Cover Otto Preminger - Commentaires

Otto Preminger - Commentaires

Auteur singulier dans le paysage hollywoodien, qui s’est affirmé par une méticulosité presque obsessionnelle, un esprit sceptique, une ironie, une curiosité et une soif d’objectivité inépuisables, ainsi qu’un talent considérable pour lier les dimensions personnelle et collective, privée et ...

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15 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a 8 mois

Laura
7.8

Laura (1944)

1 h 28 min. Sortie : 13 juillet 1946 (France). Film noir

Film de Otto Preminger

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Le récit entier se bâtit autour de la présence/absence d’un être fantomatique, la Laura du titre, Gene Tierney dans l’un des ses plus beaux rôles, irréelle et enivrante. Elle disparait, et la fiction s’emploie à recomposer les fragments de sa légende, construite en spirale, en adoptant un style nimbé de mystère qui oscille entre observation clinique et suavité fantasmatique : travail systématique à la grue, chorégraphie de la caméra organisant un rapport mouvant entre personnages et décors, mise en scène d’une distance soigneusement contrôlée. D’où la singularité de ce film-principe, qui fond le thriller, la satire sociale et le drame romantique en un poème envoûtant sur le temps révolu et le discours amoureux. Au panthéon des classiques, il est l’une des œuvres phares du cinéma noir dont il incarne l’avatar onirique.
Top 10 Année 1944 :
https://urlz.fr/kefT

Crime passionnel
6.9

Crime passionnel (1945)

Fallen Angel

1 h 38 min. Sortie : 5 octobre 1949 (France). Policier, Film noir

Film de Otto Preminger

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Preminger reprend en partie l’équipe de "Laura", sorti quelques mois plus tôt, et poursuit dans les limbes équivoques de l’innocence et de la culpabilité son exploration de l’ambivalence humaine. Sa maîtrise du genre noir, son aptitude à tirer le meilleur parti du décor portuaire et à illustrer la double nature des êtres apportent une remarquable unité à cette toile vénéneuse faites de tromperies et de manipulations, mais où les sentiments viennent jouer les trouble-fêtes. Fasciné par les tours et détours à prendre pour mieux se connaître, le cinéaste nous balade entre vérité et mensonge, entre une beauté brune à la sensualité exotique et une blonde douce et affectueuse, le long d’un suspense moral tenu d’une main de maître, prenant de bout en bout.
Top 10 Année 1945 :
https://urlz.fr/keg0

Femme ou Maîtresse
6.8

Femme ou Maîtresse (1947)

Daisy Kenyon

1 h 39 min. Sortie : 8 septembre 1948 (France). Drame, Romance

Film de Otto Preminger

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Une fois de plus, le cinéaste active la figure du triangle amoureux et raconte la sinueuse prise de conscience d’une femme partagée entre deux hommes, l’un bon, discret, dévoué, sûr de ses sentiments et de ceux qu’elle lui porte, l’autre plus pressant, plus fanfaron, exorcisant dans leur relation échecs et responsabilité d’un mariage qu’il préfère fuir plutôt qu’affronter. Loin des stridences du mélodrame, il creuse un registre intimiste d’une belle acuité psychologique et dépeint des êtres complexes, ambigus, contraints de composer avec eux-mêmes. Pour atteindre les signes tangibles de la reconnaissance du bonheur, il faut savoir manœuvrer comme un tacticien, se défausser de ses chimères sur soi et sur les autres : chemin que ce film lucide et secret nous fait arpenter avec ses personnages.

