Films 2022

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J'aime bien quand on traite d'un phénomène surnaturel en étant très fidèle au réel, en dépeignant avec beaucoup de réalisme, même de naturalisme, tout le reste de l'environnement. C'est le cas ici avec une introduction assez longue qui appuie beaucoup sur une description précise de la ruralité et sur l'impression que ce couple vit quasi reclus (alors même qu'il déborde d'espace, entouré de ces beaux paysages dénudés sans un humain à la ronde). D’ailleurs le travail sur la photo et le son rend service à ce parti pris, qui est juste un peu terni par le choix des acteurs, très bons par ailleurs mais dont les corps et les visages trahissent qu’ils ne sont pas du tout dans la vraie vie les paysans qu’ils incarnent à l’cran.

Je suis plutôt facile à convaincre quand un film s’essaye à ce genre de scenarios chelous, mais là j’ai pas bien saisi où c’était censé nous mener et le film finit par s’installer sur des rails assez classiques sans que se dégage vraiment un propos. Finalement même l’élément perturbateur (le frère qui débarque) ne perturbe pas, puisque le refus du couple de discuter de son choix d’adopter la bête est finalement vite admis par l’invité surprise. Et la conclusion, plutôt attendue (et on ne cherche pas trop à ménager le suspense pendant le film), apporte elle aussi assez peu

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Vraiment plein de choses intéressantes dans ce film sans vraiment de scénario (les personnages apparaissent puis disparaissent quand on pensait qu'ils allaient devenir centraux, l'intrigue n'en est pas vraiment une, l'échelle de temps n'est pas précisée...), sans ancrage local (ça se passe à Bogota et ça pourrait très bien se passer ailleurs pour la plupart des scènes, la Colombie est peu identifiable, ça parle anglais ou espagnol, les gens sont anglais, français ou colombiens), sans message évident mais d'une grande beauté et qui se construit étrangement, avec deux premiers tiers urbains et relativement explicites, et un dernier tiers très lent, à la fois onirique et spirituel dans son propos et très prosaïque dans ce qu'il montre, fantastique mais pas du tout démonstratif. Tout un travail sur le son qui est assez passionnant

Je le reverrai je pense

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J’ai avec ce film le même sentiment déçu qu’avec ceux de Julia Ducournau. Une proposition formelle très intéressante, ici vraiment beaucoup d’idées et un onirisme auquel le cinéma français me semble assez peu habitué et que j’aime jusque dans son kitsch – mais aucun propos, aucune idée, rien à tirer du film que je viens de voir. Ça donne une impression globale assez étrange : je sors d’un film auquel on peut prêter une certaine radicalité mais qui ne me procure presque rien. Bégaudeau dit que Mandico documente dans ses films sa haine du réel. Je sais pas si c’est rhédibitoire mais c’est vrai.

Comme chez Ducournau, on effleure un regard queer et féministe, et on s’en revendique sûrement, mais on s’en tient à ce geste. On effleure et c’est tout. Est-ce que c’est un film féministe, ou même simplement un film qui propose quelque chose sur le genre, le féminin ? Il faudrait dire en quoi, moi je vois pas trop. Mettre en scène exclusivement des femmes (et pourquoi au fait ?) ne suffit pas, ça ne suffit d’ailleurs même pas à s’extirper du male gaze, et à cet égard on pourrait se demander ce qui justifie ce penchant lubrique et le fait que les femmes passent leur temps à se caresser et vouloir baiser tout le monde (si elles ne le font pas elles s’en justifient).

Et quand un homme arrive finalement, il est presque salvateur, il a offert à Roxy un plaisir charnel que jamais elle n’avait éprouvé. À l’inverse ses liaisons sexuelles féminines ont toutes les allures d’une malédiction. On notera aussi la virilité démonstrative de la quasi-totalité des femmes, qui pourrait à la limite être intéressante à proposer, comme une sorte de redistribution des rôles genrés dans une planète où seules les femmes ont survécu. Mais comme pour la moindre interprétation qu’on pourrait proposer de ce film, on en reste au stade de l’hypothèse sans que vraiment Mandico ne daigne aller plus loin.

Je suis pas un obsédé du propos, je pense qu’un film peut être beau sans avoir aucun message à promouvoir. Mais j’ai besoin d’un récit, c’est-à-dire un peu plus qu’un scénario et un peu plus qu’un projet formel. Je vois que Mandico a réalisé plusieurs clips et je comprends mieux : son film est un clip de deux heures.

Quant à ce fameux universel formel que j’ai vanté, Mandico recycle beaucoup des bonnes idées qu’il avait eues pour Les Garçons Sauvages et ça en réduit un peu l’intérêt malgré tout. Et enfin il faut dire quelque chose de ce choix très étrange d’avoir imposé cette voix-off qui a pres

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Les films de Vinterberg sont toujours alléchants et j’en sors toujours frustré. Comme dans Festen, l’environnement social qu’il dépeint est pas cohérent, on comprend pas bien dans quel milieu tout ça se passe. On frôle à la fois la grande bourgeoisie et la beauferie (tout pareil que Festen), et je veux bien que les profs danois soient mieux payés que les nôtres et que les élèves soient tous très gentils, mais là… Être rigoureux dans le paysage social qu’on dresse, c’est pas une lubie de gauchiste, c’est simplement être fidèle au réel, surtout dans un film où ça occupe une place importante.

