800 mètres par YOKOTA

800 mètres est une bonne série documentaire qui factualise et interroge plus qu'elle ne donne de réponses, ce qui est en général bon signe car cela évite l'écueil de faire de la sociologie ou de la psychologie de comptoir.

Les créateurs se contentent de reconstituer minutieusement les évènements qui ont conduits à l'attentat de la Rambla à Barcelone, puis plus tard à celui de Cambrils, et de recueillir les témoignages de ceux qui ont participé de près ou de loin aux enquêtes sur ces attaques, ainsi que les victimes directes ou indirectes elles aussi (il est dit que c'est la première fois que l'Espagne accorde le statut de victime à des individus n'ayant pas été touché physiquement par les attaques terroristes mais psychologiquement).

Le processus de reconstitution est intéressant car le documentaire intègre souvent les images, les enregistrements sonores ainsi que les vidéos prises directement depuis les appareils du groupe terroriste en train de fomenter leur coup, ce qui laisse aux spectateurs le champ libre pour l'interprétation sans que l'on vienne leur dire quoi penser.

Le documentaire se veut exhaustif et conclut sur une réflexion sur les attentats et la manière de réagir politiquement à de tels évènements ; les créateurs ont eu l'intelligence de désamorcer le réflexe d'islamophobie qui peut naître alors en montrant des vidéos dans lesquelles l'on voit un nombre important de musulmans participer aux rassemblements en soutien aux victimes et à leurs proches, dont les familles des terroristes qui affichent et rappellent leur attachement aux valeurs démocratiques et à la paix, et de rappeler que l'islamophobie n'est pas une opinion, que c'est un délit, que l'on peut légitimement critiquer la religion de l'Islam mais pas faire des musulmans des souffre-douleur. En cela, le documentaire évite le travers facile de pointer des cibles.

Cela peut paraître anecdotique mais j'ai eu l'impression qu'un soin particulier a été accordé à la réalisation et à l'aspect visuel, ce qui est toujours plaisant et renforce le sentiment que l'on est face à un documentaire de qualité.