La première partie du film est poussive. La direction d'acteurs et le manque de naturel des dialogues laissent perplexes et certaines scènes peuvent même paraître risibles. C'est notamment le cas des scènes qui introduisent la maladie du père. La plupart des scènes de la première partie se ressembleront et ne feront que montrer un père déboussolé, joué invariablement et de manière parfois caricaturale par Pascal Greggory, devant une fille qui mobilise toutes ses forces pour rester digne. Les discussions avec sa mère, jouée par Nicole Garcia, sont également peu convaincantes.

Cet axe là sera vite rejoint par un autre axe, celui de la rencontre amoureuse avec Clément, interprété par Melvil Poupaud. Cette rencontre séduit dans un premier temps car elle permet à la réalisatrice de distiller subtilement et agréablement plusieurs informations sur le vécu de ses personnages. Clément est un ancien ami, qui côtoyait l'ancien partenaire de Sandra, la personnage principale interprété par Léa Seydoux. Ce dernier est d'ailleurs décédé, ce qui laisse Sandra seule avec sa fille Linn. Ces moments où l'on capte toutes les failles cachées des personnages sont sans doute les plus agréables du film. La rencontre a toutefois un côté moins réussi. Le personnage de Clément demeure antipathique et il est difficile de croire à la beauté de cette rencontre.

Le principal défaut du film est d'ailleurs que la personnage principale qui présente le principal intérêt du récit par sa force et ses blessures, est longtemps coincée entre les intrigues du récit et les personnages secondaires. Ce n'est d'ailleurs que lors de la deuxième moitié du film qu'une douceur commencera à transparaître, dès lors que le récit se fait plus intime pour se recentrer sur Sandra et sa fille. Cette relation est la plus justement retranscrite du film et permet de respirer après les scènes plus poussives dans les différentes maisons de retraite où est traîné le père ou les scènes amoureuses entre Sandra et Clément.

Le film est donc très inégal dans ce qu'il propose et la superposition de l'histoire du père et de l'histoire de la rencontre ont finalement plus d'effets néfastes que bénéfiques. Cela ne leur donne pas la profondeur nécessaire à leur traitement ainsi qu'à leur mise en scène et écrase le principal atout du film, le personnage de Sandra.

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le 20 oct. 2022

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