Le texte de cette critique est tiré d'une vidéo dont voici le lien (je vous conseille fortement de regarder la critique, sinon je pense que vous aurez beaucoup de mal à comprendre la version écrite) :
https://www.youtube.com/watch?v=IHN_nwoZGkg


Bonjour et bienvenue pour cette nouvelle critique, ça faisait longtemps, je sais, mais ça fais encore plus longtemps que je devais faire cette critique, parce qu'en effet, j'ai écrit cette critique y'a deux ans sous une forme bien différente et qui ne me convenait pas. J'ai donc reregardé une bonne quinzaine de fois le film en question, et voici donc enfin ma critique de Whiplash de Damien Chazelle.


Damien Chazelle c'est un réalisateur de 31 ans qui avant toute chose suivait des cours de musique en pratiquant la batterie mais qui après le lycée et surtout à son arrivée à Harvard en cursus cinéma, décide de lâcher tout ça et de se consacrer aux études de cinéma. Durant ses études il réalise son tout premier long métrage « Guy and Madeline on a Park Bench » un film à l'ambiance très « Jazzy » tourné en noir et blanc qui met tout le monde d'accord dans les festivals. En sortant diplômé de son école il co-scénarise le second volume du « Dernier Exorcisme » et scénarise ensuite « Grand Piano » en 2013 avant de finalement réaliser la même année un petit court-métrage avec en guest J.K Simmons  et qui remporte le prix du jury au Festival Sundance de 2013. Ce court-métrage il s'appelait « Whiplash », et grâce à son grand succès auprès du festival de Sundance, il réalisera par la suite une adaptation en long métrage sous le même nom produit par quatre studios, et sorti en 2014, toujours avec Simmons, mais avec en personnage principal l'acteur Miles Teller.
En termes de Chiffres, le film à eu le droit à un budget de 3, 3 millions de dollars. (Bienvenue Chez les Ch'tis à coûter 11 millions d'euros) et à remporté 48 millions de dollars à l'international.
Pour les critiques elles sont par contre presque totalement unanimes 8,5 sur 10 sur IMDB, 94 % d'avis positifs sur rotten tomatoes et 8,1 sur 10 sur Senscritique.


Voilà, ça c'est pour poser un minimum les bases, venons en maintenant, à la critique.


Whiplash raconte l'histoire de Andrew Neiman, un jeune étudiant qui rêve de devenir un batteur hors pairs, et qui fait ses études dans un conservatoire à Manhattan. Il se fait remarqué par Terence Fletcher, le chef d'orchestre du conservatoire Shaffer, l'une des meilleures écoles de musique des États Unis. Fletcher va donc l'intégrer dans son prestigieux orchestre, dans lequel Andrew tentera à n'importe quel prix de devenir le meilleur.


Avant de réellement commencer la critique, je vous conseille très sincèrement de voir le film en question parce que je compte le traiter du début à la fin, donc regardez le, et revenez ensuite voir la vidéo !


Whiplash c'est un film qui est intéressant sous tous ses aspects, il ne délaisse absolument rien de ce qui le constitue comme un film, que ce soit la réal, les acteurs, la musique etc etc.. Ce qu'il faut savoir avant toute chose, c'est que le film à été tourné en 19 jours. 19.


En termes de réalisation d'abord. Whiplash c'est un film qui est ultra esthétique dans sa réalisation et qui met beaucoup en avant la question du point de vue, et surtout les actions et mouvements de la caméra. Y'a quelque chose que j'ai beaucoup remarqué tout au long du film, c'est le fait que le mouvement et la direction de la caméra est très souvent déclenché par une action ou un personnage. Elle incarne sans cesse le spectateur ou le personnage dépendant du point de vue.
Comme parfait exemple on à le tout premier plan du film qui est par ailleurs un cadre dans le cadre qui délimite totalement les lignes de fuite et se concentre totalement sur le personnage d'Andrew. A partir du moment ou celui-ci se met à jouer de la batterie la caméra commence à s'avancer de plus en plus vers le personnage et tout à la fin du plan on se rend compte à la réaction d'Andrew que la caméra incarnait depuis le début le personnage de Terence Fletcher. Et rien que ça ça pose déjà les bases de la réal.


