"Mourir pour l'idée, c'est se hisser à la hauteur de cette idée."
Voilà une phrase parfaite synthétisant à merveille tout le propos de Camus dans cette pièce de théâtre nommé Les Justes. Car les personnages que l'on y suit ne sont pas simplement citoyens de leur pays : ils veulent aussi le changer, et par la force puisqu'il le faut. Dans le Moscou de 1905, le dialogue entre le peuple et leur dirigeant, le grand-duc, est en effet inexistant, et c'est tout naturellement que s'érige des figures de l'ombre désireuses de l'éjecter, lui et sa conception du pouvoir.
Mais Camus, loin de simplement poser des caractères fixes sur ses protagonistes, nous propose au contraire d'observer toute la fragilité émotionnelle derrière ces gens que l'on appelle terroristes. Animés d'une fougue révolutionnaire, ces personnages incompris se retrouvent au cœur de la nuit, après deux mois de planification, pour enfin effectuer cet assassinat... Mais est-ce véritablement si aisé d'ôter une vie, fût-elle aussi corrompue que le grand-duc ? Rapidement, les confrontations fusent, les propos divergent, l'opinion est foudroyée sur place... Une révolution pour le peuple, oui, mais à quel prix ? Au prix du sang, et sans concession, comme le pense Stepan ? Ou bien un acte plus humain, plus considéré, comme le voudrait Yanek ?
Derrière l'acte, il y a certes une idée, mais il y a aussi un horizon brumeux dont on ne sait comment nous en modifierons les courbes après le geste fait.
Derrière l'acte, il y a des gens, il y a un passé, une vie.... Il y a des gens justes.