Une partition bien huilée
Commençons par une une déclaration lucide, je ne connais absolument rien au Jazz et encore moins à la batterie. J'associe le premier à une musique d'ascenseur et à Fip, radio qu'écoutait mon père dans la voiture ,à mon grand désarroi, lorsque j'étais minot . Pour ce qui est de la batterie, me reste un souvenir flou d'atelier tournant dans une école de musique ou j'ai pris conscience que cet instrument que j'imaginais facile d'accès était en fait d'une grande complexité. Trêve de réminiscences, entrons dans le vif du sujet.
Andrew a 19 ans et fait ses études dans une école de musique à Manhattan, entre les cours il parfait sa technique ou écoute les prodiges de la batterie. En gros il vit pour cet instrument tout en laissant une place infime à son père et à quelques séances de cinéma. Dans cet école de musique Terence Fletcher (que la plupart connaîtront pour son interprétation de Vernon Schillinger dans Oz) professeur jouissant d'un réputation sulfureuse apparaît comme un guide indispensable sur le chemin de l'excellence. Les méthodes qu'il emploie pour appliquer sa pédagogie jusqu’au-boutiste sont militaires.. Humiliation, violence, répliques cinglantes qui ferait presque pâlir de jalousie le sergent Hartman( full metal jacket) . Fletcher n'hésite pas à parfois montrer des élans de compassion afin d' obtenir des confidences de ses élèves pour mieux leur rejeter au visage publiquement. Fletcher justifie la genèse de sa méthode d'apprentissage grâce à une anecdote sur Charlie Parker qui serait devenu le légendaire "Bird" quand on lui aurait lancé une cymbale au visage lors d'un solo raté.
Andrew est passionné et la méthode de Fletcher semble bien fonctionner sur lui, trop bien fonctionner.. Celui ci répète à s'en faire saigner les mains, n'hésite pas à faire une croix sur une vie sentimentale déjà pas bien folichonne, et à renforcer son isolement social en se montrant imbu de sa personne n'hésitant pas à écraser les autres pour afficher sa suprématie, "la fin justifie les moyens" semble être son leitmotiv.
S'engage alors un duel professeur/élève à l'allure d'un David contre Goliath, l'un utilisant sa verve et ses vexations, l'autre ses baguettes et sa virtuosité ...pour s'achever dans un long final haletant et assez inattendu.
Le film ayant pour réalisateur Damien Chazelle, un jeune homme de 29 ans ,n'ayant rien fait de notable et aussi doué à la mise en scène que son personnage principal avec la batterie. Mon meilleur cadeau de noël, une sacrée claque de fin d'année!