Laissez parler la guerrière qui est en elle !

Après une démonstration fort persuasive de son agressivité lors d’un affrontement avec un monstre de l’espace dans la production Batman VS Superman : L’aube de la justice, Wonder Woman est de nouveau sur le grand écran mais cette fois-ci dans un long-métrage spécialement centré sur ses exploits et sa traque d'un mal céleste. Comme certains de ses semblables, Wonder Woman a eu le droit à quelques apparitions dans des séries, dessins animés ou films à petit budget, avant que celle-ci eut l’honneur d’être reprise avec plus de sérieux et d’application dans une vraie et grande production cinématographique.


Ce projet allait être un vent de fraîcheur, un projet ambitieux et un début d’une nouvelle ère dans l’univers des super-héros car c’est une femme qui occupe le rôle principal, une guerrière usant de son célèbre lasso de vérité et de ses bracelets de force magique. L’enjeu n'est pas exactement le même que celui d'un film mettant à l'évidence un super-héros, il ne s’agit pas simplement de conquérir un public mais carrément de prouver que les femmes ont leur place dans des rôles badass dans les films de super-héros, particulièrement dans des univers plus ou moins considérés virils comme DC ou Marvel. De plus, on peut préciser que la plupart films mettant une femme dotée de pouvoirs sont des échecs impardonnables comme Elektra ou Catwoman.


L’enjeu était trop important, pas question de gâcher le potentiel d’une super-héroïne qui peut faire des merveilles sur grand écran et pourtant, n’ayant pas froid aux yeux, les studios Warner Bros ont carrément pris le risque d’engager la jeune et méconnue réalisatrice Patty Jenkins, loin d’être une adepte de la réalisation de blockbusters aux effets spéciaux explosifs. J’ai seulement vu le film Monsters réalisé par la même metteuse en scène, film genre policier pas trop mal foutu avec une Charlize Theron méconnaissable et bien exploitée mais rien à avoir avec une production aussi inattendue et démentielle que Wonder Woman.


J’étais un peu inquiet pendant un certain temps mais après avoir vu la bande-annonce, le film avait pour moi toutes les qualités nécessaires pour me séduire. D’autant que la réalisatrice n’était pas seule, elle était certainement bien soutenue par une équipe technique qui connaît fort bien leurs métiers, cela ne faisait qu’accentuer mon intérêt de voir le long-métrage au cinéma. Premières scènes d’action vues, des décors de l’île des amazones bien inspirés des endroits somptueux de l’Italie observés, tout me semblait bien parti pour que ce Wonder Woman soit un film réalisé avec les bons ingrédients d’un bon blockbuster.


Une gestion de vie organisée avec minutie, des amazones interprétées par des grandes sportives, une île paradisiaque pure et un respect de la nature grandiloquent, tout était bien appliqué pour démarrer le film sur de bonnes bases et de développer soigneusement l’évolution de Diane Prince dans son apprentissage draconien dans l’art de l’épée. Ensuite, l’actrice Gal Gadot fait ses premiers pas dans son rôle de guerrière assoiffée de justice. Depuis son apparition dans Fast & Furious 6, l’actrice semble avoir bien changé physiquement.


Plus de muscles, des formes plus gracieuses, une allure physique d’homme sans rien perdre de sa féminité, Gal Gadot savait sans doute qu’elle avait gagné un rôle dont elle n’avait pas le droit à l’erreur. M’ayant pratiquement convaincu dans Batman VS Superman : L’aube de la justice, l’actrice ne faisait que confirmer ce que j’avais déjà vu, une véritable guerrière féroce et intrépide, prête à foncer vers le danger sans se poser de questions. Elle porte à merveille sa tenue de combattante antique et balance un bon lot de répliques d’une grande valeur morale bien profonde, avec beaucoup de subtilité.


Cette dernière nous surprend dans toutes les scènes d’action, sans la moindre exagération et avec des mouvements d'attaques joliment bien exécutées. Elle est accompagnée par un ensemble d’acteurs et actrices très bien appliqués dans leurs rôles, dont une Connie Nielsen majestueuse dans son rôle suprême de la Reine Hippolyte et un Chris Pine qui n’est pas du tout négligé dans son rôle masculin secondaire, même si c’est lui qui accompagne la femme dans ses exploits et non l’inverse, comme on peut voir dans la plupart des films d’action.