J’ai aussi trouvé que ça manquait de subtilité. Les profs ont des rapports caricaturaux à leurs classes, que ce soit avant ou pendant l’expérience. Et je parle même pas de cette conclusion très gênante. La mise en scène se repose beaucoup sur Mads Mikkelsen, et sûrement à raison parce qu’il est très bon, même si on a finalement pas un personnage si riche que ça.

Et surtout, même si ça se suit sans déplaisir, le scénario est vraiment très linéaire alors que le synopsis permettait d’envisager quelques petites péripéties, ou au moins quelques moments de rupture. Là tout est très attendu, on est peu stimulé par les développements de l’histoire, qui se trouve d’ailleurs une conclusion faiblarde, qui donne peu à réfléchir. Que pense Vinterberg de ses personnages et de leur expérience ? À trop vouloir éviter de le montrer, ça donne l’impression qu’il en pense rien, et ça produit de l’indifférence

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Psartek les blagues de pets mais je me suis quand même fait chier

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Quand tu veux faire un film d'auteur et que t'es pas trop inspiré, t'as juste à enchaîner les plans fixes, réduire les dialogues et instaurer une espèce de lenteur un peu gratuite, et c'est bon.
Pas facile du tout de se donner pour personnages principaux des personnes amnésiques et ça manque pas de montrer ses limites malgré le "twist". Que faire faire à des personnages sans volonté, sans histoire, seulement mus par l'idée de remplir les tâches que les médecins leur ont fixées? Le film s'embourbe dans une trame très linéaire sans répondre à cette question, et du coup on s'emmerde et on comprend pas trop où on va. Quelques idées sont soulevées au cours du film sans qu'on les exploite... Pas grand-chose à retenir

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Dupieux est devenu un réalisateur de cinéma français classique, il lui reste pas grand-chose de ce qui faisait sa singularité. Je pense même pas que ce soit par désir de se conformer ou d'être mainstream

J'ai plutôt l'impression qu'il a la flemme de faire ses films. Il trouve une idée marrante et riche (même si un peu casse-gueule mais ça a toujours été le cas avec lui ça), il s'en amuse sur 20 minutes de film (et ça marche assez bien, on retrouve le Dupieux de Rubber, qui kiffe malmener le spectateur, forcer son idée jusqu'à être casse-couilles), puis ça tombe à plat. Il trouve aucun ressort pour maintenir son idée en vie, du coup il en trouve une autre qui est celle de la bite électronique, vite fait marrante mais qui tombe globalement à plat

Et oui effectivement comme je l'ai lu il évoque (effleure) des sujets comme celui du vieillissement ou du couple, et après ? On peut même pas dire que le film parle de ça tellement il a rien à en dire, juste ça fait partie du film

Son propre film l'emmerde tellement qu'il balance la fin avec 10 minutes sans dialogue, avec juste de la musique + des images qui défilent et sont censées te raconter... des années de vie. Pourquoi mec ? Ton film fait 1h15 et tu trouves le moyen de gâcher le dernier quart d'heure

Et j'ai aussi pas mal lu que les acteurs étaient bons. J'ai pas trouvé du tout. Chabat oui, mais comme d'hab. Mais Drucker je l'ai vraiment trouvée fausse par moments (son personnage aide pas beaucoup, et y aurait à dire sur le sexisme qu'il contient). Et Magimel en beauf, non je trouve pas que ça marche. Soit tu voulais vraiment un beauf et dans ce cas-là fallait en prendre un vrai plutôt que te payer ton casting de rêve là, soit tu voulais une caricature et dans ce cas-là t'es pas assez dans la caricature

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La télé c'est un objet dont on peut faire une critique réac comme une critique de gauche en lui faisant à peu près les mêmes griefs. Etrangement le film évoque plusieurs fois des motifs politiques, comme s'il était prêt à se les approprier, et finalement c'est pour mieux les rejeter, comme s'il s'agissait vraiment de dire que le problème c'est pas du tout la politique.

Mais c'est quoi alors ? Quel discours critique on peut proposer sur la télé si on refuse de poser le problème dans des termes politiques ? Forcément ça produit un film bête, aveugle aux causes de ce qu'il dénonce. On demande aux présentateurs d'être plus "gentils", aux spectateurs de retrouver leur "bonté", et puis on élargit le propos en pourfendant les gens qui parlent au ciné pendant les films et aux enfants capricieux qui veulent un iPhone dès leurs 10 ans. Bref, c'était mieux avant et aujourd'hui le problème c'est que les gens savent plus se tenir. Il faudrait que les USA retrouvent la vraie télé, la vraie morale, pour qu'on vive à nouveau en harmonie dans la vraie Amérique. Tous les droitards construisent ce genre de récits nostalgiques. Encore une fois c'est parce qu'ils sont aveugles aux causes. Les Etats-Unis n'ont jamais été cet eldorado où les gens se respectaient, la télé ça n'a jamais été ce divertissement neutre et inoffensif, et le capitalisme américain moderne n'a jamais eu d'autre idéal que la fabrication de consommateurs hébétés qui voguent entre travail aliénant et loisir aliénant. Y a pas de paradis perdu. Y a des causes qui continuent d'aboutir aux mêmes conséquences.

