Choose Life. Choose a job. Choose a career. Choose a family. Choose a fucking big television, choose

Le débat autour de ce film, c'est l'éternelle comparaison avec Requiem for a Dream.
Pour moi, Trainspotting est meilleur.
Je vais me borner à lister les choses qui font de Trainspotting un excellent film, pas m'escrimer à détailler, pour chacun de ces points, en quoi il est MIEUX que l'autre.

Au tout premier plan, son aspect réaliste.
Mais pas seulement réaliste glauque, réaliste finalement assez "neutre".
Au gré des sevrages et rechutes, le personnage d'Ewan McGregor va présenter des thèses/antithèses sur les avantages et inconvénients de sa passion pour la drogue, dont le résultat est d'avoir un point de vue suffisamment large et précis pour que le spectateur se fasse son idée.
Je m'avance peut-être beaucoup mais, je pense qu'en fonction de son expérience personnelle et de son état d'esprit, chacun tirera un enseignement différent du film.
Untel y verra l'échappatoire idéal de son quotidien, ce que Mark confirme à plusieurs reprises avec délectation et un sourire béat.
Le voisin préférera retenir une mise en garde sévère contre ce fléau, en témoigne l'état de déchéance dans lequel on contemple souvent les différents protagonistes.

À mon sens on évite l'écueil du film gratuitement moralisateur.
On retrouve davantage une espèce de vision documentaire et relativement objective, en tout cas cela en donne l'impression.

Le ton "normal" est ouvertement glauque, un peu morbide et définitivement cradingue. Très oppressant.
Le propos est surtout d'appuyer le contraste avec les scènes de trips, où tout n'est que couleur, propreté et sentiment de liberté.
D'ailleurs à part dans ces séquences hallucinatoires, les images se veulent très crues, tant dans la couleur et la lumière que dans la narration.
Le film est, avec ma faible connaissance du sujet, réaliste, et seuls quelques effets très inspirés (enfoncement dans la moquette, etc) viennent essayer de transcrire les sensations que peuvent ressentir les personnages lorsqu'ils s'injectent leur dose.

Chronique sociale habile, Trainspotting présente aussi des aspects tous quotidiens et terre à terre de la vie d'un junkie.
L'impossibilité de se réinsérer bien souvent, de trouver un job, la nécessité de voler pour se fournir, les impacts psychologiques et physiologiques.
Certains dénoncent parfois un excès de scatologie, de sexe et de misère humaine "juste pour vendre".
Je pense bien au contraire que c'est d'une grande franchise, voire fraîcheur.
Délivrer le message "brut", afin d'en maximiser l'impact.

Quelque peu caricaturaux, les différents amis de Mark sont néanmoins attachants et proposent un panel de caractères peut-être un peu simplistes et trop variés pour être honnêtes, mais cernent bien les grandes lignes des motivations que chacun peut avoir pour se tourner vers cette "solution".
Cela n'engage que moi, mais Trainspotting n'est pas déprimant, triste ou fataliste.
C'est un film touchant certes, incontestablement il fait réagir, mais avec une subtilité dans la manière qui ne laisse pas ce sentiment d'avoir été manipulé.
Il ouvre la réflexion davantage qu'il n'assène SA morale. Et ça, j'apprécie beaucoup.

Enfin, je ne peux pas parler de ce film sans évoquer sa bande-son absolument bandante, dont le seul défaut est peut-être d'enfoncer Trainspotting dans son statut de "film générationnel".
Il sera potentiellement plus difficile pour les personnes issues de la génération Facebook ou autre, de l'apprécier à sa juste valeur, je le concède. Sans chercher à être hautain ou quoi que ce soit, bien sûr. Simplement il fait appel à un "inconscient collectif", musical mais aussi culturel, qui est celui du milieu des années 90, pas des années 2000.
Mieux vaut prévenir.

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le 31 août 2011

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SeigneurAo

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