La Famille Adams et Tim Burton sont deux éléments dont la fusion semble tomber sous l'évidence : après tout, l'univers gothique et décalé de cette célèbre famille inventée par Charles Addams en 1938 semble avoir été crée juste pour lui. Mais malgré quelques projets du monsieur finalement avortés, rien de bien concret ne semblait voir le jour, malgré le potentiel d'adaptation pourtant déjà validé par les films de 1991 ainsi que par les séries sorties dans les années 70.
Et pourtant voilà que l'ogre Netflix, toujours en quête de contenu, pousse les portes de son cellier en quête d'œuvres à adapter et voit là une opportunité à saisir : lier Burton et la Famille Adams au travers d'une série centrée sur le personnage de Mercredi Adams, jeune fille au tempérament froid et sociopathe.
L'idée de base est bonne, mais la série semble pourtant être en deçà de nos attentes pour plusieurs raisons :
La première, c'est avant tout Tim Burton. Si le personnage aurait été un parti pris parfait dans ses débuts, dans les années 90, il y a eu depuis une montagne de métrages oscillant entre le médiocre et l'infâme bouse, faisant perdre petit à petit la crédibilité d'un cinéaste pourtant iconique. Cette descente aux enfers est ici, avec Mercredi, légèrement freinée, reconnaissons au moins ça.
Création burtonienne aseptisée, la série reste pourtant l'une des seules créations un tant soit peu en raccord avec l'univers du cinéaste maudit, que ce soit dans sa photographie, dans ses décors, dans sa musique (toujours composée par Danny Elfman, qui sait exploiter à merveille les tonalités de la Famille Addams), dans son bestiaire fantastique (le Hyde garde une aura Beetlejuice très appréciable) ou dans ses personnages.
Enfin, dans SON personnage, car c'est véritablement l'actrice Jenna Ortega, incarnant à la perfection la jeune Mercredi, qui prend ici toute la place des projecteurs, puisqu'elle arrive à synthétiser tout l'esprit du personnage dans une performance stoïque des plus exquises (aucun clignement d'yeux, un calme olympien froid... tout y est !). Le reste du casting est, cependant, assez quelconque, puisque la série est, et c'est là qu'arrive le deuxième grand défaut, une série très teenager dans son esprit.
Ainsi, Mercredi se veut être une série d'enquête policière adolescente, livrant à la fois une traque à un meurtrier dans l'école de Nevermore, et un récit d'initiation à la sociabilité pour la jeune Adams. On y retrouve donc plusieurs tropes de personnages clichés, tel que la jeune garce populaire, le garçon mystérieux, le jeune nerd à lunettes... le tout dans une ambiance trop souvent bon enfant qui manque d'acidité. La série se permet malgré tout, en parallèle de cet esprit teen, une modernisation de Mercredi, y incluant tout un panel de blagues qui, pour ma part, m'ont beaucoup fait rire, même si elles feront grincer quelques dents réacs.
Cependant, le récit manque d'une véritable confrontation. Celle entre le monde des Adams et celui des gens normaux, lui préférant une série d'intrigues à tiroirs souvent mal exploitées (l'histoire de Gomez, par exemple) qui donne souvent un rythme assez pateux.
Les marginaux de l'école de Nervermore sont, eux aussi, très sous exploités, malgré leurs pouvoirs surnaturels (élément qui, le plus souvent, est utilisé à des fins de facilités scénaristiques parfois ahurissantes). On retrouve finalement un immense groupe de personnages secondaires orbitant autour d'une Mercredi apathique et indépendante, dont la volonté de cohésion au groupe est souvent inséré au forceps.
Ainsi, la série Mercredi, malgré quelques bonnes idées, reste finalement un produit Burton assez sage, manquant de mordants et qui, sil il invoque l'esprit Burton, n'en offre qu'une pâle resucée de tropes vus et revus et dont le final, un brin mollasson et putassier, méritait davantage que ça.