//INTRODUCTION GÉNÉRALE//

Si le Cycle du Rêve apparaît rapidement comme le moins connu des travaux de Lovecraft, il n'en reste pourtant pas moins d'une importance clé si l'on désire réellement comprendre ce qui fait la plume si spécifique de l'auteur. Inspiré par ses maîtres que furent Arthur Machen et surtout Lord Dunsany, dont certaines nouvelles du Cycle sont de véritables hommages non dissimulés, il réalisera donc une série de nouvelles et un roman gravitant autour d'un univers propre, menacé lui aussi par de terrifiantes entités mais emprunt d'une sensation onirique dans chaque écrits. Sa création s'étirant de 1918 à 1932, il offre un vaste regard sur le parcours littéraire de l'auteur et compte bon nombre de ses plus belles nouvelles.


Le Bateau Blanc, troisième nouvelle du Cycle du Rêve écrite en novembre 1919 :

Tandis que le bateau blanc s'éloignait sans bruit des terrasses et des temples de Zar, nous aperçûmes, au loin, à l'horizon, les tours d'une grande cité…

Le Bateau Blanc est, à mon sens, la plus belle des nouvelles du Cycle du Rêve, mettant en avant la poursuite continuelle des hommes envers des chimères d'un autre âge.

Tout commence avec ce gardien de phare, n'ayant jamais failli à sa tâche et ayant guidé les navires depuis des temps lointains. Embarqué à bord d'un sublime bateau blanc semblant frôler l'océan, le voilà parti pour un voyage à travers divers endroits symbolisant les travers de l'humain dans sa course aux vices et à la connaissance. L'ensemble du récit se structure sur une dualité bien mesquine : les splendides cités que découvre le narrateur, aussi belles soient-elles, cachent toutes un secret.


Zar, le pays où tous les rêves et pensées de beauté des Hommes viennent se dépose, ne laisse jamais repartir ses visiteurs, une fois le pied à terre.


Thalarion, la cité des Milles Merveilles, dont l'idole qui la régit rend dément quiconque la contemple.


Ou enfin, Xura, La Contrée des Plaisirs Inassouvis, où l'on ne trouve que la mort guettant dans les ruelles.


Il y a aussi un profond sentiment de nostalgie et de mélancolie poétique qui transparaît à travers ce texte, à la manière de la Porte dans Le Mur de H.G Wells.


La fin douce-amère ne fait d'ailleurs que confirmer la beauté poétique de cette nouvelle, et rappelle au lecteur que la poursuite du bateau blanc ne se fait jamais sans un prix à payer.

Le-Maitre-Archiviste
9

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Sur les traces de Lovecraft (et consorts)

Créée

le 14 août 2023

Critique lue 103 fois

1 j'aime

Critique lue 103 fois

1

Du même critique

Black Phone
Le-Maitre-Archiviste
4

It 2.0 ?

Après une attente fébrile pour le nouveau film de Scott Derrickson, l'homme derrière le terrifiant Sinister ou encore le vertigineux Dr Strange, voici venu le temps de le découvrir en salles ! Loin...

le 11 juil. 2022

16 j'aime

1

Zemmour contre l'histoire
Le-Maitre-Archiviste
8

L'Histoire est une arme

L'instrumentalisation de l'Histoire à des fins politiques, ça ne date pas d'hier. Les historiens polémistes de tout bord, les récupérations de citations de personnalités publiques de source...

le 6 févr. 2022

15 j'aime

10

La Route
Le-Maitre-Archiviste
10

La Route de l'Âme

La carrière du dessinateur Manu Larcenet est à l'image de l'humain dans toute sa complexité : un véritable clair obscur, contrasté par des créations tantôt lumineuses et douces amères (Le Retour À La...

le 29 mars 2024

14 j'aime

5