«Je vous promets du sang, de la sueur et des larmes»

Whiplash est un grand film. Il est, selon moi, le meilleur de l’année 2014. Une excellente histoire alliant le cinéma et la musique. Celle-ci ne se résume pas à une bande son, mais prend ici la place centrale. Les cuivres, le piano, la contrebasse et bien sûr la batterie volent la vedette aux acteurs. Confortablement installé au ciné, mon pied à très vite battu la mesure. On s’incline devant le professionnalisme des acteurs/musiciens. Le jeune acteur Miles Teller s’avère être un batteur de talent. Il interprète Andrew Neyman, jeune étudiant de première année du conservatoire Schaffer, pour qui la batterie est toute sa vie. Son rapport avec l’instrument évoluera drastiquement lorsqu’il est repéré par un enseignant qui est aussi le chef d’orchestre du meilleur groupe du conservatoire.


Le chef d’orchestre, Terence Fletcher, interprété par un charismatique J.K. Simmons, est intraitable et détestable. Il humilie ses élèves et les engueule tel un sergent instructeur des marines (le sergent Hartman de Full Metal Jacket ne lui arrive pas à la cheville). Du sang, de la sueur et des larmes. Voilà la promesse de Fletcher! Le tome basse vole à travers la pièce, les chaises suivent l’exemple. Ce mec est un taré, faut l’arrêter! Mais quel est son but ? Il est pourtant simple. De son point de vue, son rôle est de malmener les élèves pour les contraindre à se dépasser. C’est le seul moyen d’atteindre le niveau des plus grands musiciens. Alors peut-on devenir un grand musicien sans avoir son professeur qui tente de te décapiter en te lançant une cymbale à la tête? Pour nous la réponse paraît évidente. Pas pour Fletcher…


Whiplash, nominé dans cinq catégories aux Oscars, a des chances de gagner l'Oscar du meilleur film. Mais j'espère surtout voir Simmons gagner la statuette de meilleur second rôle masculin. L'acteur m'avait déjà très impressionné dans la série Oz, mais là, son jeu atteint des sommets.


Ce n’est pas le morceau Whiplash qui marque les esprits, mais le génialissime Caravan. Le moment où Andrew commence le morceau lors de l’ouverture du festival de jazz JVC et que la contrebasse, puis les autres instruments démarrent est tout simplement magique. Sans oublier LE solo où Andrew se transcende. Fletcher tout d’abord furieux, est parti pour lui arracher les yeux (qui oserait en douter?) puis est intrigué, sent qu’il se passe quelque chose dans ce solo (le spectateur le sent aussi), s’approche de la batterie, repart, revient, et tout à coup comprend. Andrew est un grand, certainement le Charlie Parker qu’il recherchait depuis toutes ces années. Il va alors accompagner le jeune batteur, l’encourager, ne plus le lâcher jusqu’à la dernière note. On est avec lui, on est avec eux. Fin du morceau. Fin du film. Merci.

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le 20 janv. 2015

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Vincent Ruozzi

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