You know what Martin?

Mettons les points sur les "i" immédiatement : True Detective est sans doute l'une des meilleures séries qu'il m'ait été donné de voir jusqu'à présent.

Tout d'abord, chapeau bas à l'intrigue, extrêmement bien ficelée, et qui nous plonge sans concession dans cette histoire sordide de serial-killer détraqué sévissant en Louisiane. L'enquête est intelligente et nous nous enfonçons pas à pas dans l'horreur avec les détectives Martin Hart et Rust Cohle.

Cela m'amène à aborder le principal point fort de la série : ses acteurs. Woody Harrelson tient là le rôle de sa vie, dans son rôle de flic un peu bourru doublé d'un père de famille perdu dans la gestion de ses relations familiales, que ce soit avec sa femme (la délicieuse Michelle Monaghan) ou ses filles.
Et que dire de Matthew McConaughey. L'histoire en elle-même est pesante, mais le personnage de Rust y est pour beaucoup quant à l'ambiance parfaitement sombre de la série. Celui-ci, à travers de nombreuses scènes, nous dépeint une vision de l’existence d'une noirceur totale. McConaughey est ultra crédible dans son rôle, au point de convaincre le spectateur de l'inutilité de l'existence et de nous refiler sa répugnance pour la nature humaine. Avec comme point d'orgue l'épisode 5 où Rust taillade des canettes en nous balançant ses réflexions philosophiques sur-pessimistes mais parfaitement réfléchies
La relation d'amour-haine entre les deux détectives est également à souligner comme un élément abouti de la série, relation complétée par la femme de Martin dans une sorte de triangle amoureux assez ambigu.

Il faut également noter la justesse au niveau "forme" de la série. L'histoire se situe en deux temps, alternant les scènes d'interrogatoires de nos deux détectives retraçant leur enquête passée et les flash-backs de celle-ci 17 ans plus tôt. Les passages d'un temps à un autre sont parfaitement gérés et agencés et contribuent à la qualité de la série. Le tout est également très justement filmé. Et que dire de l'incroyable plan-séquences de l'épisode 4... Une claque.

Après toutes ces éloges, soulignons malgré tout deux points plus négatifs.

Premièrement, l'évolution de Rust sur les deux derniers épisodes. Rust reste Rust, évidemment, mais le personnage devient moins sombre, comme s'il s'était soudainement repenti de sa vision obscure de l'univers.

Deuxièmement, et lié au premier point ci-dessus, la toute dernière scène.

ATTENTION SPOIIIIIIIIL.

Rust et Martin causent, on comprend qu'envers et contre tout ils seront désormais toujours là l'un pour l'autre et qu'un lien les unirait à tout jamais. Pourquoi pas, c'est pas si mal et compréhensible vu ce qu'ils ont vécu ensemble. Qui plus est, ni l'un ni l'autre n'ont véritablement autre chose dans leur vie, finalement.

Mais la scène où Rust se met à chialer, bof. Evidemment, l'idée est de montrer qu'il a lui aussi ses failles, mais il y avait moyen de le glisser plus subtilement. La scène tombe comme un cheveux dans la soupe, un peu comme si quoi qu'il arrivait, il fallait terminer la série sur Rust qui craque et montre qu'il est lui aussi humain. Un peu forcé et pas si émouvant du coup.

La série est pesante et sombre de bout en bout et, comme déjà sus-mentionné, Cohle l'est tout autant. Pourquoi détruire un personnage si complexe et élaboré, construit épisode par épisode, avec une phrase pareille? Okay, Rust a ses failles, mais là c'est carrément tout le personnage qui s'effondre en une phrase. Dommage...

FIN DE SPOIIIIIIIIIL

Il est désormais temps de conclure. Malgré les deux points négatifs mentionnés ci-dessus, True Detective s’appuie sur ses nombreux points positifs, ses acteurs, son ambiance. Un véritable coup de coeur, une immersion totale et un 10 bien mérité.