Je veux pas faire ce film, mais je vais faire joujou avec la caméra.

C'est l'été, il fait chaud et les blockbusters sortent chaque semaine mais cette année voir même depuis presque 2 ans, il y a un vrai souci au royaume d'Hollywood. Jusqu'à présent, aussi con et aberrant soient les films lancés, il y avait encore un certain" respect" en termes de conception cinématographique (comprendre fabriquer un film selon des règles précises peu importe le sujet)

On peut reprocher à certains réalisateurs spécialisé es Blockbuster pétaradant d'avoir zappé le mot "subtilité" aussi bien dans son découpage, dans son rythme ou dans son traitement des personnages et de son univers, je pense que vous avez compris que je parlais de Michael Bay.

Quand je parlais de sujet aussi con et aberrant, la saga Transformers, entre autres exemples, fait partie de ces blockbusters des années 2000 qui porte indéniablement la patte de son auteur mais aussi n'a jamais cherché à gagner un Oscar (même s'ils ont été nominés pour la technique) On a beau reprocher à Bay d'avoir la grâce d'un pachyderme avec le traitement sexiste, machiste et beauf appliqué à 3/4 de sa filmographie, on ne peut pas lui enlever une chose: ce type sait manier une caméra et au delà des messages véhiculés dans ses films, admettre que ses films possèdent une certaine esthétique qui en mets plein les yeux (et aussi les oreilles).

Le voir s'amuser sur un sujet aussi gonzo que l'adaptation d'une série animée elle même tirée de jouets racontant une guerre de robots aliens pouvant se changer en véhicules était du pain béni pour lui, sachant qu'il pouvait se permettre d'inventer des séquences d'actions qui allaient entre le spectaculaire et le savoir faire technologique repousser encore un peu plus loin le palier d'exigence des films. (le 4x4 Cayenne servant de grue ou de louma pour permettre une fluidité et une mobilité inédite utilisé dans à peu près tout les blockbusters internationaux a été inventé pour le premier transformers en 2007)

4 films plus tard et la moitié du monde ravagé par ses robots, Paramount rappelle Michael Bay une 5e et dernière fois. argument de taille et pas des moindres, tourner en caméra IMAX et 8K, peu importe le sujet du film, Bay sait que visuellement il va se faire plaisir pour sa dernière fois. Du moins c'est ce que l'on est en droit de penser quand on aime ou est fan de la saga robotique.

Pour la création d'un univers partagé à compter de The Last Knight (donc un film TF par an au mieux avant le crossover avengeresque de la mort qui tue) Paramount a crée, on ne rit pas, un pôle de scénaristes pour rédiger les futurs traitements dont celui des transformers 5,6,7,8 et des 3 spin offs (posez cette arme, svp)

Le problème numéro 1 de Transformers the Last Knight est avant tout le renoncement de son auteur. On est pas dans le monde "rien à foutre et venez voir notre film" comme La Momie, c'est plus "c'est mon dernier film et je veux passer à autre chose" au mieux qui se dégage des sublimes images du film, on a l'impression de voir le caprice d'un enfant qui se rend chez le dentiste et à qui on a confié une caméra et 200 millions juste après, c'est exactement comme ça qu'est Transformers 5, recycler tout les scories positifs et négatifs de la saga pour les faire exploser au delà des limites possible et que personne ne dit rien car ne s'en préoccupe pas.

Dés les trailers et les annonces aussi gonzos (pour pas dire cons) que flashback avec des nazis, introduction avec le roi arthur, Optimus Prime en "méchant" un climax promis comme le plus fou de la saga et Anthony Hopkins pour la caution classe, ca va passer au poil pour le départ de Bay. Idem quand on te radote "on a bossé sur le script depuis 2 ans" (pour les mauvaises langues seul TF: the revenge of fallen a eu droit à moins de 16 mois à cause de la grêve des scénaristes et a été co-écrit par michael bay himself durant la pré-prod) ma seule crainte était le syndrôme Iron Man 2: suite + teasing des 4 films à venir vu qu'il y aura un univers partagé. Tout comme Age of Extinction, le film se passe aux 4 coins du monde pour créer une certaine richesse visuelle, encore plus avec le Bay Style appliqué en plus du virage SF de plus en plus présent amorcé depuis le 3e film.

