Cover Arthur Penn - Commentaires

Arthur Penn - Commentaires

Incontestablement l’une des figures majeures du cinéma américain des années 60-70, l’un de ceux qui ont contribué à rajeunir et démythifier les icônes sacrées d’un pays en plein doute. J’aime beaucoup son ton iconoclaste, l’ironie cinglante de sa vision, la sévérité de son regard (bien atténuée dans ...

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10 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a presque 8 ans

Le Gaucher
7

Le Gaucher (1958)

The Left Handed Gun

1 h 42 min. Sortie : 26 septembre 1958 (France). Western, Biopic

Film de Arthur Penn

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Conçu et sorti à une époque où le western subissait une profonde mutation, le premier long-métrage de Penn ne se cantonne pas à la geste du célèbre Billy le Kid. Il s’affranchit de la psychologie facile et de la conduite régulière du récit pour imposer une alternance de violence irrationnelle et d’ironie iconoclaste en rupture avec les codes du genre. Jeune antihéros immature, en proie à des pulsions qu’il ne comprend pas, confronté à une problématique œdipienne et n’ayant pu régler son rapport passionnel vis-à-vis de son père, Paul Newman y compose un personnage singulier, aux prises avec une homosexualité latente. Assez littéraire, sans doute influencée par le cinéma européen, cette anti-épopée est une œuvre originale, sans véritable antécédent, et en phase avec les mouvements de l’inconscient.

Miracle en Alabama
7.9

Miracle en Alabama (1962)

The Miracle Worker

1 h 46 min. Sortie : 10 octobre 1962 (France). Biopic, Drame

Film de Arthur Penn

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Un film d’une force tellurique, d’une incroyable générosité. La formidable Anne Bancroft y personnifie la persévérance humaniste d’une lutte vitale pour la communication, contre l’aliénation d’une jeune fille enfermée en elle-même, confrontée à la détresse et à l’impuissance de ses parents. Le chemin est long pour tirer l’enfant des ténèbres qui l’entourent, le travail éprouvant autant pour les personnages que pour le spectateur, et chaque progrès, si minime soit-il, fait figure d’évènement. C’est une suite de combats, de confrontations physiques, où la moindre petite victoire est arrachée avec une intensité viscérale. Grande œuvre sur la force du langage, la nécessité de l’atteindre pour accéder à l’éclosion des sentiments, un film fondamental sur la puissance du lien affectif aussi, dont la fin arrache des larmes.
Top 10 Année 1962 :
http://lc.cx/Bs6

Mickey One
6.7

Mickey One (1965)

1 h 33 min. Sortie : 27 avril 1966 (France). Policier, Drame

Film de Arthur Penn

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

L’histoire d’un individu traqué, play-boy à succès convaincu d’être poursuivi par les tueurs de l’Organisation pour avoir violé les règles du Syndicat. Il fuit, change d’identité, erre dans la banlieue lépreuse de Chicago, devient showman dans un cabaret. On peut lire son itinéraire paranoïaque comme un apologue kafkaïen filmé à la manière nerveuse de la Nouvelle Vague française, avec un style abrupt fait de brio et de ruptures, de perte de contrôle et d’emphase chaotique. L’auteur dit avoir voulu signifier la terreur de l’homme américain devant la menace atomique, mais c’est aussi le symbolisme complémentaire du harcèlement bureaucratique, des fonctionnaires du crime, de l’individu harcelé par des obsessions imaginaires qui transparaît dans cette œuvre délibérément fébrile et incertaine.

La Poursuite impitoyable
7.9

La Poursuite impitoyable (1966)

The Chase

2 h 15 min. Sortie : 15 septembre 1966 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Arthur Penn

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Un casting dément pour une charge vigoureuse et féroce contre un certain conservatisme de la société sudiste américaine, gangrenée par des mécanismes d’auto-justice et de violence ancestrales, par un instinct grégaire destructeur. Contrairement au "Furie" de Lang, qui développe un sujet analogue, chaque personne est ici responsable, démasquée, sa culpabilité individuelle n’étant plus le fait d’une abstraction collective. Conçu comme une condamnation, le film impose une violente âpreté, suit un crescendo dramatique éprouvant, et met en lumière une logique comportementale faite de frustrations et d’aspirations détournées ou refoulées qui, loin de s’opposer à l’idée de civilisation, en souligne la permanence de l’état sauvage, dans toutes les couches du tissu social.

Bonnie et Clyde
7.5

Bonnie et Clyde (1967)

Bonnie and Clyde

1 h 51 min. Sortie : 24 janvier 1968 (France). Biopic, Drame, Gangster

Film de Arthur Penn

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Poursuite dans la continuité : plus que jamais, l’art de Penn se fait social, politique, soulignant l’ambivalence d’un pays dont l’hypocrisie et la misère produisent des monstres-victimes. Le conflit est chez lui comme une explosante-fixe, une vitre qui s’étoile mais ne vole jamais en éclats. Il est aussi le cinéaste de l’instinct, le créateur de personnages qui parviennent à peine à s’exprimer et qu’il sonde dans leurs profondeurs pour en découvrir les mobiles cachés. Le mythique couple Beatty-Dunaway n’a rien perdu de sa superbe, et l’évocation de l’Amérique de la Dépression, avec ses ruptures de ton permanentes, son approche brutale et sans complaisance de la mort et de la violence, ses digressions cocasses ou pathétiques, brille toujours par son acuité subversive et par son ardeur du désespoir.
Top 10 Année 1967 :
http://lc.cx/BCh

