Nerval, c'est souvent l'un des poètes préférés de ceux qui aiment la "poésie ésotérique", où il faut réfléchir pour saisir le sens.

Je ne comprends pas vraiment pourquoi.

Prenons El Desdichado : en le lisant, ça me semble assez clair qu'il s'agit d'une réécriture du mythe d'Orphée et d'Eurydice. C'est une catabase assez classique, un poème de chagrin amoureux. Certes, il faut réfléchir (un peu) pour le comprendre, c'est pas textuellement dit... Mais le sens me paraît personnellement vraiment accessible. On est très très loin d'un poème de Mallarmé.

C'est pas particulièrement ce qui me marque le plus chez lui.

Moi ce que j'aime avec Nerval, et surtout dans Les Chimères, c'est la maîtrise bluffante de la musicalité de ses poèmes.

J'ai rarement lu des poèmes aussi subtilement assonancés et allitérés. Il y a ce sentiment que les mots se répondent et coulent de source. Dans El Desdichado, on doit cet effet à l'écho du son L, du S.

Ce recueil est, selon moi, avec les recueils de Verlaine (Poèmes Saturniens, Fêtes Galantes, Romances sans paroles), parmi les plus grands monuments de la poésie française en vers classiques, en terme de musicalité et de rythmique.

Iphisophie
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le 2 mars 2024

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