La Rabouilleuse
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C’est comme souvent chez Balzac une histoire d’héritage : celui qu’une fille de rien, Flore Brazier, pourrait bien souffler aux héritiers légitimes puisqu’elle s’est mis dans la poche le vieux Rouget, notable d’Issoudun qui n’a que mépris pour son imbécile de fils et pour sa fille Agathe, envoyée vivre à Paris dès qu’il a été possible de s’en débarrasser. Mais c’est surtout l’histoire de la lutte entre deux frères : les deux fils d’Agathe, Philippe, soudard cruel adoré par sa mère, et Joseph, artiste doux et rêveur. Tout en se déchirant, l’un et l’autre tenteront d’empêcher Flore, la rabouilleuse, de mettre le grappin sur l’argent du père Rouget.
Ces deux morceaux de l’intrigue ont parfois un peu de mal à s’emboîter. La préface explique ce léger embarras : après la rédaction de la première partie, qui pourrait être une scène de la vie parisienne, Balzac met deux ans à reprendre son ouvrage - il a entretemps fini de concevoir la grande architecture de la Comédie humaine et en profite pour le retoucher profondément.
L’intrigue avance néanmoins à un rythme soutenu et les scènes à Issoudun sont parfaitement rocambolesques - avec une description bien sentie de l’immobilisme délétère de cette ville encroûtée, et le récit des exploits turbulents d’une société secrète de jeunes hommes bien décidés à en troubler la morne quiétude. Mais la partie parisienne du récit éclipse tout, peut-être parce qu’on ressent ce que Balzac a mis de ses ressentiments dans cette histoire d’un fils mal aimé qui, discrètement mais inlassablement, protège sa mère de la cruauté du fils chéri - jusqu’à ce que, dans une scène de révélation et de rédemption finale, son sacrifice et sa gloire soient révélées en plein jour. Une manière de revanche personnelle pour Balzac comme pour Joseph, à côté de laquelle les manipulations de la Rabouilleuse sont peu de choses.
Créée
le 5 nov. 2022
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