juil 2011:

Drôle de truc de tout même! J'hésite, j'ai peur d'en dire trop. Le risque de spoiler est élevé. Va être difficile à mettre en place cette bafouille.

En tout cas, ce film apparait comme un objet particulièrement étrange, dans le genre polar science-fictionnel pas fréquent dans le cinéma français.

Mais le film ne surprend pas uniquement pour son histoire. Des scènes semblent un brin incongrues, notamment ces séquences, très longues, où tout le monde se déloque dans un sauna et se livre à une bataille d'algues sur les fesses, puis sur la plage. Je n'ai toujours pas compris ce que ces scènes signifient. Cette nudité, sans fondement si j'ose dire, apparait un peu complaisante à mon avis. M'enfin pour ceux qui sont curieux de voir la zigounette de Delon ou le cul de Girardot, ça peut constituer un moment festif. Léger hein?

De même la musique exotique, africaine ou en l'occurrence sûrement brésilienne, fait écho à l'origine du mystère du film. Ce n'est qu'à la toute fin qu'elle prend tout son sens. Aussi pendant très longtemps, elle apparait complètement aberrante et saugrenue.

Dans une atmosphère de plus en plus oppressante et inquiétante, Annie Girardot présente avec une belle conviction (je pense surtout à cette scène où elle est filmée en gros plan en train de se confier à Delon), un personnage attachant et progressivement la tension, le suspense prend le dessus. C'est alors que le personnage d'Alain Delon prend toute sa dimension maléfique, faisant preuve d'un cynisme criminel jusqu'à l'horreur.

Même si le film avance par moments son argumentation avec le pas un tantinet lourdaud (des gros plans fixes très appuyés ou bien l'outrance générale du propos), on peut tout de même apprécier qu'il aborde ses thématiques de façon brutale. Le film dépeint des individus très seuls, face à leurs angoisses, la peur de vieillir et de mourir. Il retrace bien comment certains sont prêts à écraser les autres, s'en servir sans retenue, comme de simples objets afin d'assouvir leurs propres désirs. Quelque part, ce sont les limites de la société de consommation que ce film dénonce, les ravages d'un cynisme qui déshumanise peu à peu les rapports entre les gens.

Avec sa photographie crémeuse, verte et bleue essentiellement, parfois grise, avec ces décors métalliques, ultra modernes, l'image du film maintient le regard du spectateur dans une atmosphère très froide, chambre froide. Seul être conscient et révolté par ces abus égocentriques, Annie Girardot ressemble à un simple poisson dans un aquarium à requins.
Alligator
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le 19 avr. 2013

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