Drôle de film que ce Thunder Road, dont le titre provient de la chanson éponyme de Bruce Springsteen. Il démarre par un numéro d’acteur, style One Man Show déjanté plutôt bien foutu, qui laissait présager une comédie délirante comme les Américains savent si bien faire, mais petit à petit j’ai dû me rendre à l’évidence que j’assistais également et surtout, à la dramatique descente aux enfers d’un type qui pète un câble et perd tout ce à quoi il tenait.


C’est assez déroutant, d’autant que l’acteur principal, à la fois réalisateur, scénariste et producteur du film ne fait pas dans la dentelle. Son jeu outré ne pousse pas à l’empathie et n’incite pas à rendre crédible son personnage de loser déjà un peu trop too much pour être honnête. On voit plus le comédien en train d’accomplir une performance, qu’un personnage vivant une aventure dramatique.


C’est dommage parce que ce qui arrive à Jimmy, jeune flic qui vient de perdre sa mère comme on perd le Nord, pourrait être poignant ou franchement drôle (si on prend le parti d’en rire), alors que là, on navigue un peu entre deux eaux. C’est drôle par moments, émouvant parfois aussi, mais le plus souvent ni l’un ni l’autre.
C’est un peu comme l’histoire d’un homme qui glisse sur une peau de banane et s’esbaudit de tout son long à terre : ça peut faire rire. Mais si on réalise que le type s’est fait très mal, c’est déjà moins drôle.
Dans Thunder Road, l’homme en question n’arrête pas de se faire mal, mais Jim Cummings choisit à la fois d’en rire ET de montrer le pathétique de la situation.
Le rire est la politesse du désespoir dit-on et il est tout à fait possible de passer du rire aux larmes dans une fiction ou de se moquer d’une situation désespérée, mais pour moi l’alchimie ici ne s’est pas produite.
C’est sans doute parce que je n’ai pas trouvé le personnage principal assez émouvant, ni assez drôle non plus et puis comme le film démarre comme une comédie, quand les tuiles s’amoncellent sur la tête de Jimmy, j’aurais préféré me marrer plutôt que de me dire "ah ben oui, le pauvre, c’est triste au fond ce qui lui arrive", sans pour autant être saisi d’effroi par le tragique de la situation.


Alors, j’admets volontiers que le film est bien rythmé et qu’on n’a pas le temps de s’ennuyer, qu’il y a une petite charge gentillette envers les machos et la société américaine actuelle, mais bon, l'ensemble m'a paru plaqué et assez artificiel.


Cela dit, en sortant de la salle, j’ai entendu des gens qui avaient l’air d’avoir adoré et trouvé l’acteur remarquable. Comme quoi …c’est sans doute moi qui suis coincé des zygomatiques et qui ai un cœur de pierre.
Bref, je vous conseille d’aller le voir, c’est (peut être) un film formidable !

Roinron
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le 14 sept. 2018

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Roinron

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