Cover Top 10 Films

Top 10 Films selon Rainure

Cette liste de 10 films par Rainure est une réponse au sondage Top 100 films des Tops 10

Liste de

10 films

créee il y a plus de 8 ans · modifiée il y a plus d’un an

Sonate d'automne
7.9
1.

Sonate d'automne (1978)

Höstsonaten

1 h 37 min. Sortie : 11 octobre 1978 (France). Drame

Film de Ingmar Bergman

Rainure a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Des images apparaissent comme apparaitraient des tableaux. Sur ces tableaux, des fonds inanimés où s'animent la Musique, les musiciens - le violoncelliste, les pianistes. S'échangent les opinions, les perceptions de la vie autour de préludes, lors d'une première séquence forte. Des bougies fondent petit à petit, l'alcool descend aussi et les forces changent de camp : la fille apeurée du début s'acharne et hait sa mère, règle ses comptes de façon forcenée, sans répit, de façon à faire couler les larmes. Sans honte, au début, puis submergée par la honte. On ne sait pas aimer, on sait très bien créer des solitudes ; on voudrait mouler l'Amour comme on veut, mais ce n'est pas ça être parent, c'est écouter être parent. C'est écouter, ça ne s'était pas fait mais - espoir de la dernière lettre - ça n'était peut-être pas encore trop tard, comme la maladie n'a pas encore emportée Helena (qui souffre pourtant, qui pleure aussi, qui va finir par ramper).

Bergman fait un vrai tour de force ici par l'ampleur démesurée que prennent les discussions - quand en même temps on se moque gentiment des beaux mots - pour creuser tout au fond des relations sociales, c'est l'abîme d'une famille...

Mort à Venise
7.2
2.

Mort à Venise (1971)

Morte a Venezia

2 h 10 min. Sortie : 4 juin 1971 (France). Drame, Romance

Film de Luchino Visconti

Rainure a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Tadzio, Tadzio...


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Où doit s'arrêter l'exigence de soi, où commence l'amour ?
Où la beauté se trouve-t'elle, se trouve telle qu'on ne peut y rester indifférent ?
Où la menace sourde, où l'on repeint des visages et des rues de blanc ?
Comment achever sa vie en beauté ? Ne rien regretter ?

Un signe suffit, un sourire, à demi-évoqué, pour s'éprendre. Follement. Pleurer le passé. Devant un teint diaphane, se sentir vieux, et recourir à une beauté fortuite et suintante méticuleusement appliquée. Et l'on retourne vers les lueurs, nous voilà traversé... L'échec, musical, la perfection inatteignable, qu'est-ce devant ça ? Cette pureté ? Cette clarté envahissante ? Si peu.

La Maman et la Putain
7.9
3.

La Maman et la Putain (1973)

3 h 40 min. Sortie : 17 mai 1973. Drame, Romance, Comédie

Film de Jean Eustache

Rainure a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Veronika splendide et Alexandre méprisable, rien n'a changé. La même fascination pour l'espèce de monologue qui tourne à vide et ose tout du second, la cristallisation des rôles de beau parleur de Léaud en un moulin à paroles ridicule et fantoche, belles phrases et beaux mots, aucune estime de l'autre, pour en fin de compte s'enrayer, se bloquer, ne rien oser de vraiment beau, de joyeux. Quand Veronika elle n'amène quasi que ça, la bulle d'air, l'attention la vraie, la tendresse aussi, et parle droit et vrai au fur et à mesure, en récupère la possibilité et la force - magnifique monologue final aux balbutiements, répétitions affirmant tout le vrai de ce qu'elle pense, Veronika, en fin de compte, ce qu'on peut dire de tout ce petit bonhomme sordide d'Alexandre, "je ne joue pas la comédie" glaçant.

Ventura
7.9
4.

Ventura (2014)

Cavalo Dinheiro

1 h 43 min. Sortie : 15 juin 2022 (France). Drame

Film de Pedro Costa

Rainure a mis 10/10.

Annotation :

