Ceux qui ont aimé La huitième vie, le précédent livre de Nino Haratischwili, ne devraient pas être déçus par Le chat, le général et la corneille dont la puissance narrative s'exprime à plein sur près de 600 pages. Tout commence lors de la première guerre de Tchétchénie avec un crime horrible commis par 4 soldats russes. Un péché originel qui va conditionner leur vie future, surtout celle de l'un d'entre eux (le général), qui n'aura de cesse de donner une autre conclusion à cet événement funeste, à sa manière, comme une sorte de Comte de Monte-Cristo moderne. Mais avant de parvenir à ses fins, que le chemin sera escarpé, tout comme celui d'un roman que l'écrivaine géorgienne, qui écrit en allemand, a voulu sinueux et riche en destins le plus souvent tragiques. Aux côtés du général, le chat (une comédienne d'origine géorgienne) et la corneille (un journaliste allemand) sont aussi les protagonistes, plus ou moins volontaires, d'une histoire complexe dont les tenants et aboutissants ne sont révélés qu'à petit feu, au fil de flashbacks incessants qui racontent l'existence tumultueuse des trois personnages principaux mais aussi de bien d'autres, enrichissant le récit de mille et un détours, psychologiques, sentimentaux, historiques ... La Tchétchénie est le point de départ mais l'action se déplace ensuite de manière rarement linéaire entre Berlin, Venise et Moscou. Si un reproche devait être formulé au livre, ce serait ce luxe de détails biographiques d'une multitude de protagonistes qui freinent parfois l'intrigue majeure, pour laquelle le suspense est insoutenable. Mais comme tout se tient et fait sens, le mal n'est pas bien grand, à supposer que l'on soit adepte du "grand" romanesque poussé à ses limites. Comme un livre de Tolstoï où, après la guerre, il n'y aurait plus jamais de paix possible.


Un grand merci aux Editions Belfond et à NetGalley.

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le 17 août 2021

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