La Vengeance est un beau Corbeau endeuillé

C'est le mois de Noël ! Il n'y a pas un centimètre de neige, les gens se pressent dans les magasins comme des animaux et je croupis dans ma chambre sans savoir quoi faire. Le moment idéal pour se remater un bon petit film d'Halloween ! Et aujourd'hui une fois de plus je vais parler d'un film que j'aime beaucoup beaucoup, sorti en 1994, ce n'est pas Pulp Fiction, ni Forrest Gump ou Ace Ventura, mais bien The Crow, réalisé par Alex Proyas.


C'est une histoire d'amour. Une histoire qui commence le 30 octobre à Detroit, la veille du mariage d'Eric et de sa fiancée Shelly. Malheureusement pour eux, le groupe de truands local a décidé de menacer la jeune femme pour s'être opposé aux expulsions forcées dans l'immeuble. La scène dérape, Shelly est violée et battue, et Eric est défenestré et meurt sur le coup.

Un an plus tard, un corbeau vient toquer à la tombe du jeune homme, qui revient du Royaume des Morts pour chercher vengeance. Aidé par son ami volatile et doté de pouvoirs d'invincibilité, il va régler leur compte à ses meurtriers.


Il s'agit de l'adaptation d'une série de comics signée James O Barr, que je n'ai pas encore lue, mais que je garde pour prochainement. Suite au succès de ce film il y a eu plusieurs suites, une série télé et même un jeu vidéo, et bientôt un nouvel opus attendu pour 2024. Le succès est aussi explicable du fait que l'acteur principal, Brendon Lee, fils de Bruce Lee, mourut durant le tournage, d'une balle qui lui traversa la colonne vertébrale. Décès encore plus tragique si on prend en compte le fait que l'acteur devait se marier après le tournage, connaissant un destin similaire à celui de son avatar filmique...


Maintenant que le contexte est placée, laissez moi vous expliquer pourquoi The Crow est un film cool.


Tout d'abord, c'est un vigilante movie. Un film où le personnage principal rend justice lui-même, en opposition avec la loi. On pense bien sûr à Taxi Driver ou les Batman quand on pense à ce type d'histoire, c'est un procédé narratif très employé au cinéma mais surtout dans les comics. Ainsi, le héros de cette histoire est Eric Draven. Beau gosse musculeux, athlétique, musicien, poétique, doué à la bagarre, le genre de bonhomme qui me rappelle que les mecs seront toujours plus beaux dans les films que dans la vraie vie. En plus de bien se débrouiller en pugilat, il a également un don de régénération et peut voir le passé des gens (bien que cette capacité reste assez confuse).

Mais Eric ne se bat pas pour l'ordre ou l'égalité, il se bat par vengeance pure. La ranceour et le deuil brûlent en son coeur avec ardeur, et il est prêt à infliger les pires tortures à ses ennemis pour mener à bien sa mission. Et oui, car si Batman ne tue pas, eh bien Le Corbeau, lui, il tue ! Beaucoup même ! Avec des flingues, des couteaux, des seringues, du feu, bref il n'y va pas de main morte, et sa seule retenue est son sens du spectacle et de la mise en scène.


En parlant de mise en scène, il faut dire que le film a de la gueule. Alternant entre couleurs sombres de la nuit et les teintes orangées du feu, il y a quelque chose de très gothique, et romantique derrière cette apparence. Les décors urbains sont surchargés, les personnages portent des vêtements "sophistiqués" et le fond font qu'on est face à un poème de violence et de passion. C'est un peu la version live-action du Corbeau de Poe, mais en film de bagarre.

Et ce fond gothique, cette histoire d'amour trans-mortelle (si vous me permettez l'expression) fusionne avec une ambiance typique des années 90. Sexe, rues sombres, looks alternatifs, érotisme macabre, bagarres avec de la répartie, ça retranscrit bien l'ambiance violente et sale d'une ville sombre et fantomatique prise entre les griffes de la pègre. Je n'ai jamais mis les pieds à Detroit, mais çe ne me donne pas spécialement envie d'aller y faire un tour.

Bref, une oeuvre à l'esthétique que j'adore, qui me donne envie que ce soit Halloween toute l'année.


