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Considéré comme un des grands noms du manga d’horreur, marchant dans les pas de son aîné Kazuo Umezu (La Femme-serpent, L’École emportée), Junji Itō est l’auteur de plusieurs titres cultes tels que Spirale, Tomie ou encore Gyo.

Depuis 2020, le lectorat français a la possibilité de (re)découvrir son œuvre grâce, notamment, aux très jolis pavés réédités et proposés par les éditions Tonkam ou Mangetsu. Une opération commerciale un brin inattendue et qui a le mérite de remettre sur le devant de la scène, non seulement un auteur, mais aussi tout un genre de la bande dessinée japonaise.

Il n’est donc pas si étonnant que Netflix propose aujourd’hui une série d’animation produite par les Studios Deen (L’Œuf de l’ange, Patlabor) et adaptant sous forme d’anthologie quelques-unes des plus courtes histoires du prolifique mangaka, dans la continuité du précédent anime Junji Itō : Collection du même studio. Intitulé Maniac par Junji Itō : Anthologie macabre, ce nouvel anime avait de quoi réjouir les amateurs de l’œuvre d’Itō.

Plus étonnant en revanche est de constater, en regardant cette première saison, que ce ne sont pas ses meilleures histoires, loin de là, que l’on retrouve ici.

Le choix est étrange et va quelque peu à rebours du bon sens et de la logique commerciale. Plutôt que de mettre toutes leurs chances de leur côté en ne proposant que des adaptations de ses meilleures histoires pour attirer le chaland non initié à l’œuvre d’Itō, les créateurs de la série ont inexplicablement intégré ici quelques-unes de ses histoires les plus médiocres et qui pour beaucoup, chez nous occidentaux, ne répondent d’ailleurs pas aux critères du genre horrifique.

Ainsi, la série s’ouvre sur le plus mauvais épisode, consacré à une famille étrange constituée d’inoffensifs tarés (Les Mystérieux enfants Hikizuri) et dont l’intrigue ennuie plus qu’elle ne passionne. En imaginant que le spectateur soit arrivé au terme de l’épisode sans se décourager, il aura fort à supporter avec des segments aussi insignifiants que Le Tunnel, La Chambre aux quadruple portes, Au fond de la ruelle, L’Épreuve du dédale, L’Épave. Soïchi est agaçant au possible et Tomie, quant à elle, s’est déjà montrée en bien meilleure forme sur le papier.

Fort heureusement, la série nous proposera les adaptations plus intéressantes de quelques très bonnes histoires du mangaka. Les Ballons aux pendus, La Chambre du sommeil, Moisissures, Archéologie de la terreur, La Ville aux pierres tombales, La Fille perverse et La Femme qui chuchotait rattrapent pour beaucoup les autres piètres segments et s’avèrent ainsi, et de loin, la seule raison de visionner cet anime.

Pour qui bien sûr apprécie déjà ou saura savourer l’univers de l’auteur, où l’élément horrifique découle toujours d’une forme de surréalisme inquiétant et s’achemine vers une conclusion abrupte et souvent sans réponse.

Ce sont surtout les multiples visions d’horreur amoureusement concoctées par Itō, ses faciès de cauchemars, qui constituent sa principale signature. Des illustrations surprenantes qui donnent à admirer quelques créatures indicibles parmi les plus dérangeantes à contempler et qui trouvent aussi dans cet anime quelques belles incarnations.

Gageons que les producteurs de la série aient le bon goût de n’intégrer que de bonnes histoires (car il y en a d’autres) dans la prochaine fournée. Si, bien sûr, seconde saison il y a.

Buddy_Noone
5
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le 24 mai 2023

Critique lue 144 fois

5 j'aime

Buddy_Noone

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