On est bien obligé d'accuser le film des mêmes défauts que son personnage, tant il manque de distance vis-à-vis de Frank. On lui prête tout le long du film une droiture à peu près impeccable. Il est viré parce qu'une femme le fait passer pour un harceleur alors qu'il a été très gentil à l'écran (dans cette séquence aussi y a un potentiel réactionnaire évident), il maintient une distance très stricte avec sa complice de 16 ans (que le film ne manque pas du même coup de sexualiser, parce que pour résister à une tentation il faut bien inventer une tentation), résiste face à son insistance à elle quand elle veut tuer des gens, assurant qu'il ne tuera que "ceux qui le méritent"... Que faut-il conclure, du coup, de ces massacres à répétition ? Quelle distance critique, quelle ironie ? On peut considérer que ça va de soi, que ça peut pas être une apologie du terrorisme vu que le propos est noble et que Frank veu

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Bien kiffé le ton du film. Les seuls fois où j'arrive à me prendre au jeu des films d'action, c'est quand ils se prennent pas trop au sérieux et assument comme ici le côté comique de ce genre.

Ça rend le héros assez attachant, et globalement le personnage de son père fonctionne bien aussi, malgré des choix de scénario assez maladroits : leur relation est peu crédible, et le début du récit sur l'enfance d'Indiana est dispensable (on y apprend rien).

Les scènes d'action sont parfois grossières, la meuf est vraiment un faire-valoir et son rôle pue le sexisme, y aurait aussi beaucoup à dire sur la place réservée aux Arabes et aux Turcs. Malgré ça c'est plutôt carré

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Il m'a un peu perdu à force de jouer la carte de l'absurde à chaque fois, je suis pas sûr que c'était toujours la meilleure voie à suivre, mais y a de beaux plans, de beaux décors, des scènes et des personnages touchants et une petite poésie qui se dégage de cette Suède hyper morne où les gens vivent chichement, arrivent à rien et se parlent pas

https://www.youtube.com/watch?v=jX87rVZ0Vag

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Pialat sait nous attacher à ses personnages mais bon, vraiment trop répétitif et lisible

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Beau parfois mais j'ai pas trop accroché à l'intrigue ni à l'usage ultra lourd de la musique pendant les 40 premières minutes. Mais ptet la fatigue a pas aidé

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On échappe pas à un peu de pathos, mais rythme de zinzin + c'est marrant + je kiffe les films qui assument d'être un peu débiles un peu pipi-caca tout en prenant leur sujet très au sérieux
+ c'est beau
+ on évite le bourgeois gaze et c'est devenu rare au ciné

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Les films de Jordan Peele me laissent toujours un peu circonspect. Celui-ci d'autant plus que la condition noire aux Etats-Unis est vraiment effleurée et réduite à la seule question de la représentation, qui est pas anodine mais qui est quand même loin d'être centrale. Mais est-ce que le cinéma mainstream est capable de produire davantage que ça en termes de message politique ?

En dehors de ça, y a des thématiques intéressantes, notamment celle de l'héritage, même de la condition animale, mais j'ai trouvé l'intrigue excessivement longue à démarrer (d'autant que le film débute de suite par la mort du daron, alors pourquoi ce calme plat ensuite ?) et j'ai pas été fasciné par ce monstre, que je trouve finalement assez laid, contrairement à ce que j'ai pu entendre.

Je trouve les 3 films de Peele moyens au final, mais je désespère pas de le voir faire un très bon film

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Dommage qu'il y ait tant de scènes dispensables (osef de le voir vieux ptin) dans un film d'1h07, surtout que toute la partie à la caserne est assez cool

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Alice Diop a réalisé ce film comme elle réalisait ses documentaires (que j'ai aimés), en considérant que poser la caméra et laisser advenir le réel constituait déjà en soi un geste cinématographique. Sauf que c'est une fiction et que ce qu'on pourrait appeler une mise en scène sobre, si on était généreux, ressemble quand même plutôt à un manque d'audace.

D'autant que le film, en même temps qu'il aspire à s'ancrer fermement dans le réel, contraint les deux actrices principales à réciter des textes extrêmement écrits.

A l'inverse je trouve les critiques sur le rôle de Rama sévères, j'ai trouvé le film plutôt précis dans son approche de la maternité et dans sa "psychologie", même si c'est un grand mot pour un film où la parole est presque uniquement distribuée par la magistrate et où elle prend donc presque uniquement la forme de monologues.

Etrangement c'est plutôt sur la question raciale que j'ai trouvé le film le plus puissant, et je saurais même pas dire exactement pourquoi, faudrait que je le revois