Le Mystérieux Docteur Korvo
6.6

Le Mystérieux Docteur Korvo (1949)

Whirlpool

1 h 37 min. Sortie : 14 février 1951 (France). Drame, Policier, Film noir

Film de Otto Preminger

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Si le cinéaste verse à nouveau dans le genre criminel et intimiste qui a fait sa réussite, il accomplit un pas de plus vers la manipulation, tant des personnages que du spectateur. C’est à la fois son atout et sa limite que de tisser une machination perverse dont la lente et rigoureuse mise à nu en appelle davantage aux artifices du scénario qu’à l’investissement de la mise en scène. Preminger témoigne de sa capacité à errer entre normalité et folie, sur la trace d’une héroïne transie, à capter le mystère de certains comportements, à mettre en valeur l’étrangeté qui borde souvent le monde rationnel (que l’on songe à la voix de José Ferrer), mais son film vaut d’abord par son habileté à nous balader d’un rebondissement à l’autre, captifs consentants d’un jeu rusé du chat et de la souris.

Mark Dixon, détective
7.5

Mark Dixon, détective (1950)

Where the Sidewalk Ends

1 h 35 min. Sortie : 22 août 1951 (France). Film noir, Policier, Drame

Film de Otto Preminger

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Plusieurs confirmations s’imposent à la vision de cet admirable polar urbain, haletant, rigoureux, qui négocie sans faillir la tenue de son récit à l’aune de nœuds psychologiques complexes. D’abord, que Preminger est un maître de la mise en scène précise et souple, sachant inscrire l’enchaînement des faits et des comportements dans l’inquiétante ambigüité d’un New York nocturne. Ensuite, que voir le sobre et excellent Dana Andrews face à Gene Tierney, plus belle actrice du monde, c’est du petit lait (mais on le savait déjà depuis "Laura"). Enfin, que le cinéma policier est le terrain d’épanouissement idéal pour explorer la frontière ténue séparant le crime de la loi, le renversement des valeurs morales, les rapports entre conscience, culpabilité et rachat. Un modèle du genre.
Top 10 Année 1950 :
http://lc.cx/ZU7r

Un si doux visage
7.1

Un si doux visage (1953)

Angel Face

1 h 31 min. Sortie : 27 mars 1953 (France). Drame, Policier, Film noir

Film de Otto Preminger

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Preminger confère au film noir une forme de romantisme pervers, décortique le mystère des êtres en creusant la relation trouble entre une criminelle et sa victime. Une fois de plus, il joue de la double polarité entre l’ombre et la lumière, observe le partage de la volonté et de la mélancolie, du présent et du passé, et dissèque le processus irréversible d’une obsession passionnelle. On est inexorablement entraîné dans un monde confus et vague où le plus beau visage d’ange masque un démon destructeur : c’est ainsi que le fantastique, constante des cinéastes viennois (Stroheim, Lang, Sternberg, Wilder) imbibe peu à peu le récit, né de la peinture exacte et réaliste d’un univers encerclé par ses machinations. Robert Mitchum et Jean Simmons, maléfique et gracieuse à la fois, y apportent leur talent.

Rivière sans retour
7

Rivière sans retour (1954)

River of No Return

1 h 31 min. Sortie : 12 novembre 1954 (France). Aventure, Romance, Western

Film de Otto Preminger

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Rien ne destinait Preminger, cinéaste urbain par excellence, à se frotter aux espaces ouverts et naturels, au rythme sauvage et au mythe pur et purificateur de l’Ouest qui se regarde passer dans l’eau des torrents. Il s’en sort avec une aisance éprouvée, honorant scrupuleusement un cahier des charges rempli jusqu’à la garde de péripéties hétéroclites et d’oppositions psychologiques. Classique et sans surprise, loin de l’évolution idéologique que le western connaît à l’époque (les Indiens y sont toujours des brutes féroces et sanguinaires), le film se suit sans déplaisir, grâce à la belle simplicité de ses relations triangulaires (le père, le fils, la mère en devenir), et à l’attrait de Marilyn dans le rôle d’une petite chanteuse de saloon égarée au pays des chercheurs d’or, qui rayonne en jean serré, bottes et corsage.

