De manière générale l’épisode fait mieux que son prédécesseur, mais il n’est pas parfait pour autant.

Le gameplay, de prime abord redondant par rapport à l'opus précédent, a quand même su se renouveler avec de nouvelles mécaniques qui font sens (alchimie, arbalète, etc) et qui poussent à de nouvelles réflexions pour se sortir de situations tendues. Les interactions avec nos compagnons offrent de nouvelles opportunités et rythme davantage le gameplay tout au long de l'aventure.

Toutefois l'économie des éléments d'alchimie est par moment anecdotique. En mode "Normal", l'abondance de ressources, dès lors que nous en avons besoin, rend le jeu presque trop simple (ou trop évident). On notera parfois un manque d'indication sur la manière d'utiliser notre équipement pour les joueurs les moins habiles d'entres-nous.

Les phases d'infiltration sont plutôt réussies - si on sait user de l'environnement qui nous entoure et s'armer de calme et de patience… de beaucoup de patience. Les mécaniques sont vues et revues : herbes hautes pour se cacher, caisse d’armement pour distraire, peinture blanche pour indiquer des éléments d’interaction. Système qui fonctionne, mais rien qui ne bouleverse le genre.

Le level design est bon. Nous avons souvent plusieurs chemins pour arriver à notre destination et on prend plaisir à se challenger pour ouvrir un coffre à découvert au moment opportun, quitte à faire un détour.

Néanmoins, il est parfois complexe de se sortir de notre cachette sans étayer de soupçons dans notre direction. Si un ennemi nous détecte, tous les ennemis des environs sont à nos trousses et le tout devient un peu laborieux, on peine à s’échapper et à reprendre nos distances. Si l'on veut jouer sans tuer personne, la tâche se complexifie drastiquement. On a donc tendance à vouloir recharger la partie au dernier point de passage ; ce qui casse le rythme et l'immersion. Ces mêmes points de passage qui nous remettent parfois dans des situations de vulnérabilité.

Les déplacements lors des séquences d'exploration sont un gros point noir. Parfois nous pouvons courir, parfois non. On comprend évidement que c'est un choix du studio pour rythmer le jeu mais s'en devient frustrant à la longue. Nous avons l'impression de ne plus être maitre de nos déplacements. De même lors des combats, si un ennemi est proche de nous, qu'on le veuille ou non, une cinématique d'attaque (bien trop scriptée) se déclenche de manière injuste.

Tout comme Innocence, la bande originale prend une place extrêmement importante - tantôt de l'ordre du sound design, sombre et dissonant, tantôt de l'habillage musical, harmonieux et grandiose. Elle s'intègre à merveille à l'ambiance - s'en est presque déroutant de justesse.

Elle rythme nos pas, nos actions et l'histoire dans sa globalité à la croche près. Un sans faute technique d'Olivier Derivière qui a su encore une fois trouver, avec passion, l'approche musicale idéale.

Graphiquement, c’est impeccable. Le moteur fait des merveilles mais on regrette quand même un petit manque d’optimisation.

Le travail artistique sur les couleurs et les jeux de lumières n’a rien à envier aux plus grands noms. On est plusieurs fois surpris par une nouvelle palette de couleurs. Cela nous offre des moments de contemplation qui font contraste avec les séquences d'action (angoissantes). Des paysages luxuriants de beauté et de vie laissent place à des décors macabres. Des espaces confinés à des cathédrales étonnement immenses. On se laisse surprendre. Nous sommes complètement happés par ce qui nous entoure. C’est très réussi.

Malgré des dialogues qui manquent parfois de subtilité (voire d'authenticité), la relation qu'entretiennent Amicia et Hugo est complexe et sincère. On pourrait avoir du mal à s’impliquer et à être empathique de leur situation pendant une bonne partie de l’histoire. Mais une fois arrivé au point culminant de leur quête, tout prend un sens et on se rend compte que finalement elle nous a touché, au plus profond de nous même. On n’en ressort pas indemne. De toute évidence, il y a un avant et un après Requiem.

Globalement A Plague Tale : Requiem n'est pas un sans fautes. Il est tout de même un jeu d'une très grande qualité qui saura ravir les fans de jeux aux environnements sombres et aux scénarios poignants. Le titre joue dans la cour des grands et flirt avec les meilleurs AAA. Dont une inspiration un peu trop évidente pour The Last of Us (Naughty Dog). Ce qui n’est pas nécessairement une bonne chose. L’écriture et le gameplay manque un peu de personnalité.

ViktorPraud
8
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le 12 déc. 2022

Critique lue 98 fois

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