Parce que si l'on remarque bien, toute la réalisation tourne autour du personnage de Fletcher et de sa maîtrise totale de la réalisation, c'est lui qui contrôle le film de bout en bout. On le remarque déjà dès la première séquence et lors d'autres nombreuses séquences du film, les scènes de discussions transgressent presque toutes la règles des 180 degrés. On se retrouve presque tout le temps à chaque discussion qui inclut Fletcher, à un face à face entre les deux personnages. Bon y'a également la première scène de rencontre entre Neiman et sa copine, mais cette fois c'était plus pour jouer sur le regard entre les deux personnages (Mais ça j'y reviendrais plus tard!) Et vu que je parlais de contrôle de la réalisation par le personnage de Fletcher, il le fait dès la première discussion, en effet, il incite la caméra à se concentrer sur le personnage de Neiman par l'avancée de la caméra en travelling avant, et là ou la scène devient comique c'est que Fletcher décide de se barrer en dehors du plan, Il est tellement puissant qu'il peut faire vraiment ce qu'il veut même quand la caméra ne s'intéresse pas à lui. D'ailleurs le moment ou Neiman se rend compte de son départ on à le droit à un mouvement de caméra ultra rapide et assez dingue qui se répète de nombreuses fois durant le film, et encore une fois ce qui est assez comique c'est que même malgré la rapidité de la caméra à retrouver Fletcher, il est déjà parti du plan. La ou on retrouve également ce contrôle de la réal par Fletcher c'est dans deux autres séquences (y'a pas que celles ci mais c'est pour moi les plus intéressantes). Tout d'abord y'a celle de l'arrivée de Fletcher au conservatoire ou il fait passer son test à tout les élèves. Y'a un plan assez long ou il dirige la caméra par le bout de ses doigts, en effet la caméra s'avance avec lui et elle ne s'intéresse uniquement à ce qu'il nous dis de nous intéresser, et à la toute fin de se plan, qu'est-ce qu'il décide encore une fois de faire ? Et bah il se barre du plan pour nous laisser s'intéresser au personnage de Neiman. Mais la scène qui est bien sur la plus représentative pour moi de ce contrôle de la réalisation, c'est bien entendu la première scène au conservatoire Shaffer. En effet, lors de l'arrivée de tous les élèves on à le droit à une succession de plans ultra rapides en insert sur chaque instruments, chaque actions comme si il s'agissait d'une préparation militaire, et dès lors de l'arrivée de Fletcher, la caméra est beaucoup plus posée, droite, carrée, et suis de bout en bout chaque action de Fletcher avec minutie et parcimonie et bien sur là ou l'on remarque le contrôle total de la réalisation, c'est lorsqu'il lève son bras, on à une succession ultra rapide de la préparation de tous les élèves à jouer. Et cette succession de plans se termine par un plan en caméra épaule vraiment ouf sur le bras de Fletcher que la caméra suit avec attention en jouant également sur une profondeur de champ avec Neiman (Et les profondeurs de champs j'y reviendrai aussi). C'est l'action de son bras qui lancera les élèves à jouer mais également la caméra à s'intéresser à l'action des instruments. C'est également lui qui stop net la succession des plans et par la même occasion, le jeu des élèves donc, et même lorsqu'il relance le jeu, la caméra passe derrière lui à deux reprises pour nous permettre de voir le jeu, encore une fois la maîtrise totale de Fletcher sur la réalisation qui lui obéi au doigt et à l'oeil.


Ce dont je voulais également traiter par la même occasion en parlant donc de ces scènes d'orchestres, c'est le fait qu'elles soient toutes intégralement filmées comme des scènes de film d'action, en effet que ce soit la succession de plans ultra rapides et l'intérêt sur chaque instruments par la profondeur de champs, ou même l'utilisation de la caméra épaule lors du jeu, mais ça ne servirait à rien de le retraiter encore une fois, les scènes qui ont pour moi le plus d'intérêts sont les scènes d’entraînements qui sont très intéressantes sur le traitement du son, donc bien évidemment, pas pour tout de suite, et surtout, une scène que je trouve assez dingue, c'est la scène du « test » des trois batteurs, qui est carrément une scène de torture. L'ambiance ultra glauque du décor, la caméra épaule et les différents mouvements de caméras ultra rapides, et bien sur les actions de Fletcher très violentes, qu'elles soit physiques ou morales. Bon au niveau de la réal j'ai encore énormément de choses à dire mais je pense que ça empiéterait sur les autres éléments du film donc passons maintenant sur les acteurs et par la même occasion, le scénario.