Mais je reconnais que ce film est loin d'être parfait. D'ailleurs, plus je le regarde et plus j'y trouve des défauts, ce qui fait de moi un vieux con aigri prématuré (euthanasiez moi s'il vous plaît).

L'exposition est faite à la va vite, les pouvoirs d'Eric sont pas clairs, le montage a tendance à être chaotique et les freeze frames et autres ralentis ont assez mal vieillis. Les acteurs aussi sont pas toujours au top, Brandon Lee oscille entre un jeu sobre et une parodie du Joker, et le grand méchant (chaînon manquant entre le Hard Corner et un frontman de Black Metal Symphonique) a le même problème. Et je ne m'étends même pas sur les sbires de l'antagoniste qui sont à peine supportables.

En fait, j'ai l'impression que le film trace le pont entre les films d'action plus légers des années 80 et les trucs plus sombres des années 90/2000. Du coup ça donne un mélange entre un film décomplexé ouvert à la bouffonerie, et en parallèle un récit de vengeance sombre et crado. Comme beaucoup d'avant-gardistes, le film a dû essuyé les plâtres avant d'être reconnu comme culte.


Mais vous savez quoi ? On s'en fout ! On peut tout pardonner aux années 90 !...enfin sauf les furbys et les clips avec des fish-eyes, mais passons.

L'époque de MTV, du Grunge, de Type O Negative, des pogs, des trucs cools et tout pourris que j'ai jamais connu ! Mais si j'avais découvert ce film étant plus jeune, il est clair que je l'aurai encore plus aimé que maintenant.

The Crow est un chouette film, divertissant, mais aussi beau, qui fait du bien et qui vide la tête de temps en temps, pour s'immiscer dans Halloween pendant 1h40 et s'imaginer parler aux oiseaux entre un caniveau et le parvis d'une cathédrale.

Arthur-Dunwich
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Top 10 Films et Les films avec les héros les plus badass

Créée

le 12 déc. 2023

Critique lue 44 fois

9 j'aime

3 commentaires

Arthur Dunwich

Écrit par

Critique lue 44 fois

9
3

D'autres avis sur The Crow

The Crow
Adon
10

It can't rain all the time

Je revendique ici une absence totale d'objectivité dans mon appréciation. Ne comptez pas sur moi pour vous décrire en quoi The Crow est un film complexe, fouillé et intriguant. Pourquoi ? Parce que...

Par

le 21 août 2011

25 j'aime

5

The Crow
Behind_the_Mask
9

Le rouge et le noir

Né de l'imaginaire endeuillé et désespéré de James O'Barr, The Crow peut être considéré comme l'exutoire de son auteur, le moyen de se reconstruire et d'exprimer sa révolte contre l'injustice qui...

le 23 juin 2015

24 j'aime

5

The Crow
HITMAN
8

L’amour est éternel.

Il y a longtemps, les gens croyaient que quand quelqu’un meurt, un corbeau emporte son âme jusqu’au pays des morts... Mais il arrive parfois, quand des choses trop horribles se sont passées, que...

le 16 déc. 2016

23 j'aime

12

Du même critique

Trois nuits par semaine
Arthur-Dunwich
8

You think you're a Man

Un film français sur le milieu du Drag qui promet de ne pas être gênant et rempli de clichés détestables ? Pas le temps de réfléchir, j'y cours ! J'ai appris l'existence de ce film grâce à la page...

le 13 nov. 2022

12 j'aime

Le Roi et l'Oiseau
Arthur-Dunwich
8

Conte d'un matin de février

[Storytime introductif, réflexion nostalgique]Dans notre parcours en quête d'oeuvres, il y a toujours des gens pour nous faire découvrir de nouveaux horizons : des proches, des connaissances ou de...

le 12 mars 2023

9 j'aime

The Crow
Arthur-Dunwich
8

La Vengeance est un beau Corbeau endeuillé

C'est le mois de Noël ! Il n'y a pas un centimètre de neige, les gens se pressent dans les magasins comme des animaux et je croupis dans ma chambre sans savoir quoi faire. Le moment idéal pour se...

le 12 déc. 2023

9 j'aime

3