C'est un phénomène étrange que la curiosité. On ne sait pas toujours par quel bout elle aura su se saisir de notre attention, ni précisément à quel point cette invitée parfois déconcertante se sera jouée de notre perception du temps. Il est toutefois inévitable que les effets de ses charmes s'estompent ou se modifient, et qu'on se retrouve alors confronté à soi-même par le résultat de cette rencontre. Pour une fois, j'avais décidé, contrairement à mes habitudes, d’accueillir cette conviée sans faire l’étude approfondie de sa candidature. Probablement par luxe d'insouciance, j'avais mis en jeu le simple pari du divertissement. Cette curiosité ce soir-là, s’appelait je crois Cult of the Lamb. Il me semble avoir pour souvenir un attrait visuel, avec un thème séduisant se rapportant à la religion et donc inévitablement à la gestion…

Promis à la mort, votre avatar était surement un de ces employés amoureux, zélé ou maladif, donnant corps, âme et temps à l'entreprise qu'il sert. Cela tombe bien, car cette promesse mène une nouvelle fois son entreprise à bien : vous voilà mort. Si cette promesse n'avait qu'un dieu à servir, de jeu il n'y aurait pas eu. Il implique donc de se faire ressusciter par une entité nommée "Celui qui attend". A la suite de quoi, vous êtes chargé de créer un culte pour votre bienfaiteur. Vos anciens bourreaux étant de très mauvais joueurs, une certaine adversité émanent d'eux : il vous faudra les occire.

Cult of the lamb vous demandera dès lors deux choses. La première tient au triomphe face aux rencontres peu amicales dans les donjons. Une formule rodée : des salles, des monstres aléatoires, des récompenses consommables et d'autres permanentes, des morts peu punitives. Mais une recette bien écrite ne demeure que des instructions. Le devoir du cuisinier, c'est d'en faire quelque chose d'agréable à goûter. Cult of the Lamb ne parvient pas à mon sens à cet objectif. C'est ici que mon attrait visuel intervient. Car si on peut trouver le jeu chatoyant et amusant dans ce parti pris esthétique qu'est le mignon saupoudré de pratiques occultes, il n'en demeure pas moins que celui-ci affiche les personnages comme des vignettes en mouvement. Comprenez ici que votre agneau comme les ennemis qu'il affronte n'ont visuellement pas de corpulence identifiable au premier coup d’œil. Cela pose deux soucis. D'une part, on pourrait croire que les attaques ne touchent que sur les côtés du personnage et qu'il vous faut donc vous situer sur la même ligne horizontale que vos adversaires pour les toucher : cela est faux et heureusement, les mouvements des armes rendent la chose plus identifiable. D'autre part -vous l'aurez déduit- votre personnage peut (c'est bien là le problème) être affecté par les offensives qui sont en dessous comme au-dessus de lui. Tout ceci n'est pas toujours clair et j'ai plusieurs fois été surpris du résultat des interactions avec les ennemis. J'ai dû par moments cesser de me mouvoir pour vérifier si x ou y attaque me touchait ou non pour mieux les comprendre. En évoquant le mouvement, la caméra a été elle aussi invitée : les coups que vous portez provoquent des secousses à l'écran et ont quelques fois mis à mal ma capacité à suivre précisément l'action. En somme, sans être pointilleux sur tous les détails qui compliquent le processus, le jeu n'est pas facile à lire comme il le devrait. De ce côté, Binding of Isaac, Hades, Enter the gungeon et bien d'autres sont de meilleurs élèves avec des systèmes de combat plus réussis. Malheureusement j'ai aussi pu être enchanté par plusieurs bugs qui ont eu pour conséquence l'abandon du donjon ou le trépas... De l’ardeur manque à tous ces combats.

La deuxième chose que vous demandera Cult of the Lamb, c'est d'être le gérant de votre culte, tâche plus divertissante à mes yeux. Pour faire simple, les explorations des donjons vous font rencontrer des petites créatures à convertir à votre cause. Ils logent dans une sorte de campement qu'il faudra entretenir. A vos adeptes sont attribués collectivement une jauge de nourriture, de santé et de foi. L'insatisfaction de ces besoins entraine un comportement médisant à votre égard (les adeptes propagent des rumeurs pouvant amener les autres membres du culte à douter de votre toute puissance) ou le départ des plus colériques. A vous donc de prendre soin de vos fidèles, de remplir leur estomac, de leur donner de quoi dormir, de se soigner, de nettoyer le camp lorsque ceux-ci font leurs besoins à meme le sol, de satisfaire leurs désirs (car certains vous donnent des missions dans un temps imparti) mais surtout d'entretenir leur dévotion. Dans ce but, vous pouvez prononcer des sermons tous les jours, adopter des doctrines (par exemple décréter que le régime alimentaire sera végétarien), effectuer des rituels qui ont tous un effet particulier (mention à cette partie du jeu plus soignée). A vous de choisir si vous optez pour un culte doux ou impitoyable. S’il est distrayant de soumettre vos petits moutons si reconnaissants de votre caractère divin, le rôle de gestionnaire n’est pas d’une profondeur suffisante pour susciter un intérêt particulier ou même vous confronter une difficulté tangible. Accueillir une nouvelle recrue n’est que rarement un mauvais choix, même si vous manquez de ressources, les sanctions du jeu étant très légères. La difficulté peut encore se retrouver diminuée pour ce qui concerne votre première mission à savoir les combats, car il vous est possible de sacrifier un adepte pour revenir à la vie en cas d’échec, ou de les transformer en esprits vous portant assistance dans vos cheminements d'aventurier…

La boucle de gameplay de Cult of lamb peut sembler gourmande aux premières bouchées, mais est assez semblable à la découverte des pattes au ketchup pour une tête blonde. Le plaisir est simple, monte au cerveau, mais ne se révélera que tromperie pour quiconque a eu le loisir de s’aventurer plus en avant dans son voyage vidéoludique.

Atonie
5
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le 13 déc. 2023

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