Je traiterait ici uniquement de Fletcher et Neiman parce que tout le film porte un intérêt sur ces deux personnages et ce sont bien évidements les plus intéressants. Tout d'abord avant de traiter de leur relation, parlons d'eux un par un.
Miles Teller qui interprète Andrew Neiman est très clairement le meilleur choix possible. Il interprète à la perfection un jeune adolescent narcissique, influençable, et élitiste au possible. Il a une énorme évolution tout au long du film et ça le rend presque tout aussi détestable que Fletcher malgré le fait qu'on ai aussi beaucoup d'empathie pour lui. Pour traiter de son évolution y'a plusieurs scènes vraiment intéressantes par rapport à ça, tout d'abord les prémices de sa relation avec Nicole qui jouait sur une transgression de la règle des 180 degrés suivit d'un dernier plan vraiment intéressant qui joue lui sur les profondeurs de champs, en effet la caméra suit le point de vue du personnage de Neiman, au tout début du plan, les deux personnages sont au premier plan, lorsque Neiman s'avance, le point se crée sur Neiman laissant Nicole dans le flou et lorsque Neiman se retourne, elle est totalement flou et désintéressée par la profondeur de champ, c'est seulement lorsque Neiman rentre dans la salle de cinéma que le point se refait sur Nicole, montrant qu'elle aussi, elle aime bien Neiman et qu'elle attend qu'il fasse le premier pas. Cette scène est suivit juste après d'une séquence de discussion qui est vraiment ultra intéressante, en effet c'est une discussion qui est vraiment ambigüe et dont le sous-texte est assez fort, Neiman est certain de ce qu'il veut faire, il veut aller dans la musique et rien ne l'en empêchera, tandis que son père, lui, veut simplement que son fils aille faire des études qui lui permettront d'avoir un travail, il s'en fiche totalement de la musique, donc déjà ça nous pose les bases du fait que les deux ne s'entendent pas, mais ce qui est assez intéressant par la suite, c'est que la discussion se termine la dessus (extrait) ça peut paraître tout con mais cette discussion sur les raisins et le popcorn bah c'est simplement pour montrer que le fils ne veut pas aller dans le même chemin que son père, et son père ne le comprends pas, ils font tout deux partis de deux générations totalement opposées. La seconde scène et pas des moindres, c'est la scène de dîner entre Neiman et sa famille. Ce qui est vraiment ultra intéressant dans cette scène c'est qu'à ce stade du film, il est déjà presque au top pour lui, batteur attitré de Shaffer, prêt à participer à n'importe quel concours pour devenir le meilleur batteur des Etats-Unis, ce qui est vraiment intéressant dans cette scène c'est qu'il fait parti d'une famille qui ne fais pas parti du milieu culturel et donc ne comprends pas les tenants et aboutissants d'être batteur, du moins du point de vue de Neiman, et donc lorsque ses cousins arrivent, son oncle et sa tante les encensent car ils font tout deux partis d'un club de Rugby ou ils montent de plus en plus, et ça Andrew bah ça l'irrite un peu parce que lui, dans son domaine, il est dans un grade beaucoup plus élevé donc tout ce qu'il se contente de faire c'est de les rabaisser et de leur montrer que LUI, il à beaucoup plus de mérite et à un avenir bien plus prometteur, et sur quoi se termine cette discussion ? (Extrait), encore une incompréhension de son père, qui lui fais remarquer que Le Lincoln Center (conservatoire de prestige aux Etats-Unis) ne l'a jamais non plus appelé. Le film est basé presque intégralement sur cette relation ultra intéressante entre le père et son fils, le père qui ne comprends pas son fils, qui ne comprend pas ses ambitions, qui est plus terre à terre, tandis que sont fils pense tout connaître du milieu dans lequel il est et attends de la reconnaissance et de l'encouragement de la part de son père, ça en devient presque de la psychose vers la fin du film car il y a une phrase que je trouve extrêmement frappante, c'est lorsqu'une personne viens interroger Andrew sur Fletcher, la seule réaction d'Andrew, c'est de regarder son père, et de lui demander (Extrait). C'est quand même quelque chose d'assez fort, parce qu'il en vient à penser que son père ne lui veut que du mal, et que même cette action, c'est simplement pour qu'il arrête de croire en ses rêves. Pour revenir à une évolution plus « technique » y'a aussi une évolution dans le traitement de la réalisation et de l'intérêt de la caméra. En effet, au tout début Neiman est un personnage assez insignifiant comparé à Connolly et lors de l'arrivée de Fletcher, la caméra se concentre par le focus sur Connolly, laissant Neiman dans le flou et l'inintérêt total, et c'est seulement lors de son intégration à Shaffer que le procédé s'inverse et ou la caméra porte un intérêt unique à Neiman, délaissant Connolly. D'ailleurs, fait assez intéressant, au tout début du film, Neiman est assez admiratif de Connolly, il lui envie sa copine, son talent, sa vie, alors que vers le milieu du film, lorsque Andrew commence à prendre en quelques sortes la « grosse tête » Connolly nous est montré comme une sorte de guignol à côté de Neiman, et j'trouvais ça assez intéressant. Pour terminer sur Andrew avant de passer à Fletcher, y'a deux derniers points que je voulais traiter et que je trouvais assez intéressants, y'a tout d'abord sa relation avec Nicole qui fais l'usage d'un parallélisme de construction avec son commencement, En effet, dès qu'il est intégré à Shaffer, Neiman commence à prendre confiance en lui et invite directement Nicole à sortir avec lui, lors de leur premier rencard, y'a déjà quelque chose de très intéressant, c'est le contraste de leurs vies, en effet, Neiman lui montre d'ors et déjà qu'il est quelqu'un d’élitiste et méprise sans le vouloir le parcours insignifiant de Nicole, qui ne sais pas vraiment quoi faire ni ou aller. Plus tard dans le film, lorsqu'Andrew prend compte de la difficulté de son milieu, il décide de stopper net leur relation et c'est réellement l'une des scènes les plus marquantes du film car durant toute cette scène, il lui expose le fait qu'il a du talent, qu'il a un avenir dans ce qu'il fait et qu'elle, étant donné qu'elle ne sais pas quoi faire, restera inconnue de tous et sans intérêt à côté de lui et que c'est pour cela que la relation doit avoir un termes. C'est à ce moment la que l'on prend compte que Neiman n'aura plus aucun lien avec le monde extérieur, Nicole représentait un lien social, et ce lien est totalement brisé, il ne se concentrera que sur la musique, au point d'en devenir fou. Le seul moment ou il voudra retrouver ce lien sera à la fin du film ou il rappellera Nicole pour essayer de renouer avec le passé, mais elle, elle a avancé et a trouver un nouveau petit copain. Ce refus signifiant d'un autre côté un avertissement pour le coup que lui préparait Fletcher. Fait intéressant d'ailleurs, ce manque de vie, et cet intérêt unique pour la musique est très présent dans les différents décors du films, Andrew se retrouve presque tout le temps dans des endroits extrêmement fermés, glauques, et très peux éclairés, même son lit et toutes ses affaires finissent par êtres bougés dans son studio car c'est son seul intérêt de vie. Et cette « prise de la grosse tête » (Je savais pas trop comment le dire), se remarque surtout par ses idolations, et ses peurs. La scène qui fais un parfait exemple c'est pour moi la scène de son entraînement dans laquelle il regarde à la fin la photo d'un batteur qu'il adule, et lorsque l'on voit Neiman la regarder, on peut y voir une légère plongée pour montrer en quelque sorte qu'il est encore tout petit et insignifiant, mais le plan le plus significatif c'est certainement la contre plongée sur l'immensité de la batterie qui est idolâtrée par Neiman mais qu'il voudrait dompter et contrôler. Il ose d'ailleurs à peine la regarder.