Noyées dans les noirs, les statues qui dorment, sous les yeux. Sous les yeux, des mirages, des épreuves, comme des ruines de souterrains, de couloirs, qui illuminent l'oeil de tristesses impalpables, de non-passé, de choses interrompues, ou regrettées, enfin, qui s'étalent et s'emplissent à leur tour du sombre, du drapé poix, encre qui dépasse partout. Les visages surgissent du passé, on s'y affronte, on s'y pèse, dans toutes les faiblesses du corps tremblant, débile et fatigué du temps, des épreuves, en tous les sens perdus. Rapport fragile à la fragilité de ces membres, la mort dessinée dans les figures encore vivantes, dans les démarches de zombies, l'errance sans but. Puisqu'il n'y a pas d'espace, on ne saura jamais tout vraiment où l'on est, y a-t-il autre chose qu'errer, des mètres, pas grand chose, on s'assoit ou on tombe souvent, on marchote sans ambition et envie. Puisqu'il y a un poids immense, tu le sens ce poids de ces mains, ces regards, ces actes passés, le soldat et le tranchant au couteau. Au milieu de la misère, de la souffrance totale, contre les démons, dans la claustrophobie cauchemardesque de l'ascenseur et l'opposition à la statue vivante du soldat, la conscience, mille voix s'élèvent et se mêlent, on combat pour sa dignité à combattre, la rigueur à porter la blessure, la vie violente. L'orgue se soulève, affirmation d'une vie continuée, même dans cette fournaise vide, cette garnison longue dans une casemate dépeuplée, en pierres et en voiles aveugles, l'orgue et des voix qui témoignent d'une existence ramassée, où les obsessions surgissent, s'acharnent à corriger, rejouer les questions, les mauvais gestes, l'éternel du regret, le monde où subsisteront encore des cris.

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(sans parler de l'image incroyable de Pedro Costa, sans en parler plus que ça : il faut voir pour croire, ou réinventer un langage de mots étriqués, trempés dans un pétrole épais, sans vraiment de reflets, étouffant la lumière, désossant des corps et découpant des fenêtres, pour écrire rien qu'un peu de ce que j'ai vu, ce que d'autres verront)

La dolce vita
7.8
5.

La dolce vita (1960)

2 h 54 min. Sortie : 11 mai 1960 (France). Comédie dramatique

Film de Federico Fellini

Rainure a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Marcello défait et comme traqué par la ville silencieuse, Marcello avec que sa peau traînée par de ça, par de là, dans la vide foule romaine. Rien que ces images de dépeuplement, de conduite de nuit en pistes sans but, rien que ça pour estomaquer, déjà. L'homme tout seul dans tout ça, tout seul pour traverser les possibles crises profilées, qui rattrapent partout, et donc rien que du bruit, rien que du bruit pour s'accrocher, n'y rien comprendre. Fou jeu de faux et de mise en scène, incalculables paparazzos dictant les répliques des acteurs, déguisements tous plus extravagants, poursuites de fantômes ou d'idoles invisibles, Steiner aussi, les enregistrements audio, le paraître, le désennui dans le "faire comme si de rien" et tant de façons d'oublier un temps que tout ça c'est vain, au grand jour on n'est plus que délavé, monstre hagard.

Pour la ville silencieuse :
https://www.youtube.com/watch?v=1HLPi_6L1ME

Koyaanisqatsi
8
6.

Koyaanisqatsi (1983)

1 h 26 min. Sortie : 24 août 1983 (France). Expérimental

Documentaire de Godfrey Reggio

Rainure a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

L'hypnose des vagues et des nuages, au début, perdus devant l'immensité de la nature, dans les plaintes de Philip Glass.
Puis le monde humain. Les machines, les véhicules, les déchaînements. Les explosions.
Tous les déchirements. Les prises de vitesse, la déraison. Parfois, rarement, on fige une personnalité, un humain malgré tout - puis vite on rappelle qu'on est bien peu devant le reste. Les images accélérées devant les foules folles des voitures, sur les autoroutes, les parkings bondés de plein de couleurs ; les postes de télévision par milliers, les chaînes de montage, la cadence folle (ralentie, accélérée, presque stoppée). Les flux et les reflux, au travers du cycle immense du film.
Les soulèvements des instruments, les sifflements par milliers et miroirs, les visages indétectables. Les malheurs de la guerre, la bourse en cirque complet.
Le capitalisme comme un échec, comme un grand désastre à abattre - à venir. La société nous consomme. L'économie qui dépasse l'homme, réduit à une foule. Sans individualité, et l'individualité souffre. Tout est feu, tout est lumière - des lumières la nuit, des fenêtres qui ne cessent d'exister, qui s'éteignent ou pas, la lune qui monte derrière.

E = mc carré, la folie des hommes qui va avec. Les décollages, l'explosion dramatique.

J'ai lâché ma larme à la fin.

Hana-bi
7.8
7.

Hana-bi (1997)

1 h 43 min. Sortie : 5 novembre 1997. Policier, Drame, Romance

Film de Takeshi Kitano

Rainure a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Du dévouement, de l'attachement, beaucoup d'Amour et du sang.


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Culpabilité infinie, immense. Indicible. On ne comprend pas. Des injustices semblent pleuvoir, mais on s'attache à des sursauts pour continuer à vivre - tenter de vivre.

Deux tentatives parallèles et partagées : l'une en se renfermant sur le souvenir qui ne veut plus se dissiper, et qui est en fait une sorte de mort / on n'avance plus.
L'autre qui veut créer de nouveaux souvenirs au contraire, qui avance violemment vers un mur qu'on devine, mais qui sera la vie voulue.