Carmen Jones
6.6

Carmen Jones (1954)

1 h 47 min. Sortie : 16 décembre 1981 (France). Comédie musicale, Drame, Romance

Film de Otto Preminger

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

La Carmen de Bizet est devenue une plieuse de parachutes rebaptisée Jones, la tendre Micaela métamorphosée en Cindy Lou, Escamillo troque ses banderilles pour des gants de boxe, l’Espagne est remplacée par le Sud des États-Unis au beau milieu de la guerre, et le piment blasphématoire de l’apport jazzistique parachève la modernité de la relecture. Tout le film ressemble au générique de Saul Bass : cette rose noire qui brûle dans les flammes pourpres du désir et désigne le point de fuite d’une tragédie colorée, mise en scène comme un galop mortuaire. Il n’est pas exempt de baisses de tension et n’échappe jamais tout à fait aux écueils d’un "all-black opera" filmé, mais il dispose d’un sacré atout : Dorothy Dandridge, fougueuse, rétive et sensuelle, dont l’énergie vitale le dispute au fatalisme innocent.

L'Homme au bras d'or
7.2

L'Homme au bras d'or (1955)

The Man With the Golden Arm

1 h 59 min. Sortie : 4 juillet 1956 (France). Drame

Film de Otto Preminger

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

L’Amérique des paumés et des perdants, des marginaux et des bannis de la réussite, est ici dépeinte avec une crudité qui brise un des grands tabous de l’industrie hollywoodienne et qui, on le sait, vaudra à Preminger quelques soucis avec le code Hays. Les ressorts de l’intrigue ont beau appuyer parfois un peu lourdement le propos, le film n’en éclaire pas moins généreusement le drame d’un homme rattrapé par ses démons, que seule l’affection d’une amie fidèle pourra sauver. La partition jazzy et syncopée de Bernstein colle aux images en offrant leurs battements de cœur aux séquences, la description du monde nocturne et enfiévré du poker clandestin captive, et la frontalité avec laquelle sont transcrites les affres de la drogue trouve son accord parfait dans la formidable interprétation de Sinatra.

Bonjour tristesse
6.6

Bonjour tristesse (1958)

1 h 34 min. Sortie : 7 mars 1958 (France). Comédie dramatique

Film de Otto Preminger

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Fidèle à sa manière, Preminger assume tous les signe extérieurs de richesse hollywoodienne (limpidité narrative, couleurs saturées d’un été solaire) pour approcher touche par touche, cercle par cercle, une vérité bien plus douloureuse que ce que les images laissent pressentir. Sa chronique du mal-être adolescent, qui analyse les conséquences terribles d’une banale désillusion et voit une jeune fille provoquer une tragédie avec un trouble mélange de calcul et d’inconséquence, est un drame du remord et de la blessure intime qui dévoile tout l’envers d’une dolce vita charmeusement morbide. Le trio d’actrices est royal : mise en valeur par la maturité de Deborah Kerr et la fantaisie sexy de Mylène Demongeot, Jean Seberg affirme une fraîcheur, un charme, un rayonnement incroyables.
Top 10 Année 1958 :
http://lc.cx/Zw9w

Autopsie d'un meurtre
8.1

Autopsie d'un meurtre (1959)

Anatomy of a Murder

2 h 40 min. Sortie : 14 octobre 1959 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Otto Preminger

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le titre dit bien l’intention programmatique parcourant l’entreprise : elle consiste en la dissection précise, méticuleuse et procédurière d’un cas juridique, visant à illustrer l’ambigüité de la justice et les limites d’une vérité évanescente à travers un patient processus intime, un long combat contre les ombres. Nourri par une intransigeance sans défaut, un sens aigu du mystère, de l’intangible et de la faiblesse humaine, le film prend son temps, s’attache à cerner tous les aspects du sujet dans une démarche de recensement pointilleux. Captivant d’un bout à l’autre, porté par une hauteur de vue qui n’empêchent ni le scepticisme souriant ni l’ironie satirique, il dessine en outre un beau portrait d’avocat fragile, obstiné, retors, en quête d’honneur perdu, et à l’égard duquel l’auteur nourrit une évidente complicité.

