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Voir le nouveau totalitarisme en marche de nos jours en France

Le procès Bensoussan résume à lui seul l’état tragique de la montée d’une nouvelle forme de totalitarisme en France dont la reconnaissance n’est pas vraiment diffusée dans le grand public. Qu’il se manifeste au sein d’une population peu éduquée dont on excuse peut-être un peu facilement la violence, on peut le comprendre – même si ça n’enlève rien à sa dangerosité – mais son constat généralisé peut effrayer. Le processus de consentement à la violence semble même déjà en marche. On a beau fabriquer des boucs émissaires qui préservent la bonne conscience et détournent l'attention de l'essentiel à grands coups de médias, on constate par exemple qu’un homme peut crier sa haine et son racisme en pleine rue de Paris et n’être condamné qu’à deux mois de sursis - je fais allusion à l’ agression de Finkielkraut par un gilet jaune le traitant de « sale race », lui demandant de « retourner chez lui » et montrant son keffieh palestinien en lui criant qu’il n’est pas chez lui – alors que lui-même est né en Algérie, Finkielkraut en France…
D’ailleurs, on reproche à Georges Bensoussan d’avoir repris en 2015, lors de l’émission de ce dernier « Répliques », le discours du sociologue algérien Smaïm Laacher ( spécialiste de l’immigration et juge assesseur représentant le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés à la Cour nationale du droit d’asile ), dénonçant la recrudescence maintes fois prouvée d’un antisémitisme arabo-musulman en France ,.
Pétition, plaintes du CCIF , de la LDH, du MRAP, de SOS racisme, de Touche pas à mon pote et même de la Licra ( certains se retireront durant les deux procès), Bensoussan fut mis au ban de la société voué à une mort sociale, lui, cet historien à la carrière et à l’œuvre exemplaire consacrées à la Shoah, lui, cet historien soucieux d’objectivité et de vérité et leur ayant consacré sa vie.
Une fameuse phrase , et uniquement elle , tant on ne peut contester le sérieux scientifique des travaux de Bensoussan , a soulevé l’indignation et l’acharnement de tout ce beau monde et a entraîné un procès de plusieurs années !
Voilà l’objet du délit : « dans les familles musulmanes ( salafistes, avait-il auparavant précisé) on tète l’antisémitisme avec le lait de la mère »…

Cet intellectuel, rappelons-le, avait dirigé en 2002 un ouvrage collectif « Les territoires perdus de la République » où il recensait les témoignages de nombreux professeurs de l’Education Nationale – de différents bords politiques ou sans couleur politique particulière – confrontés au racisme antisémite endémique d’élèves arabo- musulmans.

Après une première partie où il relate en détail son procès ubuesque où ,par exemple, un avocat de l’accusation, en réponse à une remarque soulignant que ce ne sont pas les juifs en France qui tuent les musulmans mais bien le contraire, s’exclame que ce sont bien eux, « les » juifs, qui tuent les palestiniens ( !) , Bensoussan réfléchit dans une deuxième partie à ce que Jacques Julliard qualifie dans sa préface à l’ouvrage d’instrumentalisation de la justice par les « antiracistes pétitionnaires » ( longue tradition française, faut-il le rappeler depuis Dreyfus) où tous les coups bas ont été utilisés pour arriver à condamner là encore un innocent . Devant la prise de conscience de l'absurdité de leur accusation, les accusateurs ont même changé en cours de route l'acte d'accusation, le minimisant, comme le leur permet une loi récente...
Pierre Vermeren, dans Déni français: notre histoire secrète des liaisons franco-arabes, a rappelé que 19 des 20 attentats terroristes ces dernières années en France avaient une dimension antisémite, beaucoup ne veulent pas le voir, comme ils ne veulent pas voir que les minorités séparatistes, moins folkloriques que les LGBTQQI2SAA (sic), sont en train de développer un racisme anti occidental dont nous aurons certainement à subir les conséquences, les attentats terroristes n’en étant malheureusement peut-être que les prémices. On peut même reconnaître qu’il s’agit, depuis la présidence de François Mitterrand , d’une stratégie politique assumée par une certaine gauche.
Donc, on commence par empêcher de mettre des crèches ou des crucifix dans les écoles ( on a obtenu gain de cause), à demander une séparation des femmes et des hommes à la piscine (on a obtenu gain de cause), à porter un signe qui se veut religieux et qui est en fait un signe de soumission de la femme (on a obtenu gain de cause), à empêcher tout soin pendant les prières dans des hôpitaux, à avoir des plats hallal dans les cantines (on a obtenu gain de cause) , à accuser de racisme de plus en plus d’universitaires qu’on souhaite disqualifier pour x raisons etc etc, ensuite on refuse les règles de la démocratie, on censure la liberté d’expression, on installe la terreur, et la machine est lancée, souvent dans l’acceptation criminelle des élites, voire leur contribution ( relisons Croire et détruire de Ingrao…)

Je laisse la parole à Georges Bensoussan dans son bel épilogue qui, à l’issue du procès, a avoué sa tentation de l’exil.
Quand les historiens, les intellectuels, sont obligés de fuir leur pays, victimes de ce genre de lynchage, que peut-on encore espérer de ce pays?

