Avec une esthétique Bauhaus, des couleurs délavées et une atmosphère rendue momentanément oppressante par la découpe de ses plans, Suspiria (2018) ne relève pas le défi avec son remake.
Il n'a rien à voir avec le Suspiria de Dario Argento qui, lui, apportait un intérêt visuel inédit par sa volonté d'esthétiser le gore avec des couleurs très pop, un côté baroque qui nous skotchait les yeux devant l'écran, de la peinture qui giclait de tous les côtés.
Ici, c'est plus austère, et en voulant créer le parfait opposé de son homologue de 1977, le but recherché est perdu, on ne comprends pas bien les tenants et aboutissants de cette compagnie de danse. Une critique politique ? Un traumatisme intergénérationnel ? Mais quels sont donc les fondements du Suspiria de Luca Guadagnino ?
En voulant densifier maladroitement le scénario, il suscite tout l'inverse de ce que le film de Dario Argento suscitait : une platitude de compétition.
Là où le précédent avait volontairement un scénario peu travaillé pour mettre l'emphase sur ses visuels extrêmement recherchés (on pourrait rapidement le comparer à Nosferatu dans sa symbolique crue, droit au but, et dans son côté conte pour enfant), ici, des éléments sans aucun rapport sont mit bout-à-bout, (la Shoah ? La maltraitance ?), et n'apportent pas un grand intérêt à ce bloc de 2:30. Le gore n'a ainsi aucun sens, et l'histoire est indigeste. Pour l'instant, aucun des succès de Luca Guadagnino ne m'a plu... 4/10