Pour info, Bay avait dit qu'il avait atteint ses limites sur le climax/3e acte chinois de 45 minutes (moins que Man of Steel dsl, Michael) et ne savait pas ce qu'il ferait de plus gros pour ce 5e film.
La réponse est toute simple: faire plus gros que 45 minutes de climax et presque 95 minutes d'action sur 2h30 de film c'est de faire...une scène d'action toutes les 5 minutes avant un climax de 30 minutes sur 2h30, soit pas loin de 2h d'action. dit comme ça on pourrait baver d'impatience vu les résultats du passé + le format IMAX 3D et caméra Bayhem 8K et non...

Rarement, on peut sentir les émotions ou l'état d'esprit du réalisateur lors de la conception du film, plus qu'un simple relâchement ou une retombé de soufflé, Transformers: The Last Knight est une formule 1 sur route de terre, suivre le film relève à la fois de la torture visuel permanente ( ceux n'ayant pas vu le film en IMAX savent de quoi je parle avec le changement de type de ratio au sein d'une même séquence) et un soupir permanent de Bay dans le rythme du film, excusez du peu, des chevaliers épaulé par des robots et dragon mécanique dans l'intro de presque 10 minutes puis une séquence post apo avec une gamine débrouillarde puis le nouveau groupe paramilitaire en action traquant des transformers puis faisant équipe avec des decepticons, Optimus conditionné par Quintessa sa créatrice pour qu'il aille détruire la Terre, Bay s'en fiche et on le ressent au photogramme près, tu as beau avoir des plans magnifiquement cadrés, éclairés et filmés (avec une 3D encore plus belle que celle du 4 ) le rythme est MOU, les 12000 idées du scénario n'ont aucun rapport entre elles, je pense que Bay a pas choisi parmi les traitements et il en a pris 8 et a dit: faites en un seul, moi je vous invente 40 scènes d'actions d'ici là. Comme il l'a toujours fait depuis le premier film. Sauf que là, il veut passer à autre chose et le script est en effet l'enchevêtrement de 8 scripts de 2h compressé en un seul de 140 minutes (dont un teasing du spin off de bumblebee de..3 minutes montre en main) On ne peut pas résumer le film car c'est impossible de le résumer, on ne peut pas juger les acteurs et actrices car ils sont en roue libre, robots compris, tu ne peux pas t'identifier à la séquence tant attendue de Nemesis (optimus méchant) Prime et Bumblebee car 1) tu as déjà pratiquement tout vu dans les trailers et 2) car rien a été emmené pour susciter de l'empathie ou de l'excitation là où, même si on lui reproche, BvS le faisait mieux que ça!

Et le gros carton rouge: plus que la mise en scène de Bay, plus que le manque d'iconicité, de spectaculaire ou de fun dans l'action ou les visuels, vient du score de Steve Jablonsky où il était à l'image du film, complètement démotivé devant tant de vide et de relâchement qu'il rivalise avec le néant abyssale de la B.O de Pirates des Caraïbes 5.

D'ordinaire, on pourrait dire "le roi est mort, vive le roi ! " mais c'est plus la question du "Pourquoi?" qui revient à qui rejeter la faute au final entre un Michael Bay qui n'aurait jamais dû accepter ou un studio trop pressé de lancer eux aussi leur univers partagé sans prendre le temps de voir le résultat à l'arrivée. Et au vu des sacro saints chiffres du box office aux Etats Unis et dans le monde, Paramount va peut-être un peu réfléchir à deux fois avant de lancer le 6 et trouver le futur réalisateur.