Le personnage de Fletcher quand à lui est malheureusement très peu représenté dans le film en tant que personnage seul, il a toujours un lien avec Neiman, donc je vais parler du principal et ensuite nous en viendrons à la relation Neiman-Fletcher. Fletcher, interprété donc par J.K Simmons, est le personnage emblématique du film, et la prestation de Simmons vaut largement son Oscar, il joue à la perfection ce personnage froid, manipulateur mais qui sais être à la fois très humain, c'est un acteur qui sais jouer, il en a acquis toutes les nuances et rien que pour cela vous devriez voir Whiplash si ça n'est pas déjà le cas, ce que je trouve très intéressant c'est le contraste qu'il y à entre le caractère du personnage et son aspect physique, comme j'en avais parler auparavant, son arrivée dans le conservatoire était appliqué par la réalisation qui s'intéressait à chacun de ses gestes, chacun de ses mouvements et de ses pas, et même lors de son arrivée au milieu de la salle, le décor de fond est lui aussi très carré et millimétré au possible, le personnage est extrêmement mis en avant par ce qu'il y à autour de lui, car encore une fois, c'est lui qui à le contrôle. Quelque chose d'aussi très intéressant c'est son côté très humain malgré tout, et la scène qui, je trouve, fais partie des plus belles du film c'est celle de la mort de Sean Casey. Dans celle-ci Fletcher entre dans la salle, et raconte à tous les élèves l'histoire d'un gamin qu'il avait fais travailler pour devenir le meilleur dans son domaine, il nous apprend par la même occasion que ce gosse est mort d'un accident de voiture et il commence à verser quelques larmes en écoutant sa musique. Mais ce que l'on apprend plus tard dans le film et qui du coup montre un nouvel aspect de Fletcher, c'est qu'il a menti concernant Sean, car il ne serait pas mort d'un accident mais il se serait bel et bien suicidé, et c'est la que l'on vois un paradoxe chez Fletcher, car il décide de ne pas admettre la vérité et de réellement penser que ça n'est pas à cause de ses méthodes. Malheureusement je ne pourrais pas traiter de plus de choses vu que toute son évolution à rapport avec Neiman, et la seule scène ou l'on s'intéresse réellement à lui est une scène coupée et qui a pourtant un grand intérêt dans le film. Si vous voulez la voir d'ailleurs, le lien est dans la description.