Bien évidemment, avec un contexte scénaristique qui se place pendant la Première Guerre mondiale et une super-héroïne dans le feu de l’action, le féminisme allait frapper sur tous les fronts. J’ai entendu des bêtises de tout genre, je crois même que le film a été interdit de projection dans certains pays du Moyen-Orient suite à des propos concernant le féminisme ou à l'historique de l'actrice, soit-il disant que c'est très mal vu, que c'est inacceptable de voir un tel traitement d'une guerrière et j'en passe.


En ce qui me concerne, je trouve que c’est bien dosé, qu’on ne déshonore rien du tout et que la production se regarde sans le moindre gêne moral ou émotionnel, c’est conçu comme un film de super-héros avec le rythme adéquat, des scènes d’action qui en jettent, une caméra généralement bien placée, une ambiance sonore accompagnant tous les situations explosives sans rudesse et des effets spéciaux spectaculaires. On casse redoutablement tous les clichés ou stéréotypes des films de super-héros sans provoquer le moindre choc en ce qui me concerne, avec un peu de romance et d’humour bien intégrés entre les scènes mouvementées.


Pour ce qui est d’un vent de fraîcheur, c’est mission accomplie. J'ai noté aucune imperfection, juste des détails un peu abusés ou des explications qui manquent d’éclaircissements, en particulier sur l'implication des antagonistes dans le film. Peu importe, la production est un exploit visuel symbolique pour la réalisatrice et également un triomphe mémorable pour Gal Gadot qui a certainement encore beaucoup à vendre dans son rôle de guerrière téméraire, comme Chris Evans l'a fait dans le premier film Captain America qui est un peu du même genre que Wonder Woman mais en version masculine . 8/10



Ce n’est pas à propos de ce que vous méritez; C’est à propos de ce que vous croyez.


LeTigre

Écrit par

Critique lue 1K fois

26
14

D'autres avis sur Wonder Woman

Wonder Woman
takeshi29
1

Parité (n.f.) : S'emmerder autant devant une super-héroïne (en short) que devant un super-héros

Comme un con je suis allé voir ce truc, moi qui me fous des super-machins et autres hyper-bidules comme de mon premier slip. Mais quand t'entends des femmes dire "Enfin on comprend ce que ressentent...

le 22 sept. 2017

95 j'aime

15

Wonder Woman
MatthieuS
6

Seule la p’ARÈS fatigue le cerveau

Wonder Woman, malgré la recrudescence des films de superhéros sur les dernières années, est un film à part dans le paysage cinématographique hollywoodien et possède un visage différent de ses aînés...

le 9 juin 2017

80 j'aime

30

Wonder Woman
Behind_the_Mask
6

Le féminisme n'est-il qu'un nouveau machisme ?

Entre enthousiasme mesuré et confirmation de certaines craintes, une sortie ciné entre potes est toujours riche d'enseignements. C'est ce que le masqué a retenu de plus important à la fin de ce...

le 7 juin 2017

71 j'aime

24

Du même critique

Baby Driver
LeTigre
8

La musique comme elle n’a jamais été utilisée au cinéma.

Réalisateur de la trilogie Cornetto et du film Scott Piligrim, Edgar Wright est en voie d’être l’un des réalisateurs les plus intéressants à suivre de notre génération. Il renouvelle le cinéma d'une...

le 12 juil. 2017

58 j'aime

9

Logan
LeTigre
8

L'adieu mortel du mutant le plus emblématique de la franchise X-Men. 

Suite à la grande satisfaction publique de la réalisation Wolverine : Le combat de l'immortel, le réalisateur James Mangold s'est engagé, sans la moindre hésitation, à mettre en œuvre un nouveau...

le 16 déc. 2020

55 j'aime

10

Mad Max - Fury Road
LeTigre
9

Une nouvelle injustice à régler pour notre justicier Australien !

Un quatrième opus de la saga Mad Max ? Après trente d’absence sur le grand écran ? Personne n'aurait cru ça et pourtant, Cette information a bien été confirmée par de nombreux sites sur Internet...

le 26 mars 2020

53 j'aime

13