The Quarry
5.9
The Quarry

Jeu de Supermassive Games, Ian Livingstone et 2K Games (2022PlayStation 4)

La promesse :



Imaginez-vous captivé par un écran, pris au piège dans un film d'horreur cauchemardesque, mais cette fois, le scénario est entre vos mains. Chaque décision que vous prenez envoie des ondes à travers ce monde terrifiant, modelant l'histoire à votre image.


Ca, ça fonctionnait dans "Until Dawn". C'est vraiment moins le cas pour "The Quarry".



Un scénario qui tient bien le coup



Le jeu d'aventure vous ensorcèle dès la première heure, entremêlant tension et révélations pour une expérience captivante. L'arrivée du flic vraiment malaisante et la violence arrive bine plus tôt que ce à quoi on pourrait s'attendre.


L'écriture des arcs narratifs est plutôt bien. Certes on est sur une trame de série B mais chaque intrigue et sous-intrigue est bien amenée, bien développée et prenante. Par exemple toute la première heure avec l'intro entre la première nuit et la jonction avec le premier jour est forte en tensions et généreuses en premières révélations et pose de jalons pour la suite.


Le rythme de dévoilement des protagonistes et des mystères est très bon : à chaque demi-heure on découvre quelque chose de nouveau et en même temps de nouvelles questions sont posées, ce qui maintient l'attention du joueur et la tension de ses émotions.


la durée est correcte pour un run : l'histoire prend suffisamment son temps et ne traine pas non plus trop en longueur...


... Même si on a des passages inutiles : je pense par exemple à la carrière désaffectée. Tout ce pan d'histoire lié à la distillerie (et dans une moindre mesure à l'industrie des Hagguetts) n'apporte rien ni au contexte ni à l'intrigue. D'autre part, dans ces tunnels il ne se passe strictement rien ni en termes d'action, ni de collectible à valeur ajoutée pour la compréhension du Lore, ni en évènements qui font progresser l'intrigue ou le développement du caractère des personnages. C'est juste du vide.



Un casting dégueulasse



Les personnages pris dans les rets d'une écriture insultante de leurs caractères et de leurs dialogues. Ces sont des caricatures qui errent, incohérentes, dans le cauchemar. Leurs pas sont flous, leurs choix illogiques.


Tandis que l'histoire réussi à briller, les personnages sont comme des marionnettes maladroites. Leurs actions et leurs paroles semblent parfois sortir de nulle part, un tour de passe-passe qui brise l'illusion d'un monde cohérent. Ces figures deviennent des caricatures, des pions malhabiles dans un jeu de récits trop balisés et qui n'ont plus grand chose d'interractif.


Et que dire de la technique qui vous assaille comme un cauchemar récurrent ?

Visages figés, décors déchirés. "The Quarry" peine à masquer ses cicatrices graphiques. Sur PS4, c'est un jeu d'ombres mal gérées dans les décors, des animations de cheveux toutes bugguées et des déformations sur les visages de cire. L'immersion est aussi entachée par des textures abominables et une lumière qui se perd dans l'obscurité.



Quel jeu ?

Mais le pire cauchemar est l'illusion du choix, une toile d'araignée où vos décisions sont des gouttes d'eau. "Until Dawn" vous écoutait, "The Quarry" vous ignore. Les chemins se croisent, les réactions se répètent. La rejouabilité s'évapore.

Là où "Until Dawn" donnait un sens à chaque choix, "The Quarry" vous confronte à des décisions qui semblent n'avoir aucune importance. Peu importe votre route, vous vous retrouvez souvent à des carrefours identiques. L'illusion d'une narration dirigée par vos actions s'efface, laissant place à la désillusion.



Même l'exploration est un jeu de dés, où le hasard façonne votre destin.

Collectibles égarés, séquences cloisonnées. Parfois, ce n'est pas votre faute, mais un script cruel qui décide de votre sort.


Le désir d'exploration est étouffé par des mécanismes de jeu iniques. Les éléments à collecter sont souvent hors de portée, non pas à cause de votre négligence, mais à cause d'un déclenchement scripté qui ne vous laisse pas le choix. Votre soif de découverte se heurte aux limites du level design (pourtant pauvre), transformant chaque nouvelle zone en un jeu de hasard. L'exploration devient une course contre l'esprit des level designers, la chance pour seule boussole.



Si "Until Dawn" était une belle proposition de jeu vidéo et aurait fait un sans doute mauvais film, "The Quarry" aurait certainement fait un bon film. Solide dans son histoire, son gameplay et ses personnages mal écrits gâchent tout.

Dlra_Haou
6
Écrit par

Créée

le 30 août 2023

Critique lue 10 fois

Martin ROMERIO

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