Cover 2021 en 10 films

2021 en 10 films

Les 10 films qui m'ont le plus ébranlé au courant de cette tumultueuse année.

Mentions honorables :
- Piccolo Corpo de Laura Samani ; Œuvre qui redéfinit brillamment les concepts de l'existence et qui façonne un univers parsemé de thèmes (transidentité, mort prématurée du ...

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Liste de

10 films

créee il y a plus de 2 ans · modifiée il y a plus de 2 ans

Annette
6.8
1.

Annette (2021)

2 h 20 min. Sortie : 6 juillet 2021. Drame, Comédie musicale, Romance

Film de Leos Carax

Émile Frève a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Carax dévoile, au sein de cet opéra visuel, une œuvre synthèse qui accumule les thèmes, manies et références avec une aisance déconcertante, tricotant une poésie qui rebute, hérisse et provoque, mais séduit invariablement par son génie, son regard lucide et infiniment plus raffiné que les usuelles critiques sociales (dont Promising Young Woman et Last Night in Soho sont les parfaits exemples). « Poème aux mille et une ramifications, large tel un fleuve torrentueux et imposant tel un indéracinable chêne, Annette est l’un, sinon le, plus grand accomplissement de son auteur Leos Carax, une comédie musicale terrassante, éprouvante dans ses longueurs, charmante dans son style irrévérencieux, désarmante dans les jaillissements de répliques mélodramatiques et terrifiante dans le noir caractère de son protagoniste (qui offre à Adam Driver la possibilité d’illustrer l’étendue de son hypnotisant talent) : un conte déchirant qui n’a de cesse de hanter le spectateur une fois terminé, de le dévorer et de broyer ses pensées pour y substituer les grandioses images qui constituent son récit. » (Extrait tiré de ma critique.)

Spencer
6.4
2.

Spencer (2021)

1 h 57 min. Sortie : 17 janvier 2022 (France). Drame, Biopic

Film de Pablo Larraín

Émile Frève a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Telle une méticuleuse procession, Spencer cristallise les troubles d’une jeune femme à la trajectoire préfabriquée, transformée en symbole intemporel, et concentre, à travers sa splendeur photographique, le pudique respect du regard de Pablo Larraín, déchirant de sensibilité. Et l’on y assiste, chaviré, chavirant, souhaitant mieux pour cette gamine qui, peu à peu, pâlit et se fane, contemplant sa chute, pétrifiée par l’inéluctabilité de son sort, condamnée à ne posséder que la beauté, tel un faisan qui, paré de ses plus beaux atours, devra tôt ou tard affronter le plomb des carabines. » (Extrait tiré de ma critique.)
La beauté particulière de l’élégant formalisme de Spencer, qui conjugue un traitement de l’espace ciselé et des compositions millimétrées, répond à la rigidité froide du milieu dépeint et confirme la maestria du réalisateur, encapsulant avec un soin touchant la triste réalité qui, du conte de fée, se métamorphose en cauchemar désillusionné.

Bad Luck Banging or Loony Porn
6.4
3.

Bad Luck Banging or Loony Porn (2021)

Babardeală cu bucluc sau porno balamuc

1 h 46 min. Sortie : 15 décembre 2021 (France). Comédie dramatique

Film de Radu Jude

Émile Frève a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Concision, amertume et extravagance sont sans doute les mots retranscrivant au mieux l’expérience à laquelle Bad Luck Banging or Loony Porn soumet le spectateur. L’impertinence de l’objet artistique sonde adroitement l’atmosphère actuelle, énonçant froidement les affres généralisées de la modernité déshumanisante. Rarement aura-t-on vu œuvre aussi lucide, dévoilant une grammaire cinématographique aussi singulière, peignant aussi impérialement la nausée, le vertige, l’instabilité du présent et exprimant une liberté aussi salvatrice. Ne survolant pas pour autant ses propres failles, le long métrage conclue le bal sur l’affirmation de sa propre vacuité, lui aussi assujetti à la fatalité de l’oubli. Il sera toutefois parvenu à éveiller et faire résonner, durant ses quelques deux heures éphémères, les abysses psychologiques de son interlocuteur, bouleversé et malade, happé par la brutale vérité du message. » (Extrait tiré de ma critique.)
Un état des lieux tout aussi succulent qu’horrifique.

Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait
6.5
4.

Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait (2020)

2 h 02 min. Sortie : 16 septembre 2020. Drame, Romance

Film de Emmanuel Mouret

Émile Frève a mis 8/10.

Annotation :

Il filme ces espaces, ces lignes, ces démarcations : toute une architecture du luxe où chaque détail est primordial, où la superposition de deux textures, la rencontre de deux droites perpendiculaires forment un amalgame éminemment complexe, mais foncièrement beau, car la complexité recèle son lot de charmes. C’est qu’Emmanuel Mouret s’amuse avec les labyrinthes amoureux qu’il tisse dans son magnifique récit et qui font de Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait une œuvre à propos d’amour, sur fond d’amour et tirant ses racines au cœur de l’amour. Derrière les parures du dialogue et les élégants habits que revêtent les personnages se tapit la mélancolie des amours entrecoupées ou avortées; Mouret conçoit une œuvre qui résonne superbement avec les tourments intérieurs de tous et chacun, comme un miroir placé en face du spectateur.

