Pantoufles et camomille

Retrouver Sissi Spacek (Badlands) dans le rôle d'Irene York et J.K. Simmons (Whiplash) dans celui de son mari Franklin, dans une série de science-fiction est comme la promesse d'un bonbon Arlequin pour un vieux en Ehpad. Voilà deux grands acteurs qui assurent la promo, avant même la sortie de leur prestation.

Le début est un peu planplan, si j'ose dire, leurs gestuelles et une cinématographie sans relief donnent envie d'aller chercher un plaid et d'installer son chat sur ses genoux, une tasse de camomille à portée de main, la télécommande de l'autre pour les retours sur les dialogues qu'on a mal entendu. C'est à peu près mon sentiment sur les 2 premiers épisodes.

Le fantastique arrive à petits pas, (parfois on entend le glissement des pantoufles sur le parquet) par la découverte d'une machinerie sans âge dans la cabane au fond du jardin que Irène aime visiter secrètement la nuit, Franklin la poussant dans son fauteuil roulant... là, une sorte de salon futuriste avec une grande baie vitrée offre un paysage d'une planète aride dans un univers bien différent de ce nous connaissons dans notre système solaire. Et nos petits vieux de s'installer dans une contemplation de ce paysage bien à l'abri des regards de leur voisinage. Franklin est quand même dubitatif sur le désir de sa bonne amie de vistiter ce salon secret, mais comme il l'aime, toujours, il se plie de mauvaise grâce à ce rituel.

Un jour, il retrouvent un jeune homme blessé que Irene recueille, soigne et prend d'affection sous le regard désapprobateur de son mari quelque peu misanthrope.

Puis par un twist dans la narration qui pourrait faire vaciller les plus vieux d'entre vous., nous nous retrouvons dans les montagnes d'Argentine où nous découvrons un couple d'une mère et sa fille avec une installation secète similaire à celle des Yorks dans leur jardin et nous apprenons que ces deux femmes doivent partir pour une mission dont on apprendra plus tard qu'elles doivent retrouver notre pauvre jeune homme blessé pour le supprimer...

Dès ce moment, je conseille aux plus fragiles d'entre vous d'arrêter le visionnage de cette série, la crise cardiaque n'étant pas exclue.

Bon, les décors sont beaux, les acteurs corrects, mais l'installation est quand même un peu trop poussive pour nous transporter. C'est un choix délibéré des scénaristes qui tentent d'installer du fantastique dans un univers bien campé dans le normal. On est bien loin des Marvel et de leurs superpowers sans queue ni tête, mais j'ai ressenti un sentiment d'incomplétude, voire d'ennui devant cette série qui se traîne pour installer une dramaturgie un tout petit peu trop simple. Si vous sortez d'une semaine harassante et que vous voulez vous vider le crâne sur une histoire pas trop compliquée, c'est le bon choix. Mais si vous appréciez les tortures de la réflexion sur des situations qui vous bluffent, tournez les talons.

On comprend que cette première saison appelle une suite sur les derniers moments du dernier épisode. Et que cette suite sera prometteuse. Mais je suis pas tout à fait sûr que j'irai replonger l'année prochaine dans ce bain d'eau tiède, mon caractère me commande d'aller chercher des histoires unh peu plus fouillées, un peu plus surprenantes.