Le Procès
7.8
Le Procès

livre de Franz Kafka (1925)

Qu’on se le tienne pour dit, ce Procès n’a pas volé son titre d’Opus Major.


Le contraste entre la pesanteur inextricable des situations dans lesquelles s’engluent les personnages, et la légèreté vivifiante de la plume de Kafka est saisissant. Les petites vanités enfermant les protagonistes sont croquées avec une ironie grinçante et un goût rafraîchissant pour l’humour pince-sans-rire. Les dialogues sont ciselés à la virgule près, pourtant tous les personnages sont d’une authenticité confondante.


Joseph K. est mort au terme du dixième et dernier chapitre, tué d’un coup de couteau dans le cœur. Mais tout était couru d’avance, dès le début. Dès la première scène, celle de l’arrestation à domicile, l’esprit de Joseph K. est coincé dans cet engrenage géant. Il a la tête ailleurs, n’est plus efficace à son travail, tout ce qu’il entreprend pour s’en sortir est spolié par les faux espoirs et le temps perdu.


Les portraits jonchant cet œuvre sont simplement jouissifs.


Mademoiselle Bruckner, entretenant avec Joseph une étrange relation d’amour-haine.


Maître Huld l’avocat, constamment alité, geignard, vivant de la procrastination. Leni, la domestique bonne pâte. Titorelli le peintre, cloîtré qu’il est dans sa minuscule mansarde, ramenant tout débat à ses toiles de quatre sous. Monsieur Block le négociant, homme fétiche et recroquevillé, victime consentante de cette montagne d’absurdités.


Le gros client italien qui fait la cathédrale buissonière.


Ce Procès relève d’un exercice de style particulier qui implique une prise de risque considérable. Franz Kafka effectue en réalité un numéro d’équilibriste, narrant le non-sens et l’absurdité des aventures de Joseph K., un pauvre type qui est comme dans un labyrinthe de galeries de taupes, tâtonnant à l’aveugle mais s’enlisant chaque fois un peu plus. Franz Kafka paraît risquer à tout moment de faire basculer son style au niveau de la pitoyable situation des personnages – ce qui ne se produit heureusement jamais. C’est ce qui m’a sans doute le plus marqué à la lecture du Procès.


Un chef-d’œuvre de la littérature; je vous le recommande chaudement!

Nanar60-AlphaWave
10

Créée

le 1 août 2021

Critique lue 91 fois

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