What is a Woman?
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What is a Woman?

Documentaire de Justin Folk (2022)

Bon, je ne sais même pas par où commencer tellement ce "documentaire" qui n'en porte que le nom, comporte d'atroces erreurs de réthoriques et de logique.


Je n'ai aucun problème à m'informer concernant les idées "adverses", maintenant je saurais de quoi les gens parlent quand ils évoquent ce "reportage" qui fait beaucoup de bruit en ce moment. Rien qu'en regardant les 10 premières minutes, on peut se rendre compte des erreurs de raisonnements et d'à quel point il est bancal. Réthorique fallacieuse, appel à l'ignorance, à la nature et à la raison, syllogismes à foison et comparaisons vaseuses, tout y est pour vouloir promouvoir l'idée que les personnes différant des normes sociales seraient malades ou folles. Tout ça en même temps, oui...


Ceci dit je le regarde parce que ce qui m'intéressait c'était les réponses qu'allaient fournir les sociologues, et en effet, Matt Walsh se ridiculise tout seul de par ses questions et comparaisons à côté de la plaque.


Un exemple serait lorsqu'il compare le fait d'être transgenre (qui au demeurant n'est pas juste un ressenti de l'ordre de l'émotion, mais un vécu qui s'encre dans une réalité matérielle) au fait de se penser noir alors qu'on est blanc ; il fait ici une sorte d'appel à la nature en décrétant que le sexe est immuable au même titre que la couleur de peau, et surtout, mets ces réalités sur le même plan. Or, la comparaison ne tient pas debout, puisque les vécus de personnes noires diffèrent de ceux des personnes blanches de par (par exemple) le racisme et le système de domination encore présent (càd le fait qu'un noir va vivre dans sa vie, proportionnellement + de racisme, va être plus exposé aux violences policières, au control au faciès, etc). Rétorquer à un blanc qui se croit noir qu'il n'est pas noir, c'est juste être objectif sur la réalité de cette personne qui ne se fera jamais refuser un logement en raison de sa blanchité, le tout dans un pays occidental le favorisant nettement.


En revanche, le fait d'être une femme ou un homme, c'est différent ; la discrimination n'a pas besoin de te baisser le pantalon ou d'analyser tes chromosomes pour te mettre des claques.

Ce n'est donc pas qu'une question de sexe. Si la couleur de peau et les conséquences sociales qu'elle peut avoir sur la vie de quelqu'un est une donnée mesurable, le sexe ne l'est pas (ou assez difficilement, puisqu'où arrête-t-on le curseur parmis les différentes variations sexuées), et le genre encore moins. Une femme transgenre, peu importe ses organes génitaux, si elle "vit comme une femme", va subir de la mysoginie au même titre que les autres femmes, donc va avoir cette réalité de femme, être identifiée au groupe social binaire "femme". Dans l'enfance, elles sont bien souvent restreintes à garder un rôle de petit garçon et sont plus ou moins violemment recadrées - Imaginez qu'on vous force à vous vivre d'un genre dans lequel vous ne vous reconnaissez pas, ca serait d'une extrême violence pour vous (comme on peut le voir à le fin du reportage concernant cet homme qui a été élevé comme une fille sans son approbation, et qui en a beaucoup souffert. Les souffrances ne sont pas valables que pour les cisgenres, il me semble que ca reste compréhensible).


Si on voit les choses matériellement, les femmes trans ont plus vécu une enfance de "filles contrariées" plutôt que de petit garçon (et inversement concernant les hommes transgenres). Elles ont donc un vécu et une expérience propre de femme dans ce monde dès le début, n'en déplaise à certains. Contrairement au fait d'être noir ou blanc, on peut constater que "se penser" fille alors qu'on est perçu comme un petit garçon, ce n'est pas de l'ordre de l'émotion ou de délires spirituels bizarres (comme nos chers femellistes en france aiment si bien le faire croire), mais de l'ordre d'une réalité matérielle plus difficile à contester que la plupart aimeraient le croire. Comme n'importe qui dans ce monde, on ne "se pense" ni ne se "croît", mais on "est".


Bravo aux intervenant.e.s qui ont été d'une patience remarquable face à Matt Walsh, conservateur grotesque qui ne débarque même pas dans le but de poser des réelles questions, mais dans celui d'écraser et d'intimider son prochain sans réels arguments tangibles. Il y a un énorme manque de recherches quant à la réalité des personnes trans, et en particulier celle des femmes trans. Je passerais sur le fait que l'homme trans qui a donné son témoignage concernant sa transition vers la fin joue extrêmement mal la comédie, je me demande combien il a été payé pour corroborer les propos odieux véhiculés par ce torchon médiatique.