On fait sourire encore / on essaye, partout où l'on peut : une veuve qu'on console, un vieil ami à qui on offre une méthode, un moyen de peut-être s'en sortir.
Surtout une femme, sans qui on ne peut vivre, qui ne nous enlevera pas certains souvenirs hantés, mais qui ne peut pas non plus vivre sans nous et partage d'autres souvenirs hantés.

"Merci. Merci pour tout."

Pour Joe Hisaichi aussi.

Requiem pour un massacre
8.2
8.

Requiem pour un massacre (1985)

Idi i smotri

2 h 22 min. Sortie : 16 septembre 1987 (France). Drame, Guerre

Film de Elem Klimov

Rainure a mis 10/10.

Annotation :

Peu de mots : c'est un film difficile, terriblement dur, qui ruine et violente autant par l'image, que la consistance de l'image (la traversée de la boue, les plaies purulentes, les feux), c'est autant l'effroi soudant et vrombissant des obus (et l'image noyée de poussière d'un coup) que le souffle crépitant de balles aux couleurs fantasques dans la nuit. Expérience sensorielle folle, portée par un travail immense sur le son (l'impression quasi-constante de surdité, des travaux de Mozart comme les paroles, noyées), sur un rythme lancinant, et puis c'est l'absurdité de la violence qui tombe sans objectif, indifféremment, à l'aveuglette. C'est la masse, et ce sera toujours la masse - les charniers, les massacres. Et dans cette masse, une destinée qui n'est même plus une destinée, un visage qui fixe ce qui reste, rien, et qui s'emporte et maudit tout. Tout est si flottant, si loin, et d'un coup ça tranche, ça assène, jusqu'aux sangs, jusqu'aux fond des nerfs. J'ai rarement été aussi bouleversé - aux tripes ; mal à l'aise que pendant ce film.

Phantom of the Paradise
7.9
9.

Phantom of the Paradise (1974)

1 h 32 min. Sortie : 25 février 1975 (France). Comédie musicale, Drame, Fantastique

Film de Brian De Palma

Rainure a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Il y a d'une part ce règne de l'oiseau : le corbeau qui ouvre sans bruit, effrayé, son bec de profil, regarde de son seul oeil encore disponible, d'un regard figé ; l'autre oeil, le ciel parle déjà à travers lui. Le corbeau, symbole des disques - littéralement - de la mort (le logo qui passe par toutes les couleurs dans l'introduction, rappelant l'intro de Vertigo), la mort jamais bien loin. Il y a le cygne, beau et éternellement jeune, pur extérieurement - quand à l'intérieur se cache toute la crasse. Le cygne, dont le dernier chant est le plus beau - la fin de la cantate, en fanfare, en salves, en folie du public, comme le désirait Swan - et marque aussi sa mort. Il y a le phénix, déjà beau, immensément beau au départ, mais qui reparaît encore plus beau après une première "mort" (être relégué aux choeurs), qui finit par le feu, et le phénix renaît, plus beau, immensément, plus grand. C'est le triomphe du phénix.

D'autre part - je dirai peu là-dessus, tout a sans doute déjà été dit - le double-jeu de Faust, le double contrat, reliant ce faux Paradis au vrai Death Records ; on se joue de tout, en s'en moquant légèrement "c'est la coutume".

Puis ensuite ; ces jeux de caméra qui tourne, virevolte, s'envole et revient se poser ; les miroirs, et déguisements par milliers - le règne du faux, du spectacle : l'oeuvre dérobée, dénaturée, le grand-guignolesque superbe des mises en scène kitch, tous les jeux de miroirs, et puis la voix modifiée, triturée : la voix portée par l'autre. L'usurpation et le clinquant.

De Palma qui s'amuse à tout faire déborder - l'image surchargée de néons, les superpositions d'images, d'écrans dans l'écran (les séquences vidéosurveillées, Swan observé qui se fait voyeur de celui qui l'observe, les balcons dont on regarde sans être vus) ; je retiendrai entre-autre ce moment où le Phantom compose, et se superposent les partitions, le temps qui s'écoule, la tête masquée...

Andreï Roublev
8.1
10.

Andreï Roublev (1966)

Andrey Rublyov

3 h 03 min. Sortie : décembre 1969 (France). Drame, Biopic, Historique

Film de Andreï Tarkovski

Rainure a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

La renaissance des couleurs, j'en ai presque pleuré.

Et tous ces regards, où tout passe, et ces fenêtres comme ouvertures sur la lumière et les hommes, et d'autres regards... J'ai cherché un regard humain qui me ressemblait.

Rainure

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