Vol au-dessus d’un nid de coucou. Quel titre! Certainement l’un des plus beaux du cinéma. Les coucous, ce sont ces fous regroupés dans un seul nid, l’asile. La personne qui va survoler ce nid, du moins c’est ce qu’il croit, c’est Randall McMurphy, interprété par l’un de mes acteurs préférés, Jack Nicholson. Vol au-dessus d’un nid de coucou est, à n’en point douter, un drame, un vrai. Le turbulent McMurphy, pas fou pour un sou, pense avoir trouvé l’idée du siècle en faisant tout pour se faire interner en hôpital psychiatrique. Cette astuce, lui permettant d’éviter la prison pour un viol sur mineure, l’amène dans un asile où le directeur, qui est d’ailleurs le véritable directeur de l'hôpital psychiatrique de Salem, le docteur Dean R. Brooks, suspecte McMurphy de simuler la folie et décide de l’interner en observation le temps de statuer sur son état.


Les «coucous» sont isolés de la société par des barreaux et des grillages, surveillés par des gardiens et maternés par l’infirmière en chef, Miss Ratched. Leur quotidien est réglé comme une horloge. Mais ce quotidien va être drastiquement chamboulé à l’arrivée de McMurphy qui, incapable de se tenir tranquille, va semer une belle zizanie dans l’établissement.


Le personnage de McMurphy contribue énormément à la réussite du film. Jack Nicholson prouve une fois de plus toute l’étendue de son talent. Ce joyeux trublion, à l’humour et au charme dévastateur, apporte finalement beaucoup d’humanité dans ce monde aseptisé où les patients sont considérés avec peu d’égard. McMurphy, lui, les considère comme des hommes. Ces bousculades, engueulades et moqueries font parties de son tempérament et ne sont pas utilisées pour dominer ou montrer qu’il est le plus intelligent. Une des scène qui m’a le plus touché reste cette folle escapade lorsque McMurphy vole l’autocar au nez et à la barbe des gardiens pour ensuite embarquer ses amis dans une belle partie de pêche au large. Ils sont heureux et on se sent reconnaissant envers McMurphy de leur avoir transmis un peu de sa formidable joie de vivre et de leur avoir redonner le sourire, même pour un bref moment. Pour la petite anecdote, lors du tournage de la scène de pêche, tous les acteurs, à l'exception de Jack Nicholson, ont eu le mal de mer. C'était d'autant plus désagréable que le tournage de cette scène a pris une semaine entière. Danny De Vito avoue que, même aujourd'hui, tout souvenir de cette scène déclenche chez lui des nausées.


Malheureusement, dans ce monde cruel, la bonté ne sauve pas. Au contraire, elle précipite McMurphy vers son destin. Sa révolte envers ce système déshumanisant, à l’opposé de ses principes et de son caractère, va forcer les autorités de l’établissement à le faire taire. Et ce dans type d’établissement, les moyens pour arriver à cette fin ne manquent pas. McMurphy se retrouve ainsi pris à son propre jeu dont le dénouement est dramatique.

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le 3 avr. 2015

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Vincent Ruozzi

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