Exodus
6.7

Exodus (1960)

3 h 28 min. Sortie : 3 mai 1961 (France). Aventure, Drame, Guerre

Film de Otto Preminger

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Cinéaste de l’objectivité et de l’exposé factuel des choses et des évènements, Preminger laisse pour une fois parler ses convictions et exprime son attachement à la cause israélienne à travers cette longue fresque sur la création de l’État hébreu. Son appréhension de l’Histoire à partir des pulsions individuelles, des notions de secret et d’aveu, son goût de la politique, de ses arcanes et de ses complots, éclairent les problématiques complexes et dispersées d’un sujet dont il tient à ménager les nuances : rivalités entre l’Irgoun et la Hagannah, entre les partisans de l’action violente et les pacifistes, organisation dans les kibboutz, heurts avec le colonialisme anglais... Mais les impératifs hollywoodiens, entre clichés sentimentaux et raccourcis idéologiques, ternissent quelque peu le lyrisme de l’ensemble.

Tempête à Washington
7.6

Tempête à Washington (1962)

Advise and Consent

2 h 19 min. Sortie : 6 juin 1962 (États-Unis). Drame, Thriller

Film de Otto Preminger

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Pendant près de deux heures et demie foisonnantes, Preminger démonte les coups de théâtre et les calculs inavouables du jeu politique, éclaire les rouages complexes des trafics d’influence, de pression et de manipulation auxquels se livrent les tenanciers du pouvoir. Tel un Altman avant l’heure, dans une optique d’exhaustivité et avec une aisance soufflante, il organise une structure narrative complexe qui frappe par sa clarté d’exposition et son équilibre exemplaire, fait se croiser une cinquantaine de personnages, enchâsse les intrigues, creuse une thématique audacieuse (la chasse aux sorcières, l’homosexualité…), et se livre à une critique virulente des institutions américaines. Subtile, lucide et passionnante, la fresque est emportée par une pléiade de stars inspirées.
Top 10 Année 1962 :
http://lc.cx/Bs6

Le Cardinal
7

Le Cardinal (1963)

The Cardinal

2 h 55 min. Sortie : 12 décembre 1963 (France). Drame, Guerre, Historique

Film de Otto Preminger

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Entre l’apprentissage de l’humilité dans les bas quartiers de Boston et l’accession au cardinalat, Preminger raconte le cheminement sacerdotal d’un prêtre dont il nous fait partager les doutes et les interrogations, les crises spirituelles et la tentation de l’amour humain, et c’est en accordant à nouveau la dimension personnelle de son sujet à un cadre collectif qu’il impose l’admirable sagacité de son discours. De la Première guerre mondiale à l’avènement du nazisme, de la survivance du racisme sudiste à l’hypocrisie de l’appareil vatican, il étudie les tensions et les ambiguïtés de l’Église, ses conflits intérieurs, ses contradictions politiques. La vigilance constante du cinéaste, son sens de l’équilibre, sa rigueur analytique offrent sa pleine valeur à cette œuvre complexe, captivante, d’une scrupuleuse précision.
Top 10 Année 1963 :
http://lc.cx/Be9

Bunny Lake a disparu
7.7

Bunny Lake a disparu (1965)

Bunny Lake Is Missing

1 h 47 min. Sortie : 30 décembre 1969 (France). Thriller, Drame

Film de Otto Preminger

Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Abandonnant les productions lourdes pour revenir à un sujet plus intimiste, Preminger renoue avec les précieux polars freudiens de ses débuts et développe une intrigue machiavélique dont l’essentiel se joue à la lisière exacte de la raison vacillante et de la folie menaçante. Borderline dans sa forme, le film prend soin de ne jamais choisir tout à fait entre enquête policière et drame psychologique, réalisme et stylisation, sophistication et dépouillement, et navigue dans un entre-deux fragile et assuré où mystères, doutes, visions oniriques et personnages doubles ou triples se déploient comme jamais. Le suspense est vénéneux, qui fait du malaise, de l’inconfort et de l’indécision ses maîtres mots, et qui exerce une fascination maximale en explorant la marge entre l’ordinaire de son envers cauchemardesque.

Thaddeus

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