Voilà un véritable hold-up, qui m'arrache huit étoiles alors que je n'étais quand même pas emballée emballée... et pourtant, en y réfléchissant, je ne vois pas grand-chose à lui reprocher en dehors de son formatage. On tient là un champion, conçu pour gagner : stars au générique, grandes voix à la BO, bons sentiments de rigueur, politiquement correct également, animateurs surdoués... difficile de se tromper avec autant de bonnes fées penchées au-dessus de son berceau. Après, on est loin du chef d’œuvre de profondeur qui ferait date dans l'histoire du film d'animation, évidemment. Avec un message aussi simpliste et rebattu que "ne laisse pas la peur t'empêcher d'aller au bout de tes rêves", on a les doigts tout poisseux de guimauve à la fin du film, dont le happy end ne laissait guère de doutes dès la première seconde. Le scénario doit s'appuyer sur un conducteur libre de droits depuis 1950, à peu près. Mais pourquoi changer une formule qui gagne ? Les tocards vont triompher par leur force de caractère et leur travail acharné... ça sent l'American Dream comme une vieille basket abandonnée dans un vestiaire embaume le pied. Mais bon, c'est bien fait. Voire très, très bien fait si on prend la peine de regarder à la loupe toutes les matières qui composent décors, vêtements et personnages. Alors là, on sent qu'on a franchi un cap depuis qu'on s'esbaudissait des premiers poils réalistes de Monsters & Co. Le blouson de cuir du gorille ! Le bois du bureau de l'imprésario ! L'eau de l'inondation géante ! Les poils des ours mafieux russes ! (oui, voilà, les Russes sont des mafieux autant que les Arabes des terroristes, je ne dis pas qu'il n'y a pas de faiblesse...) Les vitres entassées les unes sur les autres pour faire un aquarium géant ! Autant de motifs de jubilation extrême, qui méritent de voir ce gros cliché ambulant même quand on a plus de 12 ans, et même si on ne regarde ni Glee ni Ze Voice.
