"Shattered" fait partie de ces thrillers hollywoodiens des années 90 qui ont nourri ma "cinéphilie" naissante à l'époque : j'adorais ces histoires mystérieuses, plus ou moins vraisemblables mais souvent surprenantes (surtout pour un jeune téléspectateur), et j'aurais toujours une tendresse particulière pour ce cinéma ouvertement commercial mais divertissant, qui a pratiquement disparu avec l'émergence des séries policières et l'augmentation massive des productions purement horrifiques.
Le réalisateur allemand Wolfgang Petersen ("Das Boot", "L'histoire sans fin"..) adapte un roman de Richard Neely publié en 1970, dans lequel il est question de chirurgie plastique.
Un homme horriblement défiguré lors d'un accident de la route reprend peu à peu forme humaine grâce à la persévérance de ses chirurgiens, mais reste douloureusement amnésique. Heureusement, son épouse a survécu, et lui consacre tout son temps pendant sa rééducation, dans l'espoir de réveiller ses souvenirs et de s'en construire de nouveaux.
Si on ne se montre pas trop regardant sur la vraisemblance, le scénario élaboré par Neely puis Peterson se révèle assez exceptionnel, le twist final étant l'un des plus audacieux qu'il m'ait été donné de voir. Vraiment de quoi rester sur les fesses lors du premier visionnage.
D'autre part, la réalisation de Petersen apparaît datée mais pas dégueulasse, et les comédiens se montrent plutôt à leur avantage : le héros est incarné par Tom Berenger, alors au pic de sa popularité, qui donne la réplique à la très belle Greta Scacchi, avec Bob Hoskins en sidekick vaguement rigolo.
On est donc face à un film qui conserve un certain charme, à condition de ne pas être allergique aux types de productions que je décrivais plus haut.
Après, au-delà des limites de la mise en scène et du coup de vieux subi par certains effets, "Shattered" souffre d'un rythme inégal et de seconds rôles peu convaincants.
Je le considère néanmoins comme une petite friandise à revoir tous les dix ans lors d'une rediffusion tardive sur la TNT.