Godzilegacy (critique de la saison 1)

Le MonsterVerse, univers cinématographique débuté en 2014 avec le Godzilla de Gareth Edwards, nous a offert une série de films aussi sympathiques qu'imparfaits. Mais étant donné que les scénarios des deux derniers films de la franchise étaient un condensé de néant saupoudré de n'importe quoi, un type chez Universal c'est sûrement dit : "Hey ! Et si on faisait une série pour prouver aux Godzi-Nerds que notre franchise est pas si bête que ça ?". Et cette idée loin d'être stupide a résulté en une exclusité Apple TV+ se voulant être le liant scénaristique qui remonte la barre intellectuelle des films Godzilla et Kong.

Monarch: Legacy of Monsters est une série sortie en 2023 créée par un certain Chris Black. Alors que j'écris ces lignes, seule la première saison est sortie, avec dix épisodes d'une quarantaine de minutes chacun.

Après les évènements du Jour G (l'attaque de San Francisco par Godzilla), en 2015, Cate Randa, jeune femme ayant survécu à la tragédie, se rend à Tokyo pour récupérer le bail de l'appartement de son père disparu présumé mort. Mais arrivée sur place, elle y trouve des gens et découvre que son père menait une double vie, et qu'il était lié à Monarch : une agence scientifique mondiale chargée de contenir et étudier les Titans. Avec son frère caché et d'autres personnages mêlés aux travaux de son père, Cate va découvrir une face du monde colossale qu'elle ne soupçonnait même pas.

L'idée de base de la série est cool : apporté une toile de fond et un scénario poussés, dans une série qui se veut plus sombre que les films principaux. Et j'espérai que cette série me fasse encore plus aimer Godzilla et peut-être même trouver des arguments potables au MonsterVerse que j'aime autant que je le méprise. Hélas, ça ne s'est pas vraiment passé comme prévu.

Monarch n'a pas les mêmes enjeux que les films, elle est plus centrée sur la vie des personnages, notamment la fondation de l'entreprise éponyme. Il y a même une réflexion morale derrière, puisque l'agence n'est pas complètement gentille et humaniste avec ses employés et les personnes qui s'y retrouvent liées. Et il en va de même pour les motivations des personnages, il n'y a pas de bon ou mauvais motif, tout semble gris, avec des intérêts qui divergent.

Sur le papier c'est super mais le rendu final est C H I A N T !! Bon sang quel ennui cette série ! Oui ! C'est possible de s'emmerder devant une série Godzilla !

Ce qui est triste, c'est que si vous retirez tous les liens avec les Titans et la Terre Creuse, vous obtenez une série télé banale basée sur des intrigues d'adultères, de familles recomposées et de corruptions dans des multinationales. Certes, c'est le but de la série de ne pas nous montrer uniquement des gros monstres qui se collent des marrons, mais là c'est exagéré ! Et pourquoi au juste ? Toujours des disputes, de l'adultère, des petites trahisons et des retournements de veste qui semblent sortir d'un feuilleton policier sur M6 écrit par des scénaristes pas inspirés.

Les scènes avec Godzilla et autres dragons et oryctéropes des neiges semblent être là uniquement pour remplir un quota, pour réveiller le spectateur et lui rappeler qu'il regarde une série dans lequel vivent des monstres hauts comme des immeubles capable de ravager des pays entiers ! Donc oui, n'espérez pas vous rincer les yeux sur les Titans, car leur présence à l'écran cumulée doit être tout juste assez longue pour vous laissez le temps de cuire des pâtes.

Mais alors, à défaut de monstres, peut-être que le scénario est si excellent qu'il peut nous maintenir en haleine ? Non, évidemment.

La série est construite comme une sorte d'enquête, sur plusieurs époques, où on voit les débuts de Monarch, les flashbacks traumatiques des personnages et la quête pour retrouver le professeur Hiroshi Randa. Oui, c'est un peu comme Citizen Kane (non pas du tout.). Les seules scènes vraiment sympas de cette espèce de course poursuite à la vérité ce sont celles qui ont lieu dans le passé, dans les années 50 et 60. Déjà parce que ça change de l'univers qu'on a l'habitude de voir, mais aussi parce que l'histoire de Monarch est intéressante, dommage qu'elle soit entrcoupée par des moments nuls dans le présent !

Et bien sûr, que ferait-on sans les incohérences d'écriture ! Ah, vive les problèmes ! Des retournements de situation pourris, des personnages sans intérêts, je vais pas tous les faire, mais je veux juste pointer du doigt le personnage qu'on VOIT MOURIR dans l'épisode 1 et qui revient dans l'épisode 9. C'est fort d'envoyer en l'air à la logique à ce point là !

D'ailleurs, une parenthèse concernant le titre de la série et un thème souvent évoqué : l'héritage ("legacy" en anglais). En quoi Monarch est l'héritage des protagonistes ? À cause de leur lien de parenté avec les fondateurs ? Et alors ? Si Monarch avait vraiment été leur héritage, ils auraient HÉRITÉ de l'entreprise ! Ils se seraient pas fait bolossé et enfermé dans des cellules à cause d'un analyste tête à claque et d'une agente qui sort son flingue à la moindre occasion !

J'ai beau râlé et m'être ennuyé comme pas possible devant ces histoires de rayons gammas et d'héritage débile, j'ai pas vraiment envie de détester la série. Tout simplement parce qu'elle n'est pas finie et que le dernier épisode donne envie de voir la suite ! Même si j'ignore si je la verrai à vrai dire. Monarch: Legacy of Monsters est une série prometteuse mais qui manque clairement de créativité, d'une patte visuelle et de cohérence. Un comble pour un spin-off qui se veut plus sérieux et cohérent que les blockbusters funs et colorés dont elle est tirée.