Des balles plein les yeux

Comme à son habitude, Taiyō Matsumoto livre avec Ping Pong un véritable ovni de l'animation japonaise (et de l'animation tout court).

Bien que le titre de cet anime ultra-dynamique le laisse penser, Ping Pong n'est pas une oeuvre sur le sport à raquette le plus nerveux de la Terre à proprement parler. En effet il s'agit plutôt ici, au travers de nombreux flashbacks et passages oniriques (qui caractérisent d'ailleurs l'ensemble de l'oeuvre de Mastumoto), de réaliser un voyage introspectif au sein de différents personnages, tous liés au ping pong d'une manière ou d'une autre.

Parmi ceux-ci, Peko et Smile, deux jeunes adolescents se connaissant depuis la petite enfance. Le premier, taquin, aventurier, impulsif et possédant un talent inné au ping pong a un caractère diamétralement opposé à celui du second, qui est discret, renfermé, calculateur, froid, cynique et travailleur implacable. Leur point commun: le ping pong.

Au fil des épisodes, et surtout échanges de balles, le spectateur en apprend plus sur le passé de ces personnages, ainsi que sur celui d'une poignée d'autres, tout aussi importants. En effet, si la relation entre Smile et Peko est au coeur de la narration, celle-ci dépend fortement des personnages secondaires, qu'ils soient entraineurs ou adversaires, et qui se révèlent être de véritables moteurs pour elle. Au final, ces personnages à priori de second rang sont dépeints avec autant de soin que les présumés héros de l'histoire, ce qui permet de créer un univers profond et cohérent, ou rien n'est laissé au hasard. Du coup, pas de véritable "méchant" ici, bien que la série commence de façon très manichéenne, elle insère en effet progressivement énormement de nuances et de subtilité dans les "deux camps".

A l'image d'un match de ping pong, l'animation est rapide, fulgurante et présente sur tous les tableaux: des traits minimalistes cotoient ainsi de vastes aquarelles et insertions 3D ultra-soignées. Les couleurs fleurtent régulièrement avec le fluo, et bien que le thème de l'histoire soit purement concret, celui-ci est exploité graphiquement de manière très créative. Les déformations sont ainsi au rendez-vous, laissant d'abord place à la vision subjective et exagérée des protagonistes, ce qui ajoute une touche surnaturelle un brin shonen très dynamique. Pour finir, la technique du multiscreen est également énormément employée, permettant de décomposer des actions à priori trop rapides pour un oeil néophyte, en multiples détails figés et impressionnants.

Ping Pong n'est donc, je me répète, pas un anime sur le ping pong, mais bien une histoire brillamment racontée au travers de celui-ci et qui brasse des thèmes comme l'enfance, le passage à l'âge adulte, la réalisation des rêves, le sens de la vie, la raison d'être de la compétition, l'abnégation, la confiance en soi et la vie de sportif de haut niveau. Court, inventif et impactant, cet anime est incontestablement une réussite totale, que je recommande à tous.

Bon, plus qu'à me procurer le manga maintenant.