Maintenant venons en à la relation Neiman-Fletcher. C'est en effet le point principal du scénario et il est mis en avant par plusieurs aspects. Tout d'abord y'a un parallélisme de construction qui est ultra intéressant et c'est celui avec Bird, en effet, Fletcher porte un grand intérêt à Neiman, et si il lui raconte l'histoire de Bird, bah ça n'est pas pour rien, car en effet la scène qui suit, il décide de lui lancer une chaise en pleine gueule, comme Jo Jones avait lancer une cymbale sur la tête de Charlie Parker pour le motiver à devenir le meilleur. Et ce qui est très intéressant c'est que cette chaise représente en quelques sortes un point de non retour, car c'est à ce moment la que son destin et lié, et à ce moment la qu'il ne peux pas y échapper, il doit devenir le meilleur batteur. Mais ce qui est aussi très intéressant c'est que ce symbole de la cymbale revient lors de la scène de fight entre Fletcher et Neiman, en effet, cette scène se termine sur une mise au point sur la cymbale ensanglantée, et ce symbole pourrait représenter en quelques sortes le fait qu'elle n'ai pas poussé Neiman à devenir le meilleur mais simplement à le faire saigner et devenir fou en quelques sortes à cause de ce que lui imposait Fletcher. Quelques chose également d'ultra intéressant et qui fait preuve d'un super jeu d'acteur entre les deux personnages, c'est le jeu du regard, en effet tout au long du film, l'évolution de leur relation passe également par le regard qu'ils se portent l'un à l'autre. Par exemple, lors de l'entrée de Fletcher dans la salle, tous les élèves baissent les yeux à sa vue tandis que Neiman le regarde droit dans les yeux, rempli d'admiration et d'envie de bien faire, dans cette même scène on à le droit à leur première vraie discussion et l'ont peut voir que les deux sont exactement à la même échelle de cadre et se regardent droit dans les yeux, Fletcher plein d'espoir et Neiman d'admiration. Et ce qui est très intéressant c'est qu'a la fin de cette séquence, lorsque Neiman se fait littéralement défoncer la gueule, il baisse les yeux tandis que tous les autres fixent le prof, un très beau retournement de situation en somme. Et tout au long du film la relation entre les deux devient ultra ambigüe, tantôt Neiman peut détester Fletcher et tantôt l'admirer, comme dans la scène de Casey ou au début il est extrêment énervé contre lui alors que dès que le prof parle de Sean, il est rempli d'admiration, Neiman déteste autant Fletcher qu'il l'idolâtre, il voudrait dépasser le maître dont il est respectueux. C'est presque même son nemesis, car comme Fletcher, il est ultra éllitiste. Mais pour revenir sur cet aspect du regard, on remarque au fur et à mesure des discussion que soit Neiman n'ose pas le regarder dans les yeux, comme la scène ou il lui gueule dessus, soit il tente de prendre le dessus, et le fusiller du regard, on le remarque par sa supériorité grâce à l'échelle du cadre en contre plongée sur Neiman tandis que Fletcher est indécis, curieux mais à la fois douteux du talent de Neiman. D'ailleurs vous le remarquerez dans le film, ce jeu dans l'échelle des cadres se répète beaucoup de fois tout au long du film. Mais pour autant dans toutes ces scènes, Fletcher n'enlève jamais son regard des yeux de Neiman, il est toujours statique et fixe, alors qu'a la fin du film, la tendance s'inverse car lors de la retrouvaille entre les deux, Fletcher comprend que c'est Neiman qui l'a dénoncer et n'ose même plus le regarder dans les yeux, par haine et mépris de Neiman, tandis qu'Andrew lui, le vois comme un personnage faible et attendrissant. Ça c'est pour le jeu de regard, maintenant, venons en au jeu de lumière. La lumière est hyper importante dans ce film. Ou même pour être plus précis, la couleur qu'elle transmet. En effet, tout au long du film, la couleur dominante est très clairement chaude, jaune voir jaunâtre et elle est à chaque fois transmise dans un environnement fermé. Cette couleur peut transmettre énormément de choses dépendant du contexte. En effet, dans la scène de discussion entre Fletcher et Neiman, c'est une couleur très chaleureuse, qui met en confiance Neiman tandis que dans la scène de torture vu que l'environnement est ultra fermé, peu éclairé, glauque et que les personnages sont enfermés par la largeur du cadre qui est pour autant assez grande mais qui renferme tout de même beaucoup les personnages dans le décor, et bien le jaune est bien plus étouffant et rend l'ambiance ultra pesante. Y'a également à quelques moments certaines nuances, notamment à la scène de retrouvailles, dans le champ contre champ, on retrouve Neiman dans cette couleur jaune, Nostalgique mais à la fois dérangé de devoir se rappeler de toutes les souffrances qu'il a eu avec Fletcher, tandis que Fletcher se retrouve dans une couleur totalement froide, bleue, il est bien plus réfléchi, calme et reposé. Et c'est seulement lorsque les deux se retrouvent dans le même environnement qu'ils se retrouvent dans la même couleur, chaude. Un peu plus nuancé que le jaune cependant car dans le plan qui les introduits, ils se retrouvent bien plus dans du rouge que du jaune, ce qui créer une nouvelle ambiance, une sorte d’ambiguïté, d'instabilité entre les personnages, couleur qui revient d'ailleurs au moment ou Neiman se rend compte que Fletcher l'a trahi, Fletcher étant en contre plongée éclairé par une nuance de rouge pour le montrer un peu comme une sorte de manipulateur cynique et réfléchi.
Je pourrais analyser le scénario et la réal de fond en comble mais je pense que je l'ai déjà un peu trop fait, et peut être que plus tard je viendrais à faire une analyse complète du film pourquoi pas!


