Ping Pong
8.3
Ping Pong

Anime (mangas) Fuji TV (2014)

J'adore les œuvres audiovisuelles qui traitent de sport. Voilà, c'est dit. Je ne l'assume pas tous les jours, mais j'adore des films comme Space Jam, La légende de Bagger Vance ou Jerry Maguire, et même des animes comme Olive et Tom ou L'école des champions exerçaient sur moi une étrange fascination (ceux-là, j'assumais déjà pas à l'époque de ma tendre jeunesse où je les regardais). Je serai le premier à dénoncer le manque d'intérêt artistique, les clichés, ou tout simplement les défauts, des pires de ces films, toujours est-il que tout au fond de moi, je les aime tous. (Oui, même Air bud.) Cette incontestable attirance que j'ai pour ce genre d’œuvres n'a même pas de rapport avec une affinité particulière que j'aurais avec certains sports particuliers. Non, j'en regarderais et j'en aimerais qui porteraient sur n'importe quel sport, même si je n'y connais rien, même pas les règles. Ce que j'y aime, c'est l'engagement à la fois physique et mental, la maîtrise (et sa démonstration) technique, le suspense ultime caractéristique de ce genre (victoire ou défaite ? L'un et l'autre ont été tellement vus et revus qu'on ne peut vraiment plus deviner, juste ronger ses ongles). C'est la confrontation, le choc entre deux mouvements absolus qui se croisent. Et puis, bien sûr, c'est la chorégraphie (au moins nécessairement planifiée dans les fictions), qui englobe tout ça. (D'ailleurs, tout cela explique aussi pourquoi j'adore également (peut-être même plus) les arts martiaux.)
Tout ça pour dire que lorsque j'ai entendu parler de ce Ping Pong, il ne m'a pas fallu longtemps avant de tenter l'expérience, d'autant plus que le tennis de table a une place particulière dans mon cœur.


Et ce fut une claque. Une claque magistrale.


Si vous vous renseignez sur cet anime, on vous dira sûrement (ceux qui l'ont aimé en tout cas), pour vous donner envie, que certes, le thème de fond c'est le sport et le tennis de table, mais qu'en vérité, l'anime prend sa puissance en sortant de son genre, tel qu'on le connaît habituellement. Je comprends bien ces propos, j'ai même hésité à les tenir moi-même dans cette critique. Mais la vérité, je la vois maintenant, est bien plus belle et plus forte. Si Ping Pong est si beau, si puissant, si génial, c'est justement parce qu'il accomplit totalement ce que devrait être son genre. Il actualise tout le potentiel des œuvres sportives. Et en ce sens la mini-référence à Evangelion me semble très pertinente: Ping Pong se propose bien de révolutionner son genre comme Evangelion a pu apparaître comme une révolution du sien en son temps (quoi qu'on puisse par ailleurs penser de cet anime).


Quand y a-t-il tennis de table ? (Mais la réponse serait la même pour tout sport.) Quand il y a des joueurs de tennis de table. Tout l'art de l'animation (donc de l'illusion), est mis à profit pour nous raconter cette histoire profondément émouvante et puissante, qui donne la pêche, et qui se paie encore le luxe de savoir nous surprendre, non pas dans ses événements, mais dans son déroulement. Ces dessins qui semblent a priori grossiers, voire rebutants, quand on les aperçoit immobiles, sont véritablement la chair et les muscles de cet anime, c'est eux qui lui permettent de réaliser ses ambitions, et ils sont déjà tout ce que l'oeuvre va nous donner. En effet, a priori peu attirants, de même que l'anime peut l'être quand on ne considère que son genre, ils deviennent éclatants, éblouissants, étourdissants, une fois pris dans le mouvement, de même que l'on est ébloui de façon générale par la qualité de l'oeuvre. Même l'extrême finesse de la caractérisation des personnages, qui nous les rend si attachants, intéressants, passionnants, n'est pas étrangère à la beauté de ces dessins. Et plus le mouvement est intense, plus la vitesse est grande, plus c'est beau. On en redemande sans cesse. Les trouvailles visuelles et sonores sont constantes et n'hésitent pas à aller piocher dans le fond illustratif d'autres genres de l'animation (mecha, etc.) Le procédé par lequel les points joués sont éclatés en cases, comme dans une BD, mais une BD dynamique, déconstruisant le temps du jeu, le morcelant, pour mieux construire le temps propre de l'anime, est brillant. D'autant plus qu'il est là aussi en accord avec son fond, rappelant la décomposition des mouvements par laquelle on doit passer pour apprendre les techniques.


Ping Pong atteint ainsi (à mes yeux) à une pureté cristalline absolue, celle d'un mouvement, celle de l'âme du ping pong et du sport, et de l'Humanité, le plus simplement du monde semble-t-il. Mais tout ce qu'on peut finalement en dire, c'est que c'est magnifique, et que je pense que tout le monde devrait le regarder, pour votre bien.

Metakoura
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le 1 mars 2016

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