Alice's Restaurant
6.7

Alice's Restaurant (1969)

1 h 51 min. Sortie : 27 février 1970 (France). Comédie dramatique, Musique

Film de Arthur Penn

Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Une ballade en images : la vie communautaire, la musique, la fête, le bonheur de l’amitié et des beaux projets. Mais aussi son envers, le drame de la drogue, l’inconciliable de l’utopie collective et de l’épanouissement conjugal. Avec cette œuvre que l’on devine très personnelle et qui émerge en pleine explosion libertaire, le cinéaste travaille à chaud dans l’effervescence du moment, capte le mouvement hippie tantôt avec sérénité, tantôt avec crispation, tantôt avec une rigidité funèbre, appréhendant déjà sa fin. Son approche parfois sournoise et insinuante, apte à créer la discordance, gorgée d’humour, de dynamisme, de chaleur humaine, ne romance jamais le sujet mais brode sur un canevas en roue libre, et cerne avec une profonde justesse les différents visages de la jeunesse et de la liberté.

Little Big Man
7.8

Little Big Man (1970)

2 h 19 min. Sortie : 31 mars 1971 (France). Western, Historique, Aventure

Film de Arthur Penn

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Penn remonte aux sources et applique au genre le plus mythologique qui soit la vigueur de son approche corrosive et hautement métaphorique – on est en pleine guerre du Viêtnam. As de la gâchette (Hickcok), bigotes hypocrites (Mme Pendrake), généraux psychopathes (Custler) y soulignent par le biais de la bouffonnerie la déliquescence d’une société américaine qui cède au capital, à la corruption et au racisme, animant une sorte de grande farce démythificatrice dont la dramaturgie s’inscrit dans la tradition picaresque. La narration, ample et iconoclaste, affirme un désenchantement de plus en plus prononcé, de plus en plus écœuré : derrière les apparentes extravagances, les mouvements, les cris et la fureur d’un grand western, le cinéaste dissimule un propos d’une gravité et d’une amertume sans appel.

La Fugue
7

La Fugue (1975)

Night Moves

1 h 40 min. Sortie : 17 septembre 1975 (France). Policier, Thriller

Film de Arthur Penn

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Penn est un intellectuel influencé par le cinéma européen, qui se réfère aux structures d’un genre existant et bien défini pour les renouveler de l’intérieur. S’il investit ici les codes du film noir, c’est pour leur imposer un traitement pas si éloigné de celui opéré par Altman deux ans plus tôt, avec plus d’ironie, dans "Le Privé" : un refus constant de la dramatisation, un déplacement de l’enquête sur un terrain introspectif, la description précise d’un milieu opaque, habité par des personnages ambigus et insaisissables, qui met en perspective la quête intérieure du détective. Telle est la nature de cet étrange et captivant polar, où l’enquête menée par l’excellent Gene Hackman procède dans une incertitude, un flou permanent, qui formalise son doute existentiel. Et existe-t-il un autre film américain où l’on va voir du Rohmer au cinéma ?
Top 10 Année 1975 :
http://lc.cx/AU9

Missouri Breaks
6.8

Missouri Breaks (1976)

The Missouri Breaks

2 h 06 min. Sortie : 20 octobre 1976 (France). Western, Drame

Film de Arthur Penn

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

On s’en doutait depuis longtemps : il y a vraiment quelque chose de pourri au royaume de l’Ouest. Le règne des bons et des méchants s’achève. De quelque côté du colt qu’ils fussent, ils avaient en commun le courage. Désormais la lâcheté est au menu du jour, le voleur n’est qu’un sympathique rêveur et le justicier adipeux ramène les grands espaces aux dimensions étriquées du fait divers. Fossoyeurs de l’ordre capitaliste, liquidateurs d’une minorité anarchique incapable d’assurer sa survie, Brando, en crapule odieuse, et Nicholson forment un duo assez mémorable. On peut se souvenir aussi de la mort du premier, de chevauchées somptueuses, d’un ton ironique, d’une anti-épopée dérisoire alternant le convenu et le nouveau, la théâtralité désuète et la fraicheur d’un geste d’intimité.

Georgia
7.3

Georgia (1981)

Four Friends

1 h 54 min. Sortie : 17 février 1982 (France). Comédie dramatique

Film de Arthur Penn

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

S’il démythifie la période glorieuse et florissante des années 60, Penn témoigne néanmoins à travers ce film nostalgique et foisonnant d’une sérénité totale, sans doute inédite chez lui. Il met en scène des désordres, des doutes, des espoirs déçus, consacre les mouvements heureux ou tragiques de la vie en suivant un quatuor de personnages pris dans les tressautements d’une époque animée et exaltante. C’est avec une autant de générosité dans le regard que d’acuité dans l’analyse que le cinéaste pousse ici, jusqu’au bout, le portrait de sa génération, qu’il retranscrit la fin des utopies et démonte l’envers du rêve américain. Une magnifique histoire d’amitié, un film lumineux, poignant, au sommet de laquelle trône une Jodi Thelen épatante de fraîcheur et de spontanéité épanouies.
Top 10 Année 1981 :
http://lc.cx/UyY

Thaddeus

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