévorante et dangereuse en commun. Paradoxalement, alors que ce genre d’histoire au final tragique fait craindre le pire sur le ton mièvre qui pourrait être employé, Fire of Love attaque son sujet de la bonne manière et le spectateur devient un témoin bienveillant de la marche vers la mort qu’a entreprise volontairement le couple. Surtout, le film n’oublie pas d’insister sur les catastrophes qui ont pu être évitées, grâce aux travaux et observations de ce couple d’illuminés magnifiques. Véritables légendes dans le monde des volcanologues, les Krafft méritent que l’on accorde l’heure trente demandée pour découvrir leur histoire hors du commun, romantique à souhait.

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Bien plus réjouissant qu’envisagé, Bullet Train réussit autant à divertir qu’à faire rire. Avec des films d’action de plus en plus serious business, il y a un certain plaisir régressif à retrouver ce cinéma où l’on se casse la gueule en discutant philosophie et où l’on improvise une pause pour répondre au téléphone. Avec sa galerie de personnages secondaires barrés mais bien développés et des hectolitres d’hémoglobine tartinés partout, David Leitch semble avoir voulu proposer un cinéma à mi-chemin de Quentin Tarantino et de Guy Ritchie. Si le film cède aux sirènes du véritable nawak dans les toutes dernières minutes, avec des images de synthèse à la qualité douteuse, cela ne doit pas faire oublier l’excellent puzzle de micro-intrigues entremêlées, les dialogues perchés mais jamais abscons et les quelques scènes où ça défouraille joyeusement. Comme un poisson dans l’eau, Brad Pitt se régale. Le duo formé par Aaron Taylor-Johnson et Brian Tyree Henry est impliqué dans la majorité des meilleures scènes du métrage. Mais tout le reste du casting concourt à offrir des prestations marquantes, de l’excellente Joey King au diabolique Michael Shannon, en passant par un Hiroyuki Sanada dont on dirait que le qualitatif « classe » aurait été inventé pour le décrire. Tout juste regrette-t-on une sous-exploitation d’Andrew Koji qui ne dérouille quasiment personne et de Zazie Beetz aussitôt révélée aussitôt éjectée du récit. Mais c’est ce qui fait la fraîcheur du film, jusqu’aux caméos assez réussis également. Un film imparfait, mais qui occupera sans honte un dimanche soir.

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Un film Predator à sortir sur la plateforme Disney+ ne laissait rien présager de bon, d'autant que les précédents métrages sortis depuis Predator 2 n'avaient rien pour eux. Pour autant, il s'agit d'une excellente surprise. Avec ce préquel à la sauce comanche, Dan Trachtenberg prend le fil par le bon bout et propose un véritable film de survie en territoire hostile, en pleine nature, renouant avec les notions de chasse et de traque. Avec son rythme léché, laissant le spectateur apprécier les talents du bestiau qui se frotte progressivement à la faune locale avant de se tourner vers le sommet de la chaîne alimentaire, il n'y a pas de risque de s'ennuyer. Si quelques effets spéciaux font peur en début de métrage, le film va rapidement miser sur la sobriété de ce côté et faire le bonheur du spectateur qui attendait depuis longtemps un affrontement humain/Predator à la hauteur. L'actrice retenue, Amber Midthunder, incarne avec brio cette guerrière décidée et maline qui retient les leçons. Il est dommage que certaines facilités scénaristiques entachent quelque peu le déroulé des évènements, mais il faudrait être bien difficile pour ne pas y prendre un peu de plaisir. Comble du bon goût, une référence discrète mais directe à Predator 2 permet d'intégrer ce film dans la franchise, sans altération de cette dernière.

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Un thriller paranoïaque d’une terrible efficacité et modernité. En saisissant la crise COVID-19 ayant conduit son personnage principal (très convaincante Zoë Kravitz), agoraphobe, à se réjouir et s’enfermer dans la sécurité de son appartement, sans toutefois en tirer un quelconque bonheur, mais également des percées technologiques questionnant notre intimité, Soderbergh fait coup double et inscrit son récit dans une réalité en laquelle on ne peine pas à croire. Opposant successivement intérieur/extérieur, confort/danger, défense/attaque, domicile/entreprise, le film ne brille pas par sa complexité mais trouve une réelle efficacité. Sur fond de meurtre pour protéger les intérêts d’une grosse boîte à la veille d’une OPA décisive pour son avenir, Kimi passionne et a le bon goût de ne pas s’étirer. Multipliant les références (on pense évidemment à de Palma), la première partie repose sur l’observation et l’absorption par le spectateur d’un espace qui va devenir son repère, pour mieux le déséquilibrer dans sa deuxième partie en extérieur, formellement réussie et plongeant le spectateur dans l’inconfort de son héroïne, avant de se terminer sur un home invasion de très bon goût. On regrettera tout de même des effets surannés (surimpression d’images d’un drame faisant apparaître des visages et actes que l’héroïne n’a jamais vus) et un manque d’approfondissement du personnage principal dont on évoque le trouble face à une situation connue d’elle, mais qu’on ne détaillera jamais. Avec quelques minutes supplémentaires pour mesurer le traumatisme de son personnage, l’implication du spectateur aurait été bien plus efficace. Concernant les surimpressions, il aurait été bien plus efficace qu’elles révèlent justement l’évènement sordide ayant traumatisé le personnage. Un film très recommandable.

