Je titre ma critique si je veux !

Je ne vais pas vous mentir, j'ai passé les deux tiers du film à me rappeler pourquoi j'ai jamais fait le conservatoire de musique, pourquoi j'ai toujours eu la plus profonde admiration pour tous ceux qui avaient eu le courage d'en sortir par la petite porte, en même temps que le mépris le plus total pour ceux qui en sortaient avec une médaille (tu sais, ces gens qui ne peuvent plus écouter la radio parce que ça les rend fous de rage) - et puis, le reste du temps, j'ai pensé à la psychanalyse, et à l'existence. Ouais je suis comme ça. Quand le générique tombe, Whiplash laisse un goût amer. On se dit que c'est de la propagande hitlérienne, on se dit que les profs qui claquent les protège-claviers en bois sur les doigts de leurs élèves de primaires vont adorer, les pensées s'agitent, ça bouillonne, on a envie d'arracher des couilles symboliques. Peut-être aussi parce que Caravan est le premier morceau que j'aie jamais appris au saxophone (avec un prof de village qui avait bien compris que j'en avais rien à foutre du solfège, et que je remercierai toute ma vie). Mais voilà : on ressort de là en aillant regardé d'une traite le film à même la pellicule, avec le coeur qui tape une cavalcade, des idées bien hautes et le sentiment de s'être fait enflé.

Mais la vérité c'est que cette connerie, c'est pas tant une ode à la musique qu'au cinéma, parce qu'il fallait bien un truc comme ça, déjà pour qu'on supporte une histoire sur un élève de batterie jazz, et surtout pour oublier de quitter la salle au nom des potes avec une oreille qui ont été traumatisés à vie au point d'être dégoûté par la vue d'un instrument de musique (ceux qui serrent les dents dans les concerts). Pourquoi on ne le fait pas ? Parce que Whiplash est juste. Juste, tellement juste, jusque dans l'exposition chaleureuse et méthodique de la terreur glaçante qui anime les écoles de musique, en nous jetant à la face, comme une ultime insulte, cette auto-suffisance arrogante, "vous voyez, ça valait le coup", en la montrant pour ce qu'elle est : un système inique, injuste, révoltant, hypocrite, et qui s’auto-entretient. 10/10, would panic attack again.
Blèh
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 2 mars 2015

Critique lue 288 fois

2 j'aime

Blèh

Écrit par

Critique lue 288 fois

2

D'autres avis sur Whiplash

Whiplash
Sergent_Pepper
8

Travail, infamie, batterie

Pour se laisser pleinement aller à la jubilation de Whiplash, il faut d’emblée lever une ambiguïté de taille : ce n’est pas un film sur la musique. Le mélomane qui ira chercher une exploration des...

le 31 déc. 2014

234 j'aime

22

Whiplash
Vincent-Ruozzi
10

«Je vous promets du sang, de la sueur et des larmes»

Whiplash est un grand film. Il est, selon moi, le meilleur de l’année 2014. Une excellente histoire alliant le cinéma et la musique. Celle-ci ne se résume pas à une bande son, mais prend ici la place...

le 20 janv. 2015

190 j'aime

11

Whiplash
Je_en_vert
8

Le Bon, La Brute et le Tempo

LE BON. Whiplash c’est l’histoire d’un jeune batteur, interprété par un très bon Miles Teller (The Spectacular Now), qui pratique le jazz dans l’un des meilleurs conservatoires des Etats-Unis. Il...

le 26 déc. 2014

186 j'aime

18

Du même critique

Half-Life
Blèh
10

Critique de Half-Life par Blèh

Vous avez douze ans. Les doom-like (comme on disait à l'époque), pour vous c'est Doom, Duke Nuckem, Shadow Warrior, Hexen, Heretic, Quake et Quake 2. Et là débarque Half-Life, le jeu qui a changé...

le 2 juin 2010

85 j'aime

7

Stargate SG-1
Blèh
7

Critique de Stargate SG-1 par Blèh

Inutile de présenter la série de Science-Fiction à la durabilité la plus longue sans aucune interruption (dix ans). Tirée du film du même nom, il fallait oser dériver en série le scénario...

le 4 juin 2010

81 j'aime

7

Mr. Nobody
Blèh
5

Critique de Mr. Nobody par Blèh

A noter que j'ai vraisemblablement vu une version longue (environ 2h40), probablement celle originellement désirée par le réalisateur, forcé de couper son film pour le sortir. Le résultat est mitigé...

le 26 juil. 2010

79 j'aime

19