Ça se lit très bien, très vite, j'ai dû le finir en 3-4 jours.
Murakami nous fait le portrait d'un individu incolore et apathique dans une société multicolore et turbulente, un peu à l'image des trains pour lesquels il conçoit des gares, à n'en plus finir.
Tsukuru fait un jour la rencontre d'une femme de 2 ans son aînée par l'entremise d'un collègue de travail. Une femme pleine d'élan, entreprenante qui va lui proposer de redécouvrir son passé qui le hante depuis qu'il s'est fait virer de son groupe d'amis du lycée. Un traumatisme qu'il va surmonter en se donnant pour but de retrouver ses collègues 16 ans après. Oui mais en 16 ans pas mal de choses changent. Tsukuru a l'impression d'être le seul qui est resté sur place alors que ses amis semblent tous avoir évolué vers des postes à responsabilité, sont parents, ont des gosses, en bref ils sont installés. C'est comme si lui faisait de la marche sur un tapis roulant dans une salle de sport quand eux font du jogging voire des marathons en extérieur.
Tsukuru n'y est pas, Tsukuru a peur, il est perdu, il n'a ni réelle envie, ni ambition.
C'est un homme comme il y en a tant d'autres dans la société contemporaine ; vidé, émasculé, qui ne demande rien qu'un peu d'amour féminin.
Va-t-il le trouver en la personne de Sara, cette secrétaire efficace et prompt que tant d'hommes doivent désirer ?
Si l'écriture de Murakami est volontairement dépouillée et poétique, permettant de nombreuses digressions dans les gouffres psychologiques de son voire de ses personnages, l'on ressent peut-être sporadiquement quelques automatismes ou formules toutes faites, voire des clichés disons-le nettement. Mais bon, c'est un livre assez épais et les thèmes traités ne sont sûrement pas toujours évidents à mettre en mots et en formes. Cela dit, ça marche globalement bien et on a la sensation d'avoir vécu une réelle aventure au côté de ce personnage attachant qu'est Tsukuru Tazaki.