Pourquoi s'attaquent-ils toujours à elles en particulier d'ailleurs ? Ne serait-ce pas un illustre exemple de leur mysoginie crasse et du fait que ce sont eux (les hommes transphobes comme lui) qui essentialisent et réduisent les femmes à leur corps et organes génitaux, puisque selon Matt, elles ne se caractériseraient qu'uniquement par leur biologie ? Le féminisme différentialiste des années vingt a été bien utile a une époque où les femmes ont eu le besoin d'avancer, mais piocher dans des idées du passés et les appliquer à notre société d'aujourd'hui est complètement rétrograde en plus de n'avoir aucun sens, autant pour les femmes cisgenres que pour les femmes trans (et pour la multitude de personnes perçues comme femme dans cette société).


Ne serait-ce pas d'ailleurs complètement sexiste d'invalider le vécu d'autres femmes, uniquement parce qu'elles ne rentre pas dans le cadre de ses attirances ? Ca prouve encore une fois qu'il voit les femmes comme des objets et par le prisme de ses propres désirs uniquement, tout ce qui s'en écarte n'en étant pas une. Si toutes les femmes qui s'écartent du désir hétérosexuel ne peuvent plus s'identifier à des femmes...on est pas sortis de l'auberge.


Oui peut-être qu'une femme à pénis ne l'attire pas ; ce n'est pas pour autant que ce n'est pas une femme. Les désirs d'un homme ne priment pas sur l'identification de quelqu'un à un groupe social ; comme démontré ultérieurement, si une personne s'identifie à ce groupe social, c'est pour une raison, ca rentre en relation avec tout un processus d'identification et de vécu, même inconscient (toutes les personnes trans ne l'ont pas remarqué depuis le début, avec un parcours stéréotypé à bloc, d'ailleurs). Au final, ce sont bien les conservateurs et les transphobes qui sont dans l'émotion, puisque leur désir n'est qu'une pulsion ; les sciences sociales et les statistiques, elles, s'appuient sur des chiffres concrets et des études sérieuses sur de larges cohortes.


En parlant de statistiques, tout ça est extrêmement facile à débunker, les personnes trans constituent 0.1% de la population, et dans ce pourcentage, 8% détransitionnent. Environ la moitié de ce pourcentage retourne en arrière par pression sociale, et l'autre moitié par pression familiale. 0.4% détransitionnent en raison d'une erreur de parcours, on est donc sur 0.4% sur 0.1% = soit 0.0004% de la population, en France ca concernerait environ...268 personnes. Même pas de quoi remplir une salle de théâtre. Questionnez vous donc sur la raison qui pousse autant d'acharnement médiatique sur les personnes trans et des paniques morales à tire-larigot sur les détransitions alors qu'il ne s'agit que d'une proportion. infime.


La source est en page 108 de ce PDF, c'est cadeau.

https://transequality.org/sites/default/files/docs/usts/USTS-Full-Report-Dec17.pdf

Je passerais également sur le fait qu'il aille emmerder des Maasaï, oui en effet, ils ont énormément de travail donc ils n'ont pas forcément le temps de réfléchir à leur genre ; surtout qu'il y a un immense manque de contexte pour pouvoir en arriver à de telles conclusions, ce n'est pas parce que cette tribu s'organise sous un système patriarcal que toutes les populations non-occidentales ont une vision du genre binaire. Je suis surtout abasourdie par le fait qu'il les regarde avec un oeil admiratif, fier de sa bêtise, tout en ayant fait exprès de répondre de manière partielle à leurs questions. C'est loin d'être sérieux.


Cherchez donc "Muxes", "Fa'afafine", 'Palao'ana", "Kwolu-aatmwol", "Nadleehi", "Winkte", "Hwame", "Alyha", "Lhamana", "Mahu", "Ninauposkitzipxpe", "Biza'ah", "Quariwarmi", "Machi", "Tida Wena", "YingYang Ren" ETC. Si certaines personnes ici sont curieuses de faire des recherches sur ces communautés, vous découvirez moults cultures non-occidentales, et partout à travers le globe, où la notion de genre est propre à ces cultures, acceptant une large diversité au delà du genre binaire. Tiens donc, ca contredirait pas l'énorme syllogisme fait dans ce documentaire ? Celui que vu que les Maasaï ne réfléchissent pas à leur genre, alors le genre est une problématique uniquement occidentale ?


Bref, ma critique s'arrête ici, bien qu'il y ait encore des choses à redire sur ce "docu" rempli de haine et surtout de désinformation. J'espère au moins que ca aura apporté quelques éclaircissements, ne sait-on jamais...

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le 15 sept. 2023

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