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Prenez deux des romans de la rentrée littéraire, Intérieur nuit de Marisha Pessl et Juste avant l'oubli d'Alice Zeniter, décrivez les analogies, cherchez les différences et analysez le savoir faire des deux romancières à l'aune de leur nationalité : américaine et française. Vous avez deux heures ! Bon, davantage si vous voulez, parce qu'on pourrait argumenter pendant longtemps sur les qualités des deux livres d'autant qu'il y aura autant d'avis différents que de lecteurs. Leur point commun est d'inventer un créateur mythique, cinéaste ou écrivain, dont l'oeuvre est abondamment commentée et décortiquée au point de chercher à savoir s'ils ont vraiment existé. Et si on disait que Intérieur nuit a la précision d'un produit fabriqué pour susciter l'admiration et que Juste avant l'oubli possède le charme des œuvres imparfaites mais séduisantes par leurs défauts ? Pas satisfaisant comme conclusion ? Sans doute. Attardons-nous plutôt sur Juste avant l'oubli qui est au fond l'histoire d'une séparation de deux êtres trop différents pour continuer à vivre ensemble. Amélie a choisi de se consacrer à une thèse sur un auteur de polar devenu culte ; Franck aurait bien voulu un enfant et une vie tranquille, lui dont le métier d'infirmier est une vraie vocation. L'incompatibilité des désirs nuit gravement à la santé du couple : c'est évident. Le roman ne saurait cependant être résumé à ce simple sujet : Alice Zeniter catapulte ses deux personnages dans une petite île des Hébrides où l'auteur dont il est question plus haut a fini sa vie, suicidé, en "oubliant" d'écrire le dernier chapitre de son ultime polar. Dans cet environnement désolé, entre cormorans et phoques, Franck et Amélie vont prendre conscience de la distance qui les sépare, elle au milieu d'un congrès d'universitaires, lui au contact du gardien de l'île, misanthrope invétéré qui vomit les intellectuels par tous les pores. Alice Zeniter a un style très personnel, vif argent et sous-tendu par un humour placide hormis dans sa conclusion, un poil pompeuse et convenue. Son livre, relativement court, se distingue par ses ruptures de ton et se révèle passionnant au-delà de son thème central, justement pour cette richesse insérée dans une vision panoramique et kaléidoscopique. Il paraîtra pour ces mêmes raisons ennuyeux et bancal à certains d'autant qu'il peut être difficilement classé dans un genre particulier : thriller, mélodrame, comédie, satire, documentaire sur les îles du nord de l’Écosse. Voici un roman qui fascine par son caractère désorientant comme une boussole affolée par des vents contraires.

Cinephile-doux
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le 4 janv. 2017

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