L'Œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique par Moizi

Forcément je peux qu'être en accord avec le constat énoncé ici par Walter Benjamin, cependant les 80 ans qui nous séparent du texte permettent de prendre un peu de recul et surtout de voir ce qui n'a pas été accompli. Parce qu'effectivement on se rend bien compte qu'un DVD n'est qu'un bête objet de consommation, et ceci aussi bon que soit le film dessus, ça n'a aucune histoire, c'est un objet éphémère destiné à périr avec son lecteur, ou lorsque les informations inscrites sur le support se détruiront d'elles-même. L’œuvre d'art reproductible qui résiste un peu c'est le livre, mais c'est plus par tradition, cependant on a une tendance naturelle à sacraliser un « vieux livre » plus qu'un bête livre de poche.
Si effectivement le cinéma a ses « défauts » en remplaçant le public par un objectif, en aliénant le corps de l'acteur, c'est justement le fait que certains réalisateurs arrivent à lui rendre toute sa grâce, tout sa beauté et c'est ce que je cherche au cinéma, ces moments de grâce… Le reste ne m'intéresse guère. Et pour y parvenir il y a plusieurs solutions et s'il n'y a pas de recette magique, il faut bien considérer le fait que « considérer un acteur comme du bétail » peut permettre à recréer quelque chose à partir du corps meurtri. De plus il ne faudrait pas réduire le cinéma à un seul art de la scène « filmé ».
Et finalement je pense que je suis bien plus proche de ce que pense Duhamel que de ce que pense Benjamin. Car s j'aurais aimé que les foules s'emparent de ces arts reproductibles pour recréer quelque chose, pour s'en servir, c'est pour ça que je milite pour que les prolétaires s'approprient la culture bourgeoise au lieu de la dénigrer sans même chercher à la comprendre… Parce que ce n'est pas avec leurs bêtes films/BD bien commerciales qu'ils vont construire quelque chose qui les pousse à autre chose qu'à s'aliéner. Cet art reproductible n'est pas un instrument de démocratisation de la culture, mais d'abrutissement général. Bien sûr, heureusement tout le monde ne se fourvoie pas. Mais de manière générale j'ai bien peur que le prolétariat n'ait su saisir la révolution culturelle qui s'offrait à lui et n'a pu que tomber dans tous les travers tendus par le Capital.
Cependant toute la réflexion de Benjamin autour de la réception du public de l'art à la reproduction mécanique reste vraiment pertinente.

Moizi
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le 4 mai 2016

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