Le Diable n'existe pas
7.3
5.

Le Diable n'existe pas (2020)

Sheytan vojud nadarad

2 h 32 min. Sortie : 1 décembre 2021 (France). Drame

Film de Mohammad Rasoulof

Émile Frève a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Doté de performances terrassantes ainsi que d’un propos éminemment subversif qui aura valu au réalisateur un an de prison et une assignation à résidence l’empêchant de récupérer son prix à la Berlinale, Le Diable n’existe pas se présente comme un film nécessaire qui, avec une précision folle, dénonce les failles de tout un système, dynamite l’absurdité des normes iraniennes et, malgré sa virulence assumée, nous parle d’amour, de vie et de liberté. » (Extrait tiré de ma critique.)

Deux
6.9
6.

Deux (2019)

1 h 35 min. Sortie : 12 février 2020. Drame, Romance

Film de Filippo Meneghetti

Émile Frève a mis 8/10.

Annotation :

Une bouleversante et inespérée composition qui, au-delà de la somptueuse réalisation dotée d'une cérémonieuse pesanteur, inocule une magnifique mélancolie où s’extirpe de la tristesse une joie insoupçonnée.

Adieu les cons
6.9
7.

Adieu les cons (2020)

1 h 27 min. Sortie : 21 octobre 2020. Comédie dramatique

Film de Albert Dupontel

Émile Frève a mis 8/10.

Annotation :

Légèreté, excentricité, ingéniosité, énergie, vivacité, spleen, causticité; Adieu les cons manipule adroitement les revers scénaristiques et compose son squelette narratif à l’image d’un labyrinthe altérant perpétuellement la trajectoire de ses allées. Le jeu, extrêmement ludique, ne répond qu’aux pulsions créatrices de son auteur Albert Dupontel qui délivre un captivant et émouvant ballet cinématographique.

Mon année à New York
6.1
8.

Mon année à New York (2020)

My Salinger Year

1 h 41 min. Sortie : 2 novembre 2021 (France). Drame

Film de Philippe Falardeau

Émile Frève a mis 8/10.

Annotation :

De cet étrange film émane une douce poésie, joyeuse et vivante, une poésie des plus charmantes. Doté d’une réalisation témoignant d’une adroite maîtrise ainsi que d’acteurs qui rayonnent à l’écran (foncièrement humains dans leurs élans lyriques), Mon année à New York est un film éphémère, qui ne saurait durer, mais qui tout de même marque par sa joie de vivre.

Boîte noire
7
9.

Boîte noire (2021)

2 h 09 min. Sortie : 8 septembre 2021. Drame, Thriller

Film de Yann Gozlan

Émile Frève a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

« Avec une fabuleuse technique (ses fougueuses et inventives expérimentations scénographiques témoignent d’un contrôle virtuose de la caméra), Yann Gozlan compose un film noir envoûtant où la présence étouffante de la technologie se meut peu à peu en sépulcrale menace, l’overdose de stimuli façonnant un terrifiant climat qui se poursuit une fois l’œuvre terminée; la forme fusionnant avec le propos dans une géniale osmose, Boîte Noire se fraye un chemin parmi les héritiers du néo-noir et affirme, par la modernité de ses observations et la lucidité de son exécution, son indéniable force brute. » (Extrait tiré de ma critique.)

Josep
7.1
10.

Josep (2020)

1 h 14 min. Sortie : 30 septembre 2020. Animation, Drame, Historique

Long-métrage d'animation de Aurel

Émile Frève a mis 7/10.

Annotation :

Derrière la schématisation de l’image et le dépouillement des dessins s’ancre la souffrance des camps, vécue à travers un regard dédoublé, entre celui qui l’endure, impassible, et celui qui l’observe, impuissant. Rien d’héroïque, qu’une douleur crue et une déférence mélancolique, imprégnée des pesants paysages ravagés et morcelés de souvenirs indélébiles, pareils à l’encre qui leur fait prendre vie. Lentement, Aurel insuffle chaleur et couleur à la narration qui se meut peu à peu en témoignage poétique; la mémoire, transmissive et changeante, offre la magnifique transition intergénérationnelle qui constitue le cœur du récit de Josep. C’est la passation du souvenir, centrale au développement scénaristique (que ce soit du grand-père vers le petit-fils ou d’Aurel vers Serge), qui en bout de ligne se révèle être la mission du réalisateur, extirpant l’histoire de son cadre délimité afin qu’elle s’imprime dans la mémoire d’aujourd’hui, celle que transportent les spectateurs.

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