Ceci étant ma première critique, je suis obligé de préciser que je suis un grand amateur de cinéma coréen et particulièrement attentif aux « œuvres » de réalisateurs comme Bong Joon-Ho, Park Chan-Wook ou Kim Jee-Woon. Je ne pense pas me tromper en généralisant un peu ce cinéma assez particulier. Les scénarios sont très bien écrits, les personnages assez torturés et incroyablement humains, souvent pathétiques mais attachants. Outre une histoire bien ficelée et des personnages hauts en couleurs, le cinéma coréen impressionne par sa recherche esthétique. Ici, le but n'est pas de mettre en image le mouvement, mais de donner du mouvement à l'image. 24 photographies d'art en 1 seconde, c'est le défi souvent réussi de ces réalisateurs et en particulier de Park Chan-Wook.

Thirst (dont le sous-titre français plutôt inutile est « Ceci est mon sang ») ne déroge pas à ces « règles ».
Lors d'une expérience en vue de tester un vaccin, un prêtre va développer les symptômes du vampirisme.
Voici en une phrase la base du scénario. Mais attention, si vous êtes fan de films de vampires, que ce soit de Twilight, Dracula ou Entretient avec un vampire, et si vous n'êtes pas habitués au cinéma coréen, je vous conseillerais de passer votre chemin. Le slogan sur le dvd, « l'amour est éternel », ne fait que cataloguer le film dans un genre à la mode ces derniers temps. La pochette aussi propose une image cliché, très éloignée de l'affiche originale pourtant d'une beauté rare et pleine de sens (je vous invite à faire une petite recherche pour l'admirer).
Thirst aborde donc sous un angle différent le fait d'être un vampire et porte d'ailleurs très bien son nom. La soif, qu'elle soit de sang, de sexe, de vie ou de mort, est au cœur de l'histoire et offre au scénario une force inhabituelle pour un film de vampires. Seul bémol, l'impression de voir différents chapitres mis bout à bout. Un petit peu plus de fluidité dans la narration n'aurait pas été de trop.

Les acteurs servent parfaitement l'histoire. Song Kang-Ho nous montre une fois de plus l'étendue de son talent dans le rôle de ce prêtre confronté à ses pulsions. Mais c'est Kim Ok-vin qui, sous ses airs de jeune femme timide, fascine le plus grâce à son personnage en évolution constante. Sa capacité à jongler entres différentes expressions est remarquable. Les rôles secondaires quant-à eux suffisent à l'atmosphère générale sans pour autant transcender l'écran.

Il reste maintenant à aborder l'esthétique. Comme à son habitude, Park Chan-Wook nous présente un film visuellement magnifique. Ce que beaucoup lui reprochent apparemment, « trop d'esthétique tue l'esthétique ». Ou pas. Pourquoi se priver de la beauté de l'image? Ici, on reste souvent admiratif face à la recherche apportée à chaque plan, chaque mouvement. Et si il devait avoir à critiquer cette qualité visuelle, je dirais que certains plans n'ont, comparés à d'autres, pas le niveau et peuvent donc gêner un peu. Mais le tout reste esthétiquement impeccable. Le chef opérateur a fait un travail remarquable sur la lumière, et ajoute une dimension particulière et non négligeable à l'ambiance du film.

Pour finir, je dois avouer que je prête particulièrement attention au premier et au dernier plan d'un film. Donc, sans gâcher la surprise à certains, je vais simplement en donner mes impressions.
Le premier plan apparait dans un long fondu. Assez simple, il ne présente pas une esthétique particulière mais seulement une certaine recherche dans la symétrie et le jeu d'ombres et lumières.
Le dernier offre une belle image, dans « l'esprit coréen », mais comme le premier sans grande originalité. L'apparition du générique ne surprend pas.

Thirst est donc à conseiller à un public averti, adepte des scénarios originaux et intéressé par la recherche esthétique. Si vous en faites partie, vous vivrez, comme moi, une expérience originale, riche en émotions toutes aussi différentes et surprenantes les unes des autres, et renforcées par une musique discrète mais terriblement efficace.

Et contrairement à ce que dit souvent ma petite amie, « le cinéma coréen, ça pue », ici, l'odeur du sang est plus qu'appréciable.
Jim
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le 14 août 2010

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Jim

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