Dix ans après Birth, l'auteur britannique Jonathan Glazer, issu du monde de la publicité, revient avec Under the Skin, produit d'une grande beauté plastique. Comme dans un Starman à l'envers, une extraterrestre arrive sur Terre pour absorber les hommes, qu'elle ne comprend pas. Elle prend la forme de Scarlett Johansson, succube glaciale au charme superficiel.

Le degré d'adhésion à la SF contemplative va jouer, un autre aspect également : l'ampleur de la culture cinéma. Face à Under the Skin, les cinéphiles auront facilement l'impression que Jonathan Glazer convoque une foule de références (L'Homme qui venait d'ailleurs avec Bowie, La Mutante, 2001 mais aussi Maniac et La Vie Nouvelle) et de totems du genre, au point que le film, si impeccable et audacieux soit-il, n'apporte à peu près rien. Il est de toutes manières assez limité, puisqu'on ne connaîtra pas les motivations de sa protagoniste principale et déviera peu de sa mission : attirer des hommes jeunes et seuls pour les sacrifier au terme d'une cérémonie.

Les interprétations seront légions, pourtant Under the Skin dit peu de choses et ce qu'il laisse entendre est pour le moins compassé. Le regard vide sur l'Humanité, sur l'homme atteint de la pathologie d'Elephant Man ; toute cette petite symbolique est bien pompeuse. La vraie richesse d'Under the Skin, c'est sa représentation de la solitude même pas métaphorique, à hauteur des instincts dépouillés, un peu comme dans Only God Forgives. Le défi d'être humain pour des passagers détachés, celui aussi d'occuper un corps dissocié du sien, comme lorsqu'on doit se rappeler qu'on habite cette peau-là.

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le 30 juin 2014

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Zogarok

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