Depuis plusieurs années, le mythe du vampire a été remis au goût du jour, tant sur le petit que le grand écran. Tantôt créature mystérieusement ténébreuse, tantôt bête sauvage proche du zombie, sans reflet ou brillant au soleil, démoniaque ou gentillet, tout y est passé.

Park Chan-Wook, lui, a décidé d’en faire un humain malade et perclus de culpabilité. Après Morse de Tomas Alfredson, sorti la même année, le spectateur français découvre donc une autre vision du vampire, plus originale que celle dont les États-unis nous abreuvent depuis Buffy.
Et si ce vampire-là a les traits de Song Kang-Ho, il n’en devient que plus délectable tant cet acteur peut tout jouer, parvenant à la fois à être terriblement repoussant et irrésistiblement beau. La définition même d’un vampire en somme.

Je n’ai vu que deux films de Park, Old Boy et JSA, et je trouve que Thirst est de loin le meilleur des trois, beaucoup plus abouti et visuellement superbe. Contrairement à Old Boy par exemple, je trouve que le réalisateur contrôle beaucoup mieux sa trame narrative qu’il déroule consciencieusement jusqu’au final inévitable qui, loin de vouloir surprendre, fascine et émeut.

Pourtant parfois assez sanglant, Thirst captive et ne rebute jamais. Cette soif surnaturelle, ressentie par le héros puis sa compagne (Kim Ok-Bin extraordinaire), nous est presque transmise, entre envie et dégoût.
Et encore une fois, malgré un sujet dur, comme tout bon coréen qui se respecte, Park ne peut s’empêcher d’insérer de temps à autre, quelques éléments humoristiques diffus. On se prend à avoir un petit rictus d’étonnement, tant ce cinéma surprend.
Visuellement, le film est également réussi, notamment avec les scène, très poétiques, où le vampire s’élève dans les airs avec légèreté. Park choisit alors des cadrages particulièrement sympathiques, voulant renforcer l’aspect de perte d’apesanteur plus que celui de bonds énergiques et rapides.

Thirst offre donc une nouvelle dimension au mythe poussiéreux du suceur de sang, appuyant sur l’humanité d’un être habité d’une maladie cruelle qui le dépasse.

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le 17 déc. 2012

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Before-Sunrise

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