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Sans difficulté, le réalisateur canadien réussit à instiller malaise et fascination dans son thriller (car c’est bien ce dont il s’agit) fantastique qui dépeint un futur bien atypique. En évitant toute longueur inutile, Cronenberg réussit à présenter un monde aussi surprenant que crédible, stimulant pour ses évocations, où les performances artistiques se sont adaptées à des évolutions du métabolisme humain qui ne sont pas sans poser de problèmes. Mieux, le réalisateur trace un lien évident avec notre époque, révélant les questionnements qui sont les siens, au crépuscule de sa vie. Bien entendu, il en fait parfois trop, mais le résultat est aussi perturbant que prenant. Au jeu des interprétations réussies, Kristen Stewart n’en finit plus de surprendre et tient la dragée haute à un Viggo Mortensen comme à son habitude pleinement investi. En maîtrisant ses révélations et surprises, Les Crimes du Futur a un rythme exemplaire et ne s’encombre d’aucun supplément qui aurait pu le rendre écœurant.

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Une relecture à la hauteur du talent de son auteur : maîtrisée, engagée et bien plus complexe que l’œuvre originale. C’est sur le positionnement historique (Mussolini au pouvoir) et la verve qui en découle (qui est la marionnette, la poupée ou les grandes castes ?) que Pinocchio tire son épingle du jeu. Avec une technique exemplaire et une mise en scène à l’avenant, le métrage de del Toro frôle le coup de génie. Car la longueur excessive et les chansons peu marquantes alourdissent une œuvre presque maîtrisée de bout en bout. En explorant ses thématiques favorites (déterminisme et fascisme en tête), le réalisateur mexicain livre une œuvre à la fois intéressante et sans doute trop qualitative pour la plateforme qui l’a accueillie (Netflix).

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Rian Johnson rempile et propose une nouvelle enquête mettant en avant son personnage de détective, Benoit Blanc (Daniel Craig). En dépit d’une galerie de personnages éclectiques et d’un renouvellement s’agissant du cadre de l’enquête, cette histoire à couteaux tirés convainc moins que la précédente, la faute au retrait du personnage principal et à une trop grande prévisibilité (l’identité de la personne responsable sautant aux yeux). L’ensemble se tient, reste drôle malgré les évènements dramatiques, mais manque d’authenticité et de crédibilité dans une succession de rebondissements arrangeants. Rian Johnson continue toutefois, comme dans le premier film, à égratigner une caste de la population, bien aidé par des acteurs jouant avec leur image. Un film plus ramassé et jouant moins de la contorsion scénaristique aurait sans doute été plus efficace. Le réalisateur remplit néanmoins son contrat en proposant une enquête rafraichissante pour Noël, avec des rebondissements nombreux et des révélations relançant systématiquement l’intrigue.

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Comme toujours, Dupieux part d’un concept pour proposer une lecture du monde. Dans celle-ci, en à peine 75 minutes, il va questionner notre rapport au temps (Chabat qui l’oublie devant les jeux vidéo, Drucker qui fantasme sur une jeunesse éternelle) et à la consommation (une bite électronique pour Magimel, source pour lui d’élévation sociale). Si cela vire systématiquement à l’absurde, c’est bien parce que le monde l’est aussi. La vision du réalisateur est intéressante en ce qu’elle affirme que le moins névrosé de tous ses personnages est celui qui est au départ montré comme le plus déconnecté. C’est une constante dans sa filmographie. Ne s’embarrassant pas de scènes inutiles, Dupieux déroule en ménageant ses effets. Les acteurs s’éclatent, ça se sent et s’apprécie. Film à concept, mais film réfléchi malgré tout.

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Une comédie romantique plutôt efficace et légère qui permet à deux jeunes acteur, Alana Haim et Cooper Hoffman, de crever l'écran. Le film se perd un peu trop souvent en rebondissements peu inspirés et mal amenés pour retarder autant que possible le moment où les deux personnages vont enfin se tomber dans les bras. Néanmoins, Paul Thomas Anderson permet à ses personnages d'exister et on ne lui reprochera pas d'avoir voulu donner du relief et de la profondeur à son duo. Le bilan est moins reluisant concernant les personnages secondaires, presque tous snobés. Le charme des comédies et des romances passe aussi par des personnages secondaires truculents aux habitudes rocambolesques. Ici, ils ne servent qu'à faire le nombre et donner quelques indications au duo quand nécessaire. Sean Penn et Bradley Cooper font une irruption remarquée et auraient pu être des atouts pour le film, s'ils n'étaient pas tous les deux évincés du récit aussi vite qu'apparus. L'autre gros atout du film est la reconstitution des années 70, extrêmement soignée et crédible. Si l'ensemble se suit sans déplaisir, il manque tout de même le petit charme qui donnerait envie de le revoir.

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Entre deux volets de sa saga rugissante, Miller n’hésite pas à prendre tout le monde à contrepied. Comme son titre le laisse entendre, Trois mille ans à t’attendre est une véritable romance teintée de fantastique. S’appuyant sur un Idris Elba magnifiquement onirique et une Tilda Swinton aussi fabuleuse qu’à l’habitude, le métrage comporte presque tous les ingrédients pour en faire un excellent divertissement : bons acteurs, donc, mais aussi une histoire à tiroirs et donc rebondissements, une imagerie réussie, des décors dépaysants, une durée très contrainte et la petite touche de magie rafraichissante qui embellit ou assombrit la destinée des protagonistes. Pourtant, s’il n’est pas difficile de se laisser porter par le récit, force est de reconnaître qu’à mi-parcours, la machine commence à s’enrayer. Non seulement la seconde moitié semble longue, mais le métrage échoue à faire ressentir quoi que ce soit. Les « scènes » s’enchaînent sans puissance émotionnelle ; si la surprise point parfois, l’impression d’être dans un wagon sans le moindre looping ou descente à l’horizon est forte. C’est brut et authentique, comme toujours avec Miller, mais l’équilibre et l’émotionnel ne sont cette fois pas au rendez-vous.