Hospice power
De deux choses l’une : celui qui ne connait pas Sorrentino pourra, un temps, être ébloui par sa maîtrise formelle et y voir une voie d’accès à son univers ; celui qui en est familier y trouver une...
le 12 oct. 2015
98 j'aime
8
La vieillesse, cette ennemie éternelle si chère à Monsieur Corneille, est le point central du nouveau film de Paolo Sorrentino autour duquel gravitent deux octogénaires amis de longue date (l’un chef d’orchestre réputé et l’autre cinéaste reconnu), la fille du premier en pleine déroute sentimentale, une Miss Univers, un jeune acteur, un quatuor de scénaristes, un ex-footballeur bouffi et vacillant (Maradona ?), et tout une flopée d’autres corps plus très héroïques. Tout ce petit monde est donc là, flapi et abîmé, dans une station thermale helvète pour riches et parvenus, errant sans but entre la piscine et le restaurant, la terrasse et les bains à remous, et affrontant le temps qui passe comme il peut.
Mais Sorrentino ne s’arrête pas là et deviser sur la vieillesse n’est visiblement pas assez balèze ni assez glorieux (pour lui), alors le voilà qui s’exprime aussi sur la vie et la mort, l’art et la création, le cinéma et la musique. Mais à vouloir dire trop sur trop de choses, il égare en route son sujet et enfile de tristes banalités sur les thèmes qu’il cherche à aborder (et les talents de Michael Caine et Harvey Keitel, souverains, n’y changent pas grand-chose) en croyant bon d’exhiber pléthore de chairs flasques (ou plus fermes) pour appuyer son propos. Cette réflexion existentielle poussive et creuse finit par ennuyer sérieusement, bien incapable de dépasser le stade de brèves de comptoir (de luxe, évidemment).
Youth est un objet étrange, objet hybride parfois beau mais se vautrant le plus souvent dans sa propre prétention (le concert absurde dans la nature avec les cloches des vaches et les oiseaux qui piaillent, l’élévation du moine bouddhiste…) et dont la mise en scène faussement alambiquée cache mal la médiocrité d’un scénario qui aurait oublié son âme quelque part au vestiaire (près des hammams, sans doute). Mais le pire reste à venir puisque Sorrentino croit bon d’achever son pensum par l’affreuse et interminable représentation d’un récital symphonique qu’on dirait extrait du Plus grand cabaret du monde avec une cantatrice ressemblant à un travesti thaï (désolé Sumi Jo) et une musique pompière insupportable. Sous le toc, la chienlit.
D'autres avis sur Youth
De deux choses l’une : celui qui ne connait pas Sorrentino pourra, un temps, être ébloui par sa maîtrise formelle et y voir une voie d’accès à son univers ; celui qui en est familier y trouver une...
le 12 oct. 2015
98 j'aime
8
Au vu des notes et des avis disparates qu'a recueilli la dernière oeuvre de mon cher Paolo depuis sa sélection à Cannes, j'avais hâte de me faire ma petite idée dessus. Nous y retrouvons les...
le 24 nov. 2015
53 j'aime
4
Je profite d'une ivresse momentanée et d'un week-end assez chargé pour dégobiller sur cet objet filmique détestable. Précision qui importe : j'aime assez "This must be the place", j'adore "La Grande...
Par
le 13 sept. 2015
52 j'aime
11
Du même critique
Au clair de lune, les garçons noirs paraissent bleu, et dans les nuits orange aussi, quand ils marchent ou quand ils s’embrassent. C’est de là que vient, de là que bat le cœur de Moonlight, dans le...
Par
le 18 janv. 2017
179 j'aime
3
Un livre d’abord. Un best-seller même. Celui de David Grann (La note américaine) qui, au fil de plus de 400 pages, revient sur les assassinats de masse perpétrés contre les Indiens Osages au début...
Par
le 23 oct. 2023
165 j'aime
14
En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...
Par
le 11 oct. 2015
161 j'aime
25