“Dans ce pays où la justice est écrasée par des milliers de dossiers en attente de traitement et de jugement, cette affaire dont l’objet (mais non la portée) demeure dérisoire, a mobilisé des moyens qui eussent probablement été mieux employés ailleurs. On a mis en branle la machinerie judiciaire pour avoir rappelé l’existence dans certains milieux, en France, d’un antisémitisme culturel massif.
Ce procès n’aura été qu’un épisode, parmi d’autres, de la mutation d’envergure qui se déroule sous nos yeux et modifie en profondeur le visage du pays. Une illustration parmi d’autres du naufrage français comme le montre la disproportion entre le flot de condamnations qui m’a submergé et la banalité de mes propos, ce constat sociologique sur la réalité d’un antisémitisme prégnant dans la culture familiale du Maghreb. Le tollé suscité par mes propos était le plus flagrant témoignage du déni de réalité, la mise en lumière d’un effondrement du débat quand nous n’avons plus affaire à des contradicteurs mais à des hérétiques dont les œuvres sont inscrites à l’index. Non des adversaires intellectuels mais des ennemis qu’on met à mort dans des cérémonies d’exorcisme du mal absolu, le « racisme », dont la dénonciation hystérisée en termes de « racisés » et de « Blancs », liquide la notion d’universel et promeut une forme nouvelle de guerre de races, assurant paradoxalement le triomphe du racisme.
Il y a longtemps déjà, quelques intellectuels avaient compris que le rêve totalitaire risquait de se perpétuer sous d’autres formes dans les « sociétés démocratiques ». C’est le cas aujourd’hui quand le comportement moutonnier relatif à la « race » et au « genre » d’une partie des élites (diplômée et socialement écrasée) demeure sourd aux vies des « gens d’en bas » (accusation de « populisme ») “et aveugle plus encore à la biologisation du politique et au triomphe de la « vie nue » qui inaugure l’ère de l’homme superflu sur la terre. Le gouffre ouvert avec le nazisme, ce que le juriste et psychanalyste Pierre Legendre nomme une « conception bouchère de la filiation », est noyé par des commémorations lénifiantes ponctuées de « plus jamais ça ». Sans interroger plus avant ce « ça » là.”
Au cœur de ce paysage, le politiquement correct, dont le « gauchisme culturel » est la colonne vertébrale, constitue le dernier avatar d’un conformisme par nature rétif à la liberté de pensée. Chaque jour, l’islam politique bénit le Ciel d’avoir trouvé en ces juges de la parole et en ces arbitres de l’espace public les plus zélés des « idiots utiles ». Harcelé par la doxa, traqué par des groupes qui disposent d’un bataillon d’avocats et de fonds considérables, le « déviant », lui, aura vite fait de renoncer. Mais la démocratie vire au leurre quand rien ne protège plus le « citoyen ordinaire » d’une violence qui finit partout le visage de la soumission. »

Bensoussan a été acquitté en appel mais je vois arriver le jour où, devant la complaisance, la lâcheté ou la désinformation, la justice ne pourra plus rendre la justice.

addendum : Natacha Polony est à soutenir. Elle doit être jugée en correctionnelle pour « contestation de l’existence de crime contre l’humanité » malgré l'abandon du parquet parce qu'elle a rappelé que dans les guerres, il n'y avait pas d'un côté des saints et de l'autre des bêtes immondes... Espérons que ça mène encore les hystériques de l'antiracisme à se ridiculiser comme dans le procès Bensoussan ( il y a déjà un nuisible en moins avec la dissolution du CCIF après l'affaire Samuel Paty, mais il en reste suffisamment pour museler la liberté d'expression et harceler des gens qui n'ont que le défaut de dire la vérité...)

deuxième addendum : les mêmes associations - sos racisme en bonne place - n'ont honte de rien. Elles ont cette fois mené Zemmour au procès. Son tord : avoir dit que des jeunes migrants isolés, qui ne travaillent pas, qui sont confrontés à la richesse d'un pays dans lequel ils sont rentrés de façon illégale, volent, agressent etc ( assertion d'ailleurs vérifiée par les faits et le taux de criminalité en hausse dans les villes proches de camps de migrants...) Comment la justice peut- elle encore tomber dans le même piège??

Critique écrite en octobre 2021

jaklin
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le 31 oct. 2021

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