Venons en maintenant à la musique et au son. L'usage du Jazz n'est pas anodin, tout d'abord ce qu'il ne faut pas oublier c'est que c'était le domaine de Chazelle donc il se rattachait énormément au Jazz pour modeler son scénario et surtout son film, mais ce qui rend le tout très intéressant c'est l'intérêt qui est porté au Jazz, j'ai pu voir dans de nombreuses critique que beaucoup de personnes reprochaient le manque d'intérêt à la musique de Jazz dans le film, et déjà rien que le fait que je trouve ça faux personnellement et ensuite, bah c'est pas forcément le sujet du film, bon déjà pour le fait que ce soit faux, le film ne porte pas un intérêt direct au Jazz, certes, mais les personnages le font, que ce soit déjà Fletcher par l'amour qu'il y porte, ou même Neiman qu'il écoute énormément de batteurs, pour s'entraîner certes, mais ça reste une réelle passion. Ensuite il faut se dire que le film parle avant tout du dépassement de soi, le Jazz reste quand même surtout un prétexte, mais faut pas déconner c'est un prétexte ultra travaillé et mis en avant. Pour la musique en elle-même ce que je trouve super intéressant c'est qu'elle est presque intégralement intra diégétique, c'est quand même avant tout un film très silencieux malgré son surplus de batterie et de musique de Jazz, d'ailleurs, le peu de musique extra diégétique sont souvent des assemblages de sonorités d'instruments assez sourds, étouffants pour montrer une tension constante dans de nombreuses scènes. Y'a également une musique vraiment belle jouée au piano qui est celle du départ de Neiman de Shaffer et qui est une musique très douce, posée, et qui contraste réellement avec le reste du film. Le reste du film est surtout rythmé par des musiques donc intra diégétiques, par exemple, la scène du restaurant est une scène d’où la musique provient d'une radio, mais pour autant on à presque l'impression qu'au fur et à mesure elle devient extra diégétique parce qu'elle accompagne à merveille la relation entre les deux personnages. Et autre chose d'extrêmement intéressant également sont les scènes d'entraînements de Neiman. En effet, dans la première scène d'entraînement intensif, la musique et la batterie prennent tous deux un aspect extrêmement important, il se concentre sur la batterie, sur son bruit, sur la technique etc, et du coup on entend plus que ça, et même lorsqu'il sort deux « fuck » d'affilés, on ne l'entend pas parler. Tandis que dans une seconde scène qui arrive beaucoup plus loin dans le film, il est énervé par le fait qu'il ai du quitter Nicole, et surtout le fait que Fletcher l'ai en quelques sortes trahi, du coup dans cette scène il ne cherche plus à s'entraîner mais à se défouler et cette fois ci c'est bel et bien sa voix qui prend le pas sur la batterie. Donc niveau musique et son, venant d'un film qui à comme intérêt principal la batterie et la musique de Jazz, c'est un film qui est réellement intéressant par son traitement de ceux-ci.


Voilà, j'ai enfin terminer ma critique de Whiplash de Damien Chazelle. Donc si vous ne l'avez pas encore remarqué tout au long de celle-ci, il faut que vous voyez ce film. Rien que pour le projet, le fait qu'il ai été tourné en 19 jours, Miles Teller et J.K Simmons, toutes ces raisons la font que VOUS devez voir à tout prix Whiplash, par n'importe quel moyen et surtout, c'est aussi pour cela qu'il faut qu'a la fin de l'année vous devez allez voir «LaLaLand » de Chazelle, car c'est le genre de réalisateur qui fait du cinéma. A une heure ou les films d'actions se répètent et ne se concentrent plus sur l'intérêt de leur scénario, à une heure ou les films de super-héros de l'écurie Marvel et DC produisent des copies conformes sans saveur ou la musique n'a plus aucune importance (je vous renvoie sur la vidéo de Every Frame Is A Painting, Merci Quentin) et ou les plans se répètent, pareil encore une fois pour le scénario, on à un petit réal qui sort un peu de nul part et qui nous pond Whiplash, un film hybride, qui fait du cinéma, qui s'intéresse à tous les aspects de celui sans rien délaisser et surtout, qui fusionne avec d'autres styles de films. Rien que pour ces raisons là, vous devez voir ce film.


Je vous remercie d'avoir regarder cette vidéo (ou lu le texte), bonne journée ou bonne soirée, et à la prochaine !

Alvzval